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Budget 2024 : pour Forrester, la dépense IT est un levier de croissance
Par Thierry Derouet, publié le 12 septembre 2023
Pourquoi activer des leviers technologiques en 2024 quand la seule certitude que nous avons est d’évoluer dans un environnement hautement incertain ? Pour tenter d’y répondre, Forrester propose son « Guide de planification 2024 pour les responsables technologiques ». Et de nous éclairer sur le rôle hautement stratégique de certains leviers technologiques pour accompagner la croissance. Décryptage.
Chez Forrester, la planification budgétaire ça les connait. De l’analyse d’environ 6.000 projets réalisés en Asie-Pacifique, EMEA, Amérique latine et Amérique du Nord (selon la base de données ISG Inform), le Forrester tire un certain nombre d’enseignements en matière de dépenses IT, lesquelles sont allouées :
– aux applications et logiciels (52,3 %),
– à la modernisation de l’infrastructure (39 %) ;
– et à la gestion et à l’investissement dans les talents (8,7 %).
Les objectifs de tels investissements sont simples et rationnels. Par exemple, l’objectif du développement d’applications est d’optimiser les capacités, de fournir des produits et des services de qualité supérieure, et d’améliorer la qualité tout au long du parcours client. Le rôle de l’infrastructure est d’optimiser les coûts et d’exploiter les opportunités de croissance et d’expansion de l’entreprise. Enfin, la gestion des talents vise à optimiser les investissements, à débloquer de nouvelles opportunités et à accélérer le rendement grâce à une main-d’œuvre plus engagée.
Dans cette étude, des augmentations budgétaires sont déjà prévues pour 2024 : 72 % des décideurs américains envisagent d’augmenter les dépenses pour les logiciels, 66 % pour l’infrastructure et 53 % pour les talents. Mais Forrester ne se contente pas de constater la dépense IT. Il l’encourage dès lors qu’elle est perçue comme pouvant servir la croissance de l’entreprise.
Dépense IT : un facteur de croissance mesurable
Pour étayer son propos, Forrester démontre que de nombreuses opportunités business émergent lorsque l’innovation est la priorité. L’étude voit dans la dépense IT un bénéfice mesurable : une croissance plus rapide, avec un facteur de « 1,6 ». Elle démontre également que la technologie doit être considérée comme un élément clé pour repousser les frontières du marché : « La technologie facilite la connectivité et l’accès à de nouveaux marchés plus vastes. Un accès plus large au marché réduit la dépendance à l’égard d’un seul marché et diversifie la clientèle, ce qui rend l’entreprise plus résiliente aux fluctuations dans des régions spécifiques et élargit les frontières des opportunités. »
Toutefois, en matière de contexte économique, les signaux d’alerte sont déjà présents. Avec un contexte fortement inflationniste et une augmentation des taux d’intérêt, le risque de contraction de l’économie mondiale est plus que probable. Malgré ce décor plutôt sombre, Forrester indique qu’une partie des décideurs technologiques américains prévoient néanmoins d’augmenter leurs investissements IT dans les 12 prochains mois, mettant particulièrement l’accent sur les budgets liés à l’IA. Selon notre institut de recherche, il est en effet crucial, même dans un tel contexte, de continuer à soutenir la croissance de son activité contre vents et marées. Pour « optimiser les capacités, améliorer la qualité des produits et services, et favoriser la croissance », il est donc nécessaire d’orienter ses dépenses vers les bons sujets. Et l’IA, bien évidemment, semble être l’un des domaines porteurs de croissance ou d’avantages concurrentiels pour améliorer la productivité ou la qualité des biens et services.
