Ce que les DSI doivent retenir du CES 2025 et ses 8 tendances technologiques

Même si l’édition 2025 du CES de Las Vegas n’a pas été le foisonnement d’idées parfois très farfelues des années précédentes, elle a néanmoins mis en exergue quelques grandes tendances technologiques à même d’interpeler les DSI. Voici ce qu’il faut en retenir…

Le CES (Consumer Electronics Show) est l’un des événements technologiques les plus influents au monde, rassemblant chaque année les innovations les plus marquantes dans des domaines variés, de l’intelligence artificielle aux appareils connectés, en passant par la robotique et l’électronique grand public. Pour les DSI, cet événement est bien plus qu’une vitrine de gadgets futuristes : c’est une opportunité unique de comprendre les tendances émergentes et d’identifier des technologies susceptibles de transformer les modèles opérationnels, améliorer les performances des équipes IT ou offrir un avantage concurrentiel à leur organisation.

Alors oui, certes, cette édition 2025 ne restera pas franchement dans les mémoires. Les innovations y étaient nombreuses mais souvent prévisibles et souvent dérivées de concepts déjà plus ou moins ébauchés en 2024.

Néanmoins, plusieurs tendances stratégiques se dessinent, illustrant comment les innovations technologiques peuvent concrètement répondre à des enjeux métiers. De l’intégration omniprésente de l’IA dans les objets à la montée en puissance des machines autonomes, en passant par les avancées en matière de robotique et d’écrans innovants, chaque découverte offre des pistes de réflexion pour optimiser les outils et processus des entreprises. Ce panorama des tendances clés vise à aider les DSI à identifier les opportunités dévoilées au CES 2025 et à envisager leur mise en œuvre dans un contexte professionnel.

Tendance 1 : de l’IA dans tous les objets

Les discussions sur les capacités potentielles de l’IA étant désormais derrière nous, on sait qu’elles peuvent faire plus et parfois mieux que les humains, reste désormais à concrétiser leurs applications concrètes dans tous secteurs.
C’est notamment vrai dans le domaine de la santé qui voit désormais les promesses théoriques commencer à se concrétiser, après de premières expérimentations décevantes en 2023. Les innovations se multiplient : diagnostic de haute précision, prothèses intelligentes, exosquelettes, et des coachs de santé de nouvelle génération. Ces derniers ne se contentent plus de compter vos pas – ils analysent un ensemble plus vaste de données de santé en temps réel pour anticiper d’éventuels problèmes. L’accent est mis sur l’utilité pratique plutôt que sur la technologie elle-même.
Mais l’IA s’infiltre aussi dans une multiplicité d’objets du quotidien (de la cuillère qui trompe votre langue pour vous faire croire que ce que vous mangez est salé – la Electric Salt Spoon de Kirin – à la canne intelligente pour malvoyants Smart Cane 2 de WeWalk en passant par WhereAble AI, une sorte de radar de poche qui alerte sur ce que vous ne voyez pas). Cette évolution se reflète dans les récompenses du CES, où près de la moitié des lauréats développent des applications d’IA axées sur l’amélioration des soins médicaux, la réduction de la consommation énergétique, ou encore la sécurisation du numérique.

Tendance 2 : les machines autonomes

L’IA est au cœur de toutes sortes d’automatisations. Objectif, rendre les machines de plus en plus autonomes. Si on a beaucoup parlé de voitures et taxis autonomes au CES 2025, la route vers leur large diffusion – notamment en Europe – est encore très longue. Mais il existe des environnements un peu moins complexes que le réseau routier.
Au CES, on a pu découvrir une nouvelle génération de robots de tonte de pelouse bien plus intelligents et autonomes capables de comprendre réellement leur environnement pour ne pas détruire vos massifs par erreur et se faufiler un peu partout.
On a aussi pu découvrir à une échelle bien plus imposante les nouvelles machines agricoles autonomes de John Deere dont les tracteurs autonomes 9RX et 5ML. Des machines qui s’étendent au-delà de l’agriculture pour s’étendre à l’aménagement paysager (avec une nouvelle tondeuse autonome) que la construction (Camion-benne articulé autonome 460 P-Tier).
Son concurrent Kubota a également dévoilé des véhicules autonomes destinés aux chantiers et à l’agriculture, équipés de capteurs avancés et de systèmes d’analyse de données pour opérer de manière autonome dans des environnements complexes.
Grâce à de nouvelles caméras LIDAR 2 et à des IA désormais bien plus à même de comprendre l’environnement, les machines autonomes deviennent bien plus faisables pour agir là où l’homme ne peut pas aller notamment.

