En finir avec la taxe d'intégration des données

Data / IA

En finir avec la “taxe d’intégration” des données

Par La rédaction, publié le 02 mai 2024

Le monde frise la surcharge data avec un volume anticipé 180 Zo en 2025. Comment gérer l’explosion volumétrique des données et la ” taxe ” d’intégration qui l’accompagne. Car l’intégration est un coût caché mais crucial pour la gestion effective des données dans un environnement complexe et régulé. En finir avec cette taxe, requiert une stratégie holistique.


Par Sophie Papillon, vice-présidente régionale France et Maghreb, Cloudera


D’ici à 2025, le volume total des données mondiales devrait dépasser les 180 zettaoctets, à en croire IDC. Difficile de ne pas y voir une opportunité de profit pour les organisations. Il ne s’agirait pas non plus de nier que cette croissance exponentielle du volume d’informations, couplée à un environnement réglementaire mouvant et à des besoins métiers en constante évolution, complexifie ces ambitions de croissance. Ces freins à une exploitation sans entrave de la donnée se matérialisent dans ce qu’il est d’usage d’appeler la taxe d’intégration.

Coûts cachés de la gestion des données

La taxe d’intégration de la donnée, peu en parlent, mais elle est pourtant bien réelle. Comme en toutes matières, il convient en premier lieu de définir les notions : employé ici, taxe d’intégration ne réfère pas à un impôt qui serait perçu par le pouvoir. Ce terme renvoie ici à un investissement technologique non prévu, mais indispensable au fonctionnement de l’ensemble du système d’information.

Passé l’engouement autour des potentialités des données, les entreprises butent contre le constat que pour exploiter pleinement cette manne il faut, à mesure que les besoins du marché évoluent, soit rajouter des briques technologiques, soit repartir d’une feuille blanche. Il en va de même, quand il s’agit d’être en conformité avec une loi à l’échelle du pays, de l’Union (R.G.P.D., NIS2, IA Act, etc.) ou hors du périmètre des 27. Les entreprises doivent bien sûr répondre à ces obligations légales ! Ceci passe, là aussi, par le déploiement d’outils permettant de parer aux risques liés à l’usage de certaines technologies.

Conséquences ? Beaucoup, souvent dans l’urgence, ont intégré plusieurs technologies pour répondre à des besoins du moment, pour se rendre compte à terme, que ces outils n’étaient pas interopérables ou utilisables sans une mise à jour…

C’est ici que la notion de taxe d’intégration de la donnée prend tout son sens. Nous pourrions illustrer nos propos en comparant les systèmes d’information de certaines entreprises à une conférence où chacun des participants s’exprimerait dans sa langue, créant une cacophonie, sans aucune valeur ajoutée pour les discussions.

Le coût de la taxe d’intégration s’envole quand nous ajoutons aux évolutions des besoins du marché et aux obligations légales, la dimension géopolitique. Les tensions entre pays augmentent les risques de cyberattaques, imposant là aussi l’achat de logiciels permettant de cartographier l’intégralité de la surface d’attaque, de surveiller en temps réel les systèmes critiques, etc. Les entreprises doivent aujourd’hui avoir une visibilité et un contrôle de l’ensemble de leur environnement de données où qu’elles se trouvent (cloud public ou privé).

A ce stade nous comprenons que si certaines solutions peuvent permettre de résoudre des problématiques relatives à la gestion des données, elles créent aussi l’illusion d’une rentabilité plus rapide. Précisons aussi qu’en plus du prix initial d’acquisition des technologies, il faut tenir compte des dépenses liées à la formation du personnel.

Taxe d’intégration, une fatalité ?

Il ne fait pas de doute que la donnée est devenue un actif clé pour les organisations. Un actif qu’elles doivent exploiter, tout en veillant à une conformité constante pour la création de valeur, pour elles et leurs clients. Ne parle-t-on d’ailleurs pas de nouvel « or noir »… Mais pour tirer parti de ce « pétrole », il est crucial que les différentes business unit (B.U.) de l’entreprise aient accès aux données sans difficultés.

C’est pourquoi, dans un contexte concurrentiel, beaucoup sont tentés par l’intégration de plusieurs technologies pour gérer la donnée rapidement, à plusieurs étapes de son cycle de vie. Nous l’avons dit. Or, chaque outil requiert un ensemble de compétences spécifiques, dont l’achat demande du temps et des moyens financiers. Ceci nous renvoie à nouveau à notre problématique de départ de la taxe d’intégration.


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Compte tenu de ces arguments, nous pourrions être tentés de percevoir la taxe d’intégration comme une fatalité, puisque si les entreprises veulent exploiter pleinement la donnée et croître, elles doivent investir et être prêtes à : anticiper les coûts d’intégration, investir dans le recrutement de nouveaux collaborateurs, moderniser ou remplacer leurs infrastructures.

Tout n’est cependant pas perdu, selon nous. Il s’agirait de changer de posture : les entreprises doivent certes moderniser leurs architectures de données, mais sans recourir à des solutions ponctuelles. L’une des pistes, sinon la seule, pourrait consister en l’acquisition d’une plateforme de données moderne, permettant de gérer le cycle de vie de la donnée de bout en bout, quelle que soit sa nature, sa provenance ou sa localisation. En d’autres termes, il s’agirait d’adopter une plateforme centralisée, pour consolider au sein d’un même espace différents outils et traiter la donnée qu’elle soit on premise ou auprès des hyperscalers. La solution serait donc à trouver dans l’hybridation, pour une gestion de tous les types de données, indépendamment des outils existants, des besoins du marché et des réglementations.

Provoquer le changement

Le changement technologique doit cependant être motivé par un changement culturel. Nous sommes convaincus que les entreprises doivent adopter une gouvernance solide basée sur des normes partagées relatives aux formats et aux structures. Objectif : réduire le temps et les efforts nécessaires à la cartographie et à la transformation des données, tout en améliorant la cohérence et la qualité de ces dernières.

Cette approche proactive de la gouvernance des données permettrait aux structures de connaître et de comprendre toutes leurs données, de les rendre disponibles de manière sécurisée et conforme à toute l’entreprise. Elle permettrait également d’établir un périmètre de sécurité et de gouvernance intrinsèque à la gestion des données, en minimisant les risques de violation et en soutenant une architecture moderne répondant aux besoins de tous les utilisateurs de l’entreprise.

Le recours à une plateforme moderne unifiée permet aussi aux gestionnaires de données d’observer plusieurs bénéfices : réduction du prix de l’intégration, réponse aux difficultés et aux problèmes de conformité, gain de temps et de ressources pour déployer plus efficacement des projets orientés sur les données. Mais si remplacer une technologie par une autre peut se faire relativement vite, changer la culture d’une organisation peut demander de nombreuses années.


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