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Composable Commerce : Ce qu’il ne faut surtout pas faire
Par Laurent Delattre, publié le 10 décembre 2024
Le commerce composable repose sur une architecture modulaire, combinant des composants technologiques spécialisés pour répondre à des besoins précis. Adopter cette approche exige de concilier flexibilité, adaptabilité et efficacité organisationnelle pour éviter les écueils d’une mise en œuvre mal maîtrisée.
De Thomas Gennburg, Business Advisory on Experience Platforms chez SQLI
Le composable commerce est une approche d’architecture qui consiste à créer des solutions digitales intégrées, composées de divers services complémentaires tels que la vente de produits, la diffusion de contenus, les médias, le support client, ou d’autres services annexes.
Ces services sont constitués de « composants » ou briques technologiques spécialisées, souvent comparés à des pièces de Lego.
La mise en œuvre d’une plateforme composable consiste donc à sélectionner et à intégrer ces composants, ou plus précisément à les « connecter », puisque ces modules sont souvent dotés de « connecteurs » qui facilitent leur assemblage et leur déploiement.
Cependant, certaines erreurs peuvent compromettre le succès de ces projets.
Trois erreurs clés à éviter :
Erreur n°1 : oublier l’expérience employé
L’expérience client est souvent la priorité lors de la conception d’une plateforme composable. Elle doit être fluide et sans rupture, quel que soit le composant sous-jacent qui intervient dans le parcours utilisateur. Par exemple, si une page produit riche en contenu est générée par le CMS (Content Management System), elle doit être accessible via le moteur de recherche ou l’arborescence de la plateforme e-commerce sans friction pour l’utilisateur.
En revanche, l’expérience des administrateurs de ces composants est souvent négligée. Trop souvent, on se contente de fournir des accès aux différents back-offices, obligeant les utilisateurs à jongler entre plusieurs interfaces selon les tâches à accomplir : contribution de contenus, mises en avant, merchandising, etc. Certes, les équipes marketing ont l’habitude d’utiliser divers outils, mais est-ce vraiment optimal ? Quel est l’impact sur leur productivité ? Pire encore, quelles sont les conséquences de l’insatisfaction liée à des saisies multiples et parfois redondantes ?
Exemple concret : un fabricant de matériaux de construction a déployé une plateforme internationale basée sur des composants. Les administrateurs de sites devaient jongler avec plusieurs interfaces d’administration (PIM, CRM, ERP, DAM) en plus de microservices spécifiques. Pour simplifier la gestion, l’entreprise a intégré un composant d’administration centralisé tel que Sonata Admin. Ce cas illustre l’impact des composants spécialisés sur l’organisation, la formation des équipes et la gouvernance des données.
Recommandation : Il est essentiel de penser à l’expérience des administrateurs dès le début du projet. L’unification des outils de back-office (par exemple via le SSO – Single Sign-On) contribue à une meilleure productivité, tout comme un CIAM (Customer Identity and Access Management) le fait pour les clients.
Erreur N°2 : être dogmatique dans le choix technologique
Certaines entreprises s’engagent dans la création d’une plateforme composable « à tout prix » pour suivre une tendance. Pourtant, il existe des alternatives au composable commerce, ainsi que des solutions hybrides permettant une adaptation progressive en fonction des besoins. L’architecture composable est avant tout une réponse à des problématiques clairement identifiées.
L’importance de l’omnicanalité et de la flexibilité est souvent au cœur de ces décisions. La multiplication des points de contact peut justifier une architecture headless, avec un découplage du front-end et du back-end, favorisant ainsi l’utilisation de composants spécialisés. Par exemple, un CMS headless peut alimenter un site web et une application mobile.
Le dogmatisme dans le choix des technologies sous-jacentes aux différents composants peut être contre-productif. Chaque composant peut fonctionner dans son propre environnement cloud (AWS, GCP ou Azure). Ainsi, tous les composants n’ont pas à utiliser le même environnement ou celui choisi pour des développements spécifiques.
Exemple : Vercel est un excellent environnement pour héberger des développements front-end sur Next.JS ; il peut fonctionner sur Azure, tout en étant associé à Contentful, un CMS headless leader hébergé sur AWS. De même, l’Open Source peut être pertinent dans certains cas et moins dans d’autres, selon les besoins de l’entreprise.
Recommandation : la flexibilité et l’adaptabilité doivent primer sur le dogmatisme technologique. Chaque choix doit être guidé par les besoins réels de l’entreprise et les enjeux spécifiques du projet, plutôt que par des tendances ou des préconceptions rigides.
Erreur N°3 : avancer sans avoir défini une trajectoire réaliste et financée
Il est crucial de comprendre les clusters technologiques, qui varient selon la taille de l’entreprise et le projet. L’implémentation d’une plateforme composable nécessite de connaître les clusters définis par les analystes du marché (Gartner, Forrester), qui évoluent constamment :
- DXP (Digital Experience Platforms), portails, WCM, CMS
- DAM (Digital Asset Management), ECM (Enterprise Content Management), Content Platforms
- PIM (Product Information Management) ou MDM (Master Data Management)
- Commerce B2B ou B2C
Distinguer les fonctionnalités essentielles des options « nice to have » est souvent complexe. Le choix des composants doit être guidé par les besoins spécifiques de chaque entreprise. Certains composants dépassent même leur cluster initial. Par exemple, Akeneo, en tant que PIM, peut aussi gérer des assets digitaux comme les images de produits. Dans ce cas, faut-il investir dans un DAM supplémentaire ? Tout dépend des besoins spécifiques de l’entreprise.
Cas d’usage : un acteur du secteur de la santé, confronté à une demande croissante de partage de ressources digitales, a évalué l’acquisition d’un DAM ou l’utilisation d’une bibliothèque Microsoft 365, ce qui a permis une rationalisation stratégique du SI.
Recommandation : il est essentiel d’adopter une approche progressive. Commencer par les composants apportant le plus de valeur, avec un POC (Proof of Concept) ou un MVP (Minimum Viable Product) sur un périmètre restreint, permet de valider l’usage du composant pour les utilisateurs finaux et les administrateurs, avant d’en intégrer d’autres. Cela facilite également le financement, qui doit être aligné avec une montée en puissance progressive. Une roadmap claire est essentielle pour une transition réussie vers une architecture composable.
En conclusion, réussir une transformation vers le composable commerce nécessite d’avancer vers une trajectoire réaliste qui tienne compte des besoins spécifiques de l’entreprise et de son organisation.
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