Ce que les DSI doivent retenir du CES 2023

À défaut de retrouver son foisonnement, sa folie et son exubérance d’avant Covid, le CES 2023 a renoué avec sa formule présentielle et son image de vitrine technologique des innovations Tech du moment.

L’édition 2023 du Consumer Electronic Show, qui s’est tenue la semaine dernière à Las Vegas, marquait le grand retour en présentiel du vaste salon mondial de l’électronique grand public.

S’il n’a pas encore totalement retrouvé sa folie et son foisonnement d’idées et trouvailles plus ou moins farfelues, il a mis en exergue quelques tendances technologiques qui pourraient avoir des répercussions dans l’univers des entreprises. Voici quelques tendances et technologies que les DSI doivent retenir de cette édition 2023 du CES.

L’immersivité prend différentes formes

Nombre d’observateurs s’attendaient à un foisonnement de produits surfant sur la vague des métavers. Ils ont sans doute été en partie déçus par le manque d’idées de nouvelles même si de nombreux casques VR et AR avaient envahi le show (comme depuis quelques années déjà).

Néanmoins, s’il faut retenir une tendance, c’est bien la notion « d’immersivité ». Elle était omniprésente et se déclinait de bien des façons avec ou sans métavers à la clé. Une réalité s’impose : pour offrir des expériences plus immersives, il n’est pas nécessaire d’affubler les utilisateurs de lunettes encombrantes et disgracieuses.

Ainsi, les grands écrans extra-larges incurvés au format « 32:9 » font leur retour. Samsung en mettait plein la vue aux visiteurs avec ses nouveaux moniteurs Odyssey Neo G9 de 57 pouces (en mini LED avec définition 8K de 7680 x 2160 pixels) et Odyssey OLED G9 de 49 pouces (en dalle OLED avec une résolution de 5120 x 1440 pixels). Le ratio “32:9” et la forme incurvée de ces écrans permettent de remplir le champ visuel de l’utilisateur et de l’immerger dans des images vives et contrastées.

De son côté, Asus veut démocratiser la 3D relief sans lunettes. De tels écrans sont démontrés au CES depuis plusieurs années. Ils ont été expérimentés l’an dernier par Acer sur un de ses PC « ConceptD ». Asus peaufine aujourd’hui la technologie avec des dalles OLED 120 Hz et lance deux ultra-portables (le ProArt Studiobook 16 3D Oled et le Vivobook Pro 16X 3D Oled) dotés d’un tel écran 3D « Spatial Vision ». Les objets donnent littéralement l’impression de sortir de l’écran sans que l’on ait à porter de lunettes VR. Et l’effet relief est saisissant. Il peut surtout être activé/désactivé à volonté par une touche pour limiter la fatigue visuelle. La fonction est particulièrement pratique pour les infographistes 3D qui peuvent travailler plusieurs heures sur un modèle 3D avec une vision classique puis à tout moment activer le mode relief pour contrôler le résultat visuel en vraie 3D. Le ProArt Studiobook 3D s’adresse d’ailleurs plus particulièrement aux créateurs d’objets et univers 3D avec sa roue DialPad intégrée (bien pratique pour interagir avec les univers 3D) et son trackpad haptique compatible stylets. De quoi ouvrir de nouveaux débouchés aux métavers et aux jumeaux numériques.

Autre terrain d’exploration celui des Virtual Displays de Brelyon. Cela ressemble à des lunettes VR gigantesques que l’on n’a plus à porter mais devant lesquelles on se positionne. Tout le champ de vision de l’utilisateur est alors couvert par un assemblage d’optiques et d’écrans agencés pour une immersion totale et une vision en relief. Des expériences immersives qui pourraient notamment intéresser les musées, les magasins, les showrooms, etc.

Côté casque VR, on retiendra la divulgation du Vive XR Elite, nouvelle déclinaison des casques professionnels de réalité virtuelle de HTC. Ce modèle se démarque par sa taille bien plus compacte (et son apparence plus proche des lunettes que du casque) mais aussi par son optique personnalisable qui évite d’avoir à porter ses lunettes de vue en plus du casque. Le champ de vision atteint les 110° et l’expérience peut se faire en sans fil par le biais d’une connexion WiFi 6E et d’une batterie amovible procurant 2 heures d’autonomie.