Tendance 3 : les robots arrivent

Des robots, cela fait plus d’une décennie qu’on en croise dans les allées du CES. Mais 2025 devrait marquer un point d’inflexion sur ce marché. Là encore la différence tient en 2 lettres : IA.
Ils s’appellent Optimus Gen 2 (Tesla), H1 (Unitry), Atlas (Boston Dynamics), GR-1 (Fourier Robotics)… Ils étaient pour l’instant davantage des curiosités technologiques. Mais leurs progrès sont fulgurants. Et il est désormais temps pour les DSI de s’intéresser à leur potentiel et la disruption qu’ils vont engendrer sur leurs métiers.
L’ère des robots humanoïdes approche à grands pas. Certes, ils ne viendront pas révolutionner vos business en 2025. Mais les entreprises peuvent déjà s’exercer à leur potentiel et aux nouvelles interactions avec des robots comme Mirokai, développé par Enchanted Tools, un robot humanoïde polyvalent conçu pour assister les humains dans des tâches variées, comme trier des vêtements ou assembler des objets. Ou commencer déjà à s’intéresser aux interactions homme-robot en étudiant l’une des curiosités de ce CES 2025 : créé par Yukai Engineering, Mirumi est un petit robot interactif, qui se fixe sur le bras, réagit aux interactions humaines en affichant des comportements tels que la curiosité ou la timidité, apportant une touche ludique aux interactions quotidiennes.
Évidemment, qui dit « IA » dit NVidia. L’acteur de l’IA sous toutes ses formes a présenté une technologie “Isaac” qui combine les lunettes VisionPro d’Apple, ses processeurs pour robots et ses technologies logicielles pour permettre à des humains d’enseigner des mouvements et des opérations à des robots.

Tendance 4 : les PC à écrans extensibles

L’an dernier, Samsung avait dévoilé des écrans « déroulables ». Cette année, Lenovo met en avant le premier PC à écran déroulable : le ThinkBook Plus Gen 6 Rollable. Cet écran innovant peut passer de 14 pouces (2000 x 1600 pixels) à 16,7 pouces (2000 x 2350 pixels) en appuyant sur un bouton ou en effectuant un geste devant la webcam, offrant ainsi une surface d’affichage supplémentaire pour le multitâche et la productivité. Le mécanisme motorisé permet le déploiement de l’écran en environ 10 secondes et est conçu pour supporter jusqu’à 20 000 cycles d’enroulement et de déroulement. Malgré cette technologie, le portable conserve un poids raisonnable de 1,69 kg et une épaisseur de 19,9 mm. Il est équipé de processeurs Intel Core Ultra série 2, jusqu’à 32 Go de RAM LPDDR5x et un SSD PCIe Gen4 de 1 To. La connectivité inclut le WiFi 7 et le Thunderbolt 4. Certes la machine n’est encore qu’un prototype qui démontre aussi qu’il va falloir adapter Windows à ce mécanisme pour que l’OS adapte dynamiquement le bureau à cette résolution qui s’étend progressivement. Mais Lenovo espère commercialiser sa machine dès la seconde moitié de l’année au prix de 3499 dollars.

Mais il existe d’autres moyens « d’étendre » la surface d’affichage en glissant deux écrans dans un même PC portable. C’est le cas de l’Asus ZenBook Duo UX8406 (et ses deux écrans OLED 14 pouces) ainsi que du Lenovo Yoga Book 9i avec ses deux écrans tactiles de 13,3 pouces.

C’est aussi l’option adoptée par Thomson pour son Zeos, un PC à double écran : La dalle principale est complétée par une seconde, reliée par une charnière verticale, permettant une configuration double écran avec affichage étendu. Le second écran peut également se replier derrière le principal pour une présentation en mode dupliqué (votre interlocuteur face à vous voit ce que vous faites ou les informations qui lui sont destinées).