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Des DSI US aux priorités variables
Pour arriver à cette conclusion, Forrester a segmenté les décideurs IT américains en trois catégories. Tout d’abord, il y a ceux « en phase avec le futur » (Future Fit), centrés sur les préoccupations liées au client. Pour Forrester, cette notion de « Future Fit » est centrale, car elle permet d’identifier les entreprises capables de « reconfigurer rapidement leurs structures et leurs capacités afin de répondre aux besoins futurs des clients et des employés avec adaptabilité, créativité et résilience ». Ensuite, il y a ceux qui travaillent au sein de structures modernes, mais qui ne sont pas nécessairement orientés vers ce concept de « Future Fit ». Enfin, il y a ceux qui sont considérés comme agissant dans des secteurs « plus traditionnels » où l’IT est secondaire, moins moteur.
Quand la dépense IT détermine l’orientation business
C’est donc un petit guide de bonnes pratiques IT, toutes orientées business, que Forrester propose à travers cette étude. Ainsi, pour 2024, trois sujets doivent être abordés en priorité pour accompagner la croissance des DSI sur la défensive :
– l’expérience client, avec un focus sur la rationalisation des systèmes CRM et l’analyse des données pour améliorer la personnalisation ;
– l’intelligence artificielle, pour automatiser les processus, augmenter la capacité opérationnelle et améliorer la productivité ;
– enfin, les partenariats et la co-innovation, pour accélérer justement l’innovation.
Nos DSI en phase avec ce fameux futur ont décidé pour 2024 d’investir :
– pour 88 % d’entre eux, dans l’expérience client avec des investissements dans l’ERP, le centre d’appels et le CRM ;
– pour 58 %, dans une stratégie hybride et multicloud qu’ils considèrent à la fois comme essentielle et incontournable ;
– enfin, pour 78 % d’entre eux, en activant les partenariats comme levier pour tirer parti de l’expérience globale des communautés, ce dernier point semblant être presque une évidence.
Nos décideurs, lorsqu’ils travaillent au sein d’organisations traditionnelles, retombent respectivement à 62%, 21% et 19%.
Investir sans oublier de simplifier
Pour éviter de compromettre l’avenir, certaines priorités ne doivent pas être négligées, comme la gestion de la dette technique. De plus, « s’aligner sur la croissance signifie développer des solutions clients qui améliorent l’impact et orientent les investissements vers des activités génératrices de revenus, tout en évitant la prolifération des technologies qui accroissent la complexité. »
Ainsi, il est conseillé de ne pas laisser le battage médiatique vous détourner de l’élaboration d’une approche polyvalente de l’IA : 81% de nos DSI en quête de croissance s’attendent à une augmentation de la dépense liée à ce seul sujet. Mais il est fortement recommandé de se concentrer « sur l’exploitation de l’IA à des fins d’efficacité et d’efficience dans le but d’offrir une plus grande valeur ajoutée aux clients ».
Un cloud à maitriser
Pour le cloud, Forrester conseille de se concentrer sur l’existant afin que « les investissements dans le cloud augmentent la capacité, déplacent les charges de travail de manière transparente et suppriment les obstacles à la mise à l’échelle des environnements ». Avec des exemples concrets : « lors de l’ajout d’un nouvel environnement, tel qu’un nouveau fournisseur SaaS, il convient de s’assurer qu’il est complémentaire. Par exemple, Workday dispose d’une option pour fonctionner sur AWS achetée sur la place de marché AWS, ce qui permet une meilleure interopérabilité et des économies pour les clients d’AWS ».
L’API, un signe d’ouverture business
Et de continuer à dérouler des conseils pertinents pour « investir dans l’intégration en créant des API, en développant des modèles de routine et en exploitant des plateformes et des outils pour faire évoluer et étendre l’influence de l’IA à travers les flux de valeur ».
Sans oublier de redire que « la technologie alimente l’innovation en fournissant des outils pour la recherche et le développement, le prototypage et les essais» . Et qu’en « faisant preuve de créativité pour rester à la pointe de l’innovation, les entreprises peuvent se différencier de leurs concurrents et maintenir leur position sur le marché. »
À vous maintenant de voir où se positionne votre entreprise, ainsi que le niveau de dépense IT à activer ou non. Mais avec cette étude, Forrester apporte des arguments pour anticiper un contexte qui n’est pas, pour son entreprise, une fatalité.
