

Gouvernance
Clara Chappaz : « Nos entreprises ne veulent pas de subventions, mais des contrats »
Par Thierry Derouet, publié le 18 mars 2025
À l’occasion de la journée « L’État dans les nuages », qui réunissait plus de 450 participants, Clara Chappaz, ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, a détaillé les grands enjeux du cloud et de l’IA pour la transformation numérique de l’État.
C’est à peine en consultant ses notes que Clara Chappaz, ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, s’est exprimée devant plus de 450 personnes réunies lors de la journée L’État dans les nuages organisée par la DINUM. Dans un discours dense, elle a rappelé l’importance du cloud et de l’intelligence artificielle (IA) dans la transformation numérique de la France et appelée à soutenir « une véritable politique industrielle » à l’échelle européenne.
« Pas d’IA sans le cloud »
Devant un parterre de décideurs publics et de spécialistes, Clara Chappaz a souligné la nécessité de disposer d’infrastructures solides et souveraines. « Il n’y aura pas d’IA sans le cloud », a-t-elle prévenu, avant de saluer l’investissement privé de 109 milliards d’euros, destiné à renforcer les capacités de calcul et à bâtir des data centers de nouvelle génération. « Nous devons nous appuyer sur des infrastructures solides, performantes, sécurisées et souveraines », a-t-elle insisté, évoquant la mise en place d’une gouvernance interministérielle visant à piloter plus rigoureusement ces projets.
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Feuilles de route ministérielles et agents outillés
La ministre déléguée a également rappelé les objectifs déjà annoncés : la mise au point de feuilles de route pour l’IA dans chaque ministère d’ici la fin de l’année et la mise à disposition, sous douze mois, d’un outil conversationnel pour chaque agent de la fonction publique. « L’IA est un outil formidable pour faciliter de nombreuses tâches, comme la gestion de plannings dans les hôpitaux, a-t-elle indiqué. Mais son déploiement dans l’administration suppose des infrastructures fiables, qui ne peuvent être envisagées sans le cloud. »

Renforcer la souveraineté économique
Clara Chappaz a insisté sur la « souveraineté économique » à l’heure où le marché du cloud reste largement dominé par quelques géants étrangers. « Nos entreprises ne veulent pas de subventions, mais des contrats », a-t-elle affirmé, appelant la commande publique à encourager davantage les acteurs européens. Pour la ministre, « les solutions non européennes n’aident en rien à développer notre activité économique » : c’est donc en s’appuyant sur un cadre européen commun, notamment via le label “SecNumCloud” et une stratégie nationale dédiée, que la France entend donner aux entreprises locales les moyens de concurrencer les hyperscalers du secteur.
Un enjeu de sécurité
Dans son intervention, la ministre a également rappelé que l’enjeu est autant sécuritaire qu’économique. « Le contexte géopolitique actuel nous oblige à nous interroger sur la souveraineté de nos données, et donc sur la souveraineté de leur hébergement », a-t-elle souligné. Citant le projet de loi Résilience, discuté au Parlement, elle a insisté sur la nécessité de protéger les infrastructures critiques (hôpitaux, gestion de l’eau, collectivités) face à des menaces croissantes. « Il ne s’agit plus de savoir si elles seront attaquées, mais quand », a-t-elle prévenu. La certification SecNumCloud, qui connaît une adoption croissante, est présentée comme l’un des leviers clés pour garantir ce haut niveau de sécurité.
« Une véritable mission »
Pour Clara Chappaz, cette transformation doit s’inscrire dans une démarche volontaire et assumée : « Il n’y aura pas de transformation numérique si nous n’effectuons pas les bons choix politiques pour accélérer en matière de souveraineté européenne. »
Elle appelle ainsi l’ensemble des administrations à « porter ce message » et à faire des choix clairs dans leurs investissements. « Nous pouvons emmener notre pays vers toujours plus de transformation numérique », dit-elle, à condition de rompre avec certaines naïvetés passées et de privilégier une logique de long terme au sein d’un cadre véritablement européen.
« C’est le socle commun de la confiance numérique », conclut-elle, invitant chacun à « continuer à accélérer, structurer et sécuriser cette dynamique ». Un appel qui trouve un écho particulier, à l’heure où les administrations, tout comme les acteurs privés, sont en quête de solutions fiables et souveraines pour accompagner l’essor de l’IA.
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