Tendance 5 : les Copilot+ PC

Le CES aura démontré comme attendu que d’ici quelques mois, tous les PC mobiles Windows seront des « Copilot+ PC » avec leur NPU intégré de 40 TOPS minimum. Les annonces AMD, Intel et Qualcomm mettaient toutes en avant l’intégration du NPU. Et on comprend mal pourquoi Intel et AMD continuent de vouloir aussi produire quelques modèles sans NPU, ce dernier se révélera vite indispensable même sur Desktop. D’ailleurs plusieurs constructeurs proposaient des « mini PC » répondant aux spécifications « Copilot+ PC ».
Plus surprenant peut-être, les deux PC qui ont le plus marqué les esprits sont le sublime Asus Zenbook A14 (avec son poids de 0,98 Kg malgré ses 14 pouces et 32 heures d’autonomie !) et le Geekom QX1 (un mini-PC « Copilot+ ») tous deux animés par des processeurs Snapdragon X de Qualcomm en ARM !

Tendance 6 : les lunettes connectées

En 2024, Meta a réussi à intriguer les gadgetophiles avec ses lunettes connectées « Meta Ray Ban » et son prototype de lunettes de réalité mixte « Orion ».
Des innovations qui ont réhabilité l’idée de lunettes connectées (essentiellement de réalité augmentée) telle que Google les avait imaginées avec son projet aujourd’hui abandonné de Google Glasses.
Au CES 2025, les lunettes connectées ont fait leur grand retour ! Avec trois tendances : les lunettes à aides auditives intégrées comme les Nuance Audio de EssilorLuxotica, les lunettes de réalité mixtes comme les XReal et Vuzix, et les lunettes de réalité augmentée (parfois appelées lunettes-espionnes pour l’entrave à la vie privée qu’elles induisent)  comme les Halliday Glasses et les Rokid Glasses, qui intègrent des affichages tête haute et des assistants IA, proposant des fonctionnalités telles que la traduction en temps réel et la reconnaissance d’objets/personnes, tout en conservant une apparence proche des lunettes traditionnelles.
Au CES, Google a également officialisé une version d’Android dédiée aux lunettes et casques de réalité mixte : Android XR. Un concurrent sérieux pour l’OS ouvert « Horizon OS » de Meta (qui anime les casques Quest).

Tendance 7 : les écrans géants

La tendance au gigantisme des écrans TV n’est pas nouvelle. Chaque année, les constructeurs proposent des écrans encore plus grands que l’année d’avant. Mais au CES 2025, plus un seul constructeur TV n’a pas au moins un modèle au-delà des « 100 pouces » !
Et forcément, concurrence oblige, les prix sont tirés vers le bas avec l’arrivée des marques « accessibles ». Hisense a par exemple dévoilé son téléviseur 116UX TriChroma LED de 116 pouces, doté d’une luminosité accrue et de la technologie de « local dimming RGB », ainsi qu’un modèle Micro-LED de 136 pouces.

Tendance 8 : L’e-Ink multiplie ses usages

La technologie E Ink, ou encre électronique, est un type d’affichage qui imite l’apparence de l’encre sur du papier et qui constitue l’arme différenciatrice des vraies liseuses électroniques (Kindle, Kobo, …). Contrairement aux écrans LCD ou OLED, les écrans E Ink ne nécessitent pas de rétroéclairage, ce qui les rend plus confortables pour les yeux et économes en énergie. Et désormais, ils trouvent leurs usages hors du marché niche des liseuses ! D’autant que désormais, les écrans E-Ink se déclinent aussi en couleur !
Continental a par exemple présenté un concept de cockpit automobile intégrant un écran E-Ink Prism de 1,30 mètre de long, couvrant toute la largeur du tableau de bord.
Autre cas d’usage, développé en collaboration avec PocketBook, E Ink et Sharp, l’InkPoster est un poster numérique couleur utilisant la technologie E Ink Spectra 6. Il consomme zéro énergie pour les images statiques et peut fonctionner jusqu’à un an sur une seule charge. Disponible en trois tailles (13,3″, 28,5″ et 31,5″), il offre une alternative écologique aux affichages LCD traditionnels.
Enfin, Asus leur trouve même une utilité sur les mini-PC. Son NUC 14 Pro AI Plus est doté d’un écran E Ink couleur personnalisable. L’écran E Ink permet aux utilisateurs de générer des images AI pour personnaliser le PC à volonté via une application intégrée. Et étrangement, on n’a aucun doute que certains DSI y trouveront une utilité pour « personnaliser » des postes d’accueil, des postes de formation dans les labs, des PC en boutique, etc.

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Laurent Delattre

9 Jan