Opinions
Comment allez-vous investir le domaine de l’e-santé ?
Par La rédaction, publié le 15 décembre 2014
Frédéric Panchaud
Directeur du secteur assurance et protection sociale, Viseo
Que vous en ayez déjà conscience ou non, c’est une évidence : la révolution en cours dans le secteur de la santé va vous impacter fortement et durablement. Évidemment, à titre personnel, vous allez être concerné en tant que patient, parent de patient et probablement citoyen. Mais ici, ce sont les impacts business que nous allons mettre en lumière. Au coeur de la révolution évoquée, il y a la volonté, soutenue politiquement, que le système de santé bascule du curatif au préventif. La plupart des innovations, projets et même des réflexions théoriques s’inscrivent dans cette tendance. La logique en oeuvre est de fournir à tous les moyens de se maintenir « en bonne santé », y compris pour ceux atteints de maladies dites chroniques, tout en cherchant à éviter une détérioration de leur état.
Pour atteindre cet objectif, la mécanique est simple : permettre la collecte permanente et aisée d’indicateurs (poids, tension, efforts) et apporter un support aux habitudes saines (informations, coaching, rappel des médicaments à prendre). Technologiquement, les dispositifs proposés sont de toutes natures (site Internet d’information, objets connectés, ou encore applications mobiles). Par exemple, Viseo a réalisé pour Sanofi un glucocompteur qui permet de valoriser le nombre de glucides contenus dans un repas. Sur le champ de la collecte, il paraît compliqué de lutter contre les géants Apple, Samsung ou Google qui font de la e-santé une fonctionnalité centrale de leurs devices. Bien sûr, il existe d’autres acteurs. Citons la marque Ralph Lauren, qui propose un vêtement connecté mesurant l’activité sportive, ou encore Mimo, le body pour bébé connecté qui surveille la respiration, la température et même la position.
Votre business se prête peut-être à un positionnement particulier sur la collecte. Pour autant, c’est le champ du conseil qui paraît le plus prometteur et ouvert. Pour le secteur privé, ce sont les assureurs qui pourraient disposer d’un avantage (capacités d’investissement, compétence interne sur la prévention, forme de légitimité sur la donnée médicale). Par ailleurs, ont-ils vraiment le choix ? Pour une complémentaire, la e-santé, ce sont de nouveaux maillons amont dans la chaîne de valeur globale. Pour autant, si le secteur bruisse de rumeurs de projets, les annonces fortes tardent.
Il va pourtant falloir être rapide et innovant, car d’autres industries pourraient investir le domaine. Évidemment la diététique, l’industrie agroalimentaire, le fitness, mais comment exclure que, sur la base des mesures de votre sommeil et de votre posture, on ne vous conseillera pas (ou personnalisera pas) un fauteuil ou un matelas qui vous permettra de mieux dormir ou de ne plus avoir mal au dos ?
Tous ceux qui se lanceront dans le secteur e-santé seront confrontés à des questions structurantes : ai-je la capacité à faire payer mon service ? Suis-je en mesure d’analyser au mieux les données ? Comment passer d’une relation client à une relation client bienêtre ? Ma politique de privacy est-elle la bonne ?
Vous pensez toujours que vous n’êtes pas concerné ? Alors il reste la question de vos employés. Des dispositifs se diffusent désormais auprès des DRH car les employés qui sont en meilleure forme sont moins absents et plus efficaces. Par ailleurs, dans des périodes d’économies, de tels dispositifs sont aussi un avantage non négligeable pour les salariés…
Nous avons beaucoup parlé business, car c’est l’un des ressorts de l’avènement de la e-santé. Ce qui n’enlève rien aux avantages de la e-santé préventive : l’espoir de bénéfices médicaux et d’économies réalisées permettant de meilleurs soins, ainsi qu’une meilleure qualité de vie pour tous… En serez-vous un acteur ?