Green IT
Decathlon capitalise sur l’engagement individuel pour porter sa stratégie globale
Par Marie Varandat, publié le 22 août 2024
Ce géant du sport et des loisirs qu’est Decathlon n’est pas forcément parti avant les autres. Mais grâce à des collaborateurs convaincus qui ont devancé la mise en œuvre d’une stratégie à l’échelle mondiale, le groupe fait preuve d’une maturité étonnante sur le sujet de l’innovation responsable.
Reconnu pour son engagement dans le sport et le bien-être, Decathlon possède un avantage certain en matière de numérique responsable : les 3 000 collaborateurs de la DSI avaient déjà, de leur propre chef, lancé des initiatives. À son arrivée, Nathalie Otte n’a pu que se féliciter de « cette formidable dynamique. C’est tellement plus facile quand la prise de conscience individuelle existe et que les gens agissent par conviction plutôt que sous la contrainte. » Nous étions en 2020 et Decathlon souhaitait malgré tout structurer sa démarche en recrutant un green IT project leader mais aussi, preuve de la maturité de sa démarche, un IT for green project leader. « Dès le départ, Decathlon a saisi que l’enjeu ne se résumait pas à réduire l’empreinte du numérique. D’où ce double leadership pour inscrire la stratégie dans une vision plus large qui prévoit l’utilisation des outils numériques pour soutenir l’innovation responsable », explique la green IT project leader.
Afin d’établir un état des lieux tout en capitalisant sur la dynamique existante, Nathalie Otte a commencé par concevoir une application « simple » qui permet à chaque collaborateur de décrire l’initiative qu’il a lancée. Forte de ce référentiel équivalent à un indice de maturité, elle a ensuite identifié les axes d’amélioration et déroulé un plan d’action qui rassemble, centralise et structure les efforts individuels en une stratégie cohérente, alignée sur les objectifs du groupe.
Decathlon mise sur l’engagement individuel…
Pour porter la bonne parole, elle a créé un collectif d’ambassadeurs sélectionnés sur la base du volontariat, mais avec un engagement formel sur leur mission. Il est constitué de 25 membres répartis à l’échelle mondiale, chargés de sensibiliser et de mobiliser l’ensemble des collaborateurs. Parallèlement, un programme de formations personnalisées en fonction des profils métiers a été mis en place, Decathlon misant beaucoup sur l’engagement individuel pour accélérer la démarche. La société a aussi créé des postes spécifiques pour institutionnaliser et professionnaliser les actions autour d’enjeux clés comme l’écoconception, le choix de la bonne infrastructure, etc.
Côté matériel, le groupe a bien entendu prolongé la durée de vie de ses équipements en nouant notamment des partenariats avec des réparateurs afin de maintenir une expérience utilisateur satisfaisante sur la durée. Il envisage aussi le matériel reconditionné mais, comme beaucoup d’acteurs de sa taille, il est confronté aux défis des volumes et des coûts d’une économie circulaire qui a du mal à faire face à la demande. Pour limiter encore les besoins en nouveaux matériels, la société a non seulement formé ses développeurs à l’écoconception, mais également révolutionné le poste de travail. Mettant fin aux progiciels gourmands dont seulement 10 % des fonctionnalités sont utilisées, Decathlon procède désormais de façon granulaire et personnalisée, ne déployant que les fonctions dont chaque collaborateur a vraiment besoin.
… mais également sur le bon sens
Comme toutes les entreprises, Decathlon est confrontée au défi de la mesure. « Mais cela ne nous empêche pas de continuer à agir selon le principe du bon sens. De la même façon, nous sommes tout à fait conscients que certains choix en faveur du numérique responsable impactent notre compétitivité sur le marché. Mais nous les assumons complètement parce que nous avons décidé de privilégier la pérennité et la responsabilité environnementale sur le gain à court terme », conclut Nathalie Otte.
Capitaliser sur les outils existants
Nathalie Otte
Green IT project leader de Decathlon
Les grandes entreprises ont un écosystème technique tellement riche que, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, nous n’avons pas besoin d’outils supplémentaires pour mesurer et analyser notre démarche. Nous avons déjà tout ce qu’il faut en interne, et en capitalisant sur cet existant, nous contribuons non seulement à la sobriété numérique, mais nous évitons aussi à nos collaborateurs IT une charge supplémentaire. »
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