Exploiter l’Internet des objets : une question d’informations et non de connectivité

Olivier Neraut, Sales specialist, Business Solutions & Expertise, Cisco France

D ’ici 2020,  l’Internet des objets représentera un potentiel économique de 19 000 milliards de dollars, 50 milliards d’appareils seront connectés et 1 000 milliards de capteurs intégrés aux objets du quotidien dans le monde. Pour les services informatiques, il est pourtant encore particulièrement difficile de déterminer comment aborder une telle révolution, au point que le défi peut même sembler insurmontable. Toutefois, le véritable problème dans l’adoption de l’Internet des objets ne réside pas tant dans la connectivité, mais bien dans l’extraction et l’exploitation des données.

DES APPAREILS INTELLIGENTS POUR UNE ENTREPRISE INTELLIGENTE

Nous nous dirigeons vers un monde du tout connecté, du réfrigérateur intelligent à la brosse à dents intelligente. Cependant, l’impact de l’Internet des objets sur les entreprises ne tient pas uniquement à la mise en place de connexions, mais également à la qualité des données disponibles et aux capacités d’analyse mises en œuvre.

Les données fournies par les capteurs et appareils connectés sont aussi détaillées que précises. Toutefois, elles n’ont un intérêt que pendant un laps de temps limité : lorsqu’elles sont encore en transit. Si les interactions continues entre les personnes, capteurs, et appareils génèrent une puissante avalanche de données, le véritable défi   consiste à leur donner du sens et à les exploiter tant qu’elles recèlent une valeur ajoutée. Les « données en transit  » (« data in motion ») permettent aux