Microsoft a 9 mois pour s’acheter une bonne conduite

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Cloud : Microsoft a 9 mois pour s’acheter une bonne conduite

Par Laurent Delattre, publié le 11 juillet 2024

Selon Reuters, Microsoft aurait trouvé un accord avec le CISPE, groupement européen de fournisseurs de cloud afin de mettre un terme aux poursuites européennes. Mais le groupement a déjà prévenu qu’il donnait 9 mois à l’éditeur pour tenir ses promesses, sinon quoi la plainte européenne repartirait de plus belle.

Microsoft aurait-elle l’intention de se racheter une bonne conduite ? Ou, plus probablement, commence-t-elle à trouver les amendes européennes trop coûteuses malgré ses insondables liquidités ? Quoi qu’il en soit, l’éditeur semble décidée à vouloir trouver un accord avec les fournisseurs de cloud européens qui lui reprochent des tarifs excessifs et des pratiques déloyales.

On le sait, l’éditeur est sous le coup de deux enquêtes de la Commission européenne. La première, autour de l’intégration de Teams dans Office 365 puis Microsoft 365, est bien mal engagée avec la publication fin juin par le régulateur européen de constations préliminaires accusant Microsoft d’avoir profité de sa position dominante pour empêcher l’éclosion des alternatives à Teams et d’avoir violé l’article 102 du TFEU (Treaty on the Functioning of the European Union).

La seconde est encore au stade de la préenquête et Microsoft souhaite éteindre là l’incendie qui se prépare. Fin 2022, le CISPE (Cloud Infrastructure Service Providers in Europe) – un groupement de fournisseurs cloud européens dans lequel figurent notamment OVHcloud, Ikoula, Outscale, Clever Cloud et AWS – déposait plainte contre Microsoft auprès des instances européennes. Selon le CISPE, Microsoft multiplie les pratiques déloyales de ventes jointes et empêche les principes de « Bring Your On Licence » pour imposer une sorte de « Microsoft Tax » aux opérateurs Cloud. En début d’année 2023, Microsoft avait ouvert des négociations avec les membres du CISPE pour trouver un terrain d’entente. Les choses ont un peu traîné en longueur et le CISPE en a remis une couche avec une étude démontrant que les pratiques déloyales de Microsoft rognaient considérablement la marge des fournisseurs de Cloud. En février dernier, le CISPE et Microsoft annonçait l’ouverture de discussions sur la fin des pratiques déloyales autour des licences Microsoft sur le cloud.

Un accord limité aux clouds européens

Selon Reuters, ces discussions auraient enfin abouti en ce mois de juillet 2024. Microsoft aurait conclu un accord de 20 millions d’euros pour mettre un terme à la plainte antitrust engagée par le CISPE auprès des instances européennes de sorte à éviter une enquête formelle de l’Union européenne et une « éventuelle » (mais très probable) amende conséquente. Selon Reuters, Microsoft devrait aussi indemniser les membres du CISPE pour les pertes de revenus liées à leurs coûts de licence au cours des deux dernières années. Le montant exact de ces compensations devrait en toute logique ne jamais être divulgué.

Mais surtout, Microsoft développerait une version étendue d’Azure Stack HCI spécialement pour les fournisseurs de cloud européens leur permettant d’offrir des services jusqu’ici uniquement proposés par Azure comme le support de Windows 11 « multisession » sur les infrastructures VDI et DaaS, la gratuité des ESU (Extended Security Updates) des versions de Windows en EOL, et une licence « pay-as-you-go » pour l’hébergement de SQL Server.

Interrogé par TechCrunch après la publication de Reuters, le secrétaire général du CISPE, Francisco Mingorance, a expliqué que « le CISPE a accordé à Microsoft le bénéfice du doute et estime que cet accord offrira des conditions de concurrence plus équitables aux fournisseurs européens de services IaaS et à leurs clients ».

On notera cependant que l’accord conclu se limite aux seuls éditeurs européens et non à « tous les éditeurs opérant en Europe » comme le demandait le CISPE à l’origine. Dit autrement, AWS a été exclue des négociations. Comme bien évidemment Google Cloud qui ne fait pas partie du CISPE. Ces derniers appellent d’ailleurs Microsoft à mettre fin à ses pratiques discriminatoires pour tous les clients et espèrent que les régulateurs continueront d’examiner les pratiques de licence de Microsoft.

Le CISPE a donné 9 mois à Microsoft pour concrétiser ses promesses et sa nouvelle offre « Enhanced Azure Stack HCI for European Clouds ». Le compte à rebours est lancé.


Microsoft abandonne son siège au conseil d’administration d’OpenAI

Toujours sous la pression des instances européennes mais aussi du CMA britannique et du FTC américain, Microsoft cherche également à faire « profil bas » sur le marché de l’IA et de ses startups. L’éditeur est en effet sous haute surveillance suite à ses investissements massifs dans OpenAI mais aussi dans des startups européennes comme Mistral AI.
Après l’épisode abracadabrantesque de novembre dernier, Microsoft avait hérité d’un siège d’observateur sans droit de vote au sein du nouveau Board (conseil d’administration) d’OpenAI.
La firme dirigée par Satya Nadella a informé le créateur de ChatGPT qu’elle abandonnait son poste d’observateur, alors même que la rumeur courait qu’Apple (OpenAI est partenaire d’Apple Intelligence) souhaitait également disposer d’un tel poste d’observation. Une façon de lever tout soupçon de chercher à en prendre le contrôle. La jeune pousse leader de l’IA a confirmé par ailleurs que désormais son Board n’aurait plus de sièges d’observateurs. Apple n’aura donc pas, non plus, sa place dans le Board.



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