L’immersivité n’est cependant pas qu’une expérience visuelle. Elle ne devrait pas l’être. Les promesses des Métavers encouragent bien des startups à procurer des immersions sensorielles intégrant notamment le tactile et l’olfactif. Typiquement, OVR Technology propose une sorte de collier, le ION 3, qui complète n’importe quel casque VR et embarque une cartouche de 8 arômes qu’il mixe pour créer différentes senteurs. La cartouche peut aisément être remplacée. L’appareil se connecte en BlueTooth.

Au-delà des senteurs, on pouvait aussi découvrir dans les allées du salon une multitude de vestes, de gants ou de t-shirts destinés à faire ressentir les contacts et touchés dans les univers virtuels à l’instar de la veste Tactsuit X40 de bHaptics (avec ses 40 points de retours haptiques), du T-Shirt haptique de OWO ou encore du système de retours sensitifs sur les doigts G1 Gloves d’HaptX.

Si ces trouvailles technologiques plutôt onéreuses sont présentées aux CES comme des accessoires amplifiant l’expérience de Gaming, ils pourraient en réalité trouver bien plus d’usages en entreprise notamment pour permettre un retour sensitif dans des opérations VR à distance, en maintenance d’installation ou en médecine par exemple.

Les PC se cherchent de nouvelles formes

Depuis quelques années, les constructeurs de PC explorent de nouveaux formats, de nouveaux « form factors », pour proposer des expériences un peu différentes et servir des besoins métiers spécifiques.

Le CES 2023 était envahi par les machines de gaming portables profitant des dernières générations de processeurs et GPU aux performances décoiffantes. Force est de remarquer que les derniers notebooks de gamers de Razer ou d’Alienware affichent désormais des looks beaucoup plus sobres et « passe-partout » qui pourraient au final séduire des DSI en quête de stations graphiques ultramobiles et ultraperformantes.

Samsung Display continue de travailler sur le concept d’écrans « extensibles ». Son nouveau prototype « Flex Hybrid » combine « écran pliable » et « écran extensible » dans un appareil qui ressemble à une tablette pliable, façon livre, mais qui une fois ouverte peut être encore s’étendre davantage et se transformer en tablette extra large par un système d’écran enroulé combiné à l’écran pliable.

Lenovo de son côté présentait son Yoga Book 9i, un PC à deux écrans 13,3 pouces (reliés par une charnière centrale) inspiré du projet abandonné Surface Neo de Microsoft.
À la fois PC, tablette, liseuse, portable double-écran, l’appareil peut s’utiliser de multiples façons soit en utilisant un des écrans comme un clavier tactile, soit en exploitant le clavier sans fil aimanté livré avec, soit encore au travers d’interactions entièrement tactiles ou au stylet. La machine est équipée d’un Intel Core i7 de 13^ème génération, de 16 Go de RAM, de 1 To de stockage SSD. Son épaisseur reste limitée sous les 16 mm et son poids frôle les 1380 grammes. Dit autrement, malgré ses 2 écrans 13 pouces, elle reste vraiment maniable et ultranomade.

Le numérique en quête d’écoresponsabilité

La « Sustainability » était un thème omniprésent sur ce CES 2023. Au-delà de l’inévitable « green washing » pratiqué par tous les constructeurs pour s’offrir une image éco-responsable avec des politiques de recyclage et de packaging plus ou moins vertes, le show démontrait dans son ensemble une certaine volonté de transformer le monde de la Tech en un monde où technologie, durabilité et conscience de l’urgence climatique ne font qu’un. Cela va des nouveaux capteurs Lidar de surveillance de l’évolution des calottes glaciaires, aux logiciels d’optimisation du fonctionnement des véhicules en passant par des systèmes de gestion du cycle de vie des déchets (Wayble de SK ecoplant), de nouvelles technologies de recyclage de batteries (chez Redwood Materials), de nouveaux modes d’économie d’énergie pilotés par l’IA (pour les équipements électroniques du quotidien), ou encore d’utilisation de la Blockchain pour aider les entreprises à suivre et compenser leurs émissions de carbone dans les scopes 1, 2 et surtout 3.  

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Alessandro Ciolek

23 Déc

Des systèmes de stockage d’énergie

Mais la vraie star de cette édition 2023 du CES aura été la batterie. Ordinateurs, électroniques portables et sans fil, véhicules électriques (qu’il soit roulant ou volant)… les batteries étaient omniprésentes. Le secteur foisonne d’idées et d’innovations pour offrir toujours plus d’autonomie et réduire les temps de charge à quelques minutes voire quelques secondes. Reste à passer de la théorie à la pratique.
L’une des tendances fortes en ces périodes de crise énergétique et de risque de Blackout réside dans l’invasion des appareils de stockage d’énergie. Ainsi EcoFlow veut lancer dans l’année un système mobile offrant une alimentation de secours à toute la maison. Compenser les coupures de courant pour toute la maison est aussi l’objectif du nouveau système modulaire B300S de Bluetti.
De son côté Zendure propose son Superbase V, un système sur roue qui pèse 46 Kg et offre en standard 6,4 kWh d’énergie (extensible à 64 kWh par adjonction de modules batteries).
Geneverse propose des systèmes d’alimentation portable d’une capacité de 1210 Wh ou 2419 Wh offrant 3 prises électriques, 2 prises USB-C 100W et deux prises USB-A Quick Charge
Yoshino s’appuie sur des batteries solides et non plus des batteries Lithium classiques pour proposer des onduleurs présentés comme plus sûrs, plus fiables et plus durables.
Tous ces appareils de stockage redessinent le paysage des onduleurs et des systèmes mobiles de fourniture d’électricité. Principalement pensés pour les foyers, ils peuvent constituer d’intéressantes alternatives pour offrir du backup électrique dans des bureaux, des succursales, des équipements mobiles, etc.

CPU & GPU « next-gen »

Le CES est souvent l’occasion pour les créateurs de processeurs d’exposer leurs nouveautés de l’année. Intel et AMD ayant dévoilé leur nouvelle génération de processeurs “Desktop” (Core i 13ème génération et Ryzen 7000) en fin d’année dernière, les annonces du CES étaient donc focalisées sur les variantes “mobiles” de ces nouvelles générations. Et force est de reconnaître que les différences de performance entre machines mobiles et machines de salon s’estompent de plus en plus.
À l’occasion du CES, Intel a introduit les déclinaisons mobiles de ses processeurs « Rocket Lake » Core i de 13^ème génération. Une offre marquée par le Core i9-13980HX cadencé à 5,6 GHz (en turbo) et doté de 24 cœurs (8 cœurs Performance et 16 cœurs Efficience). Un record pour un processeur mobile.
De son côté, AMD a lancé un nouveau processeur Desktop haut de gamme, le Ryzen 9 7950X3D qui embarque un impressionnant cache interne de 144 Mo grâce à la nouvelle technologie 3D V-Cache. Il embarque 16 cœurs et affiche une fréquence Turbo de 5,7 GHx. Mais le fondeur a lui aussi profité du CES pour lancer ses nouveaux processeurs mobiles Ryzen 7045HX (à 16 coeurs et 32 threads) gravés en 5nm et destinés aux machines de gaming et workstations mobiles. Pour les ordinateurs portables plus classiques, plus légers et plus autonomes, AMD propose ses Ryzen 7040 offrant jusqu’à 8 coeurs “Zen 4” (16 threads) et embarquant à la fois un GPU à architecture RDNA 3 et la nouvelle technologie Ryzen AI.
Enfin, NVidia a confirmé la sortie en février des versions mobiles de ses GPU à architecture « Ada Lovelace », autrement dit les versions mobiles de ses RTX 4050/4060/4070/4080 et RTX 4090.

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La norme de charge à induction QI2 se dévoile

Le WPC (Wireless Power Consortium) a dévoilé à l’occasion du CES 2023 les spécifications de sa nouvelle norme de charge sans fil à induction “QI2”. Cette nouvelle norme reprend notamment le principe d’alimentation magnétique façon “MagSafe” d’Apple (rappelons qu’Apple fait partie du WPC) mais introduit aussi des sécurités nouvelles comme la détection des corps étrangers. Elle promet surtout des charges plus rapides avec une charge 15W qui pourra évoluer vers plus de puissance dans un proche avenir.

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