Data / IA
Le nombre d’entreprises ayant atteint la maturité data a quadruplé depuis 2015
Par La rédaction, publié le 15 février 2022
Les entreprises les plus avancées en matière de compétences data creusent l’écart. Accélérée par la crise de la Covid19, la course s’intensifie au risque, pour les retardataires, de rester sur le bas-côté.
Par Antoine Gourévitch, Directeur associé senior, BCG
et Elias Baltassis, Directeur, BCG
La troisième édition de notre enquête mondiale sur le niveau de maturité data des entreprises et leurs compétences data ‒ intitulée DACAMA (Data capabilities maturity assessment) ‒ confirme ce point de bascule dans la trajectoire de la transformation digitale.
Le nombre d’entreprises considérées comme matures a ainsi doublé depuis 2018 et 13% d’entre elles sont désormais à la pointe du savoir-faire digital contre 3 % seulement en 2015.
Les données représentent désormais le véritable moteur de la croissance dans la plupart des industries. Les entreprises savent qu’elles ont besoin de développer les compétences associées. Leur score global progresse de 15% depuis 2018.
Mais certaines mènent la course en tête, créant un avantage compétitif décisif. Ces leaders récoltent le fruit de leurs investissements dans le savoir-faire digital. Elles exploitent les données de leurs activités et de leurs différentes parties prenantes (employés, fournisseurs ou clients) à l’échelle et plus rapidement. Ces informations stratégiques leur permettent de prendre les bonnes décisions, d’optimiser leurs processus et de faire évoluer leurs services ou produits. Dans le même temps, beaucoup d’entreprises continuent d’afficher de grandes ambitions sans toujours parvenir à les mettre en œuvre, menaçant ainsi le déploiement de leur transformation digitale.
Notre troisième enquête DACAMA mesure le niveau de plus de 1100 entreprises dans neuf grandes industries autour de sept compétences data fondamentales ‒ dont la vision stratégique, la mise en œuvre de cas d’usage, la gouvernance des données, les plateformes digitales, l’écosystème et les partenariats et la gestion du changement ‒ qui couvrent au total plus de 40 domaines de compétences.
Si toutes ont progressé depuis 2018, on observe un gain significatif sur les compétences-socle, notamment le leadership et la conduite du changement. La surperformance des entreprises en matière de gouvernance des données s’explique en partie par le durcissement des réglementations de protection des données et des risques de réputation encourus en cas de failles ou d’incidents. Ce sujet devenu critique exige d’aller plus loin que la simple mise en conformité et de se montrer innovant.
En ce qui concerne la répartition des différentes industries dans le palmarès, peu de changements par rapport à 2018. La tech, les télécoms, la finance et la grande distribution, dans lesquels les data représentent un facteur différenciant fort et une source de compétitivité, restent à la pointe. Le secteur public, poussé par la digitalisation suite à la crise de la Covid, et l’énergie ont des scores qui ont augmenté de 25 %.
La performance décevante de l’industrie automobile peut surprendre. Alors que les voitures deviennent de plus en plus connectées et intelligentes, les constructeurs, jusque-là concentrés sur l’optimisation de leurs processus internes de production et d’ingénierie, peinent à exploiter les nouvelles données ainsi générées.
Un autre enjeu critique identifié dans nos enquêtes depuis 2015 concerne la mise en œuvre de leurs objectifs et il persiste cette année. Beaucoup d’entre elles se fixent des ambitions élevées sans parvenir à les atteindre. L’écart atteignait en moyenne 34 points de pourcentage en 2018 et 21 points en 2021. Dans les trois années à venir, les entreprises visent toujours aussi haut avec une augmentation de leurs capacités digitales de 30 % en moyenne. Les plus matures se montrent plus réalistes avec un objectif de 15 %. La difficulté de déploiement de leur plan stratégique peut avoir un impact très négatif sur la crédibilité du management et la conduite de la transformation digitale.
Les entreprises doivent concentrer leurs efforts autour des cas d’usage créateurs de valeur, procéder de façon incrémentale sans chercher le big bang et, enfin, ne pas négliger une des compétences digitales tant elles sont interdépendantes.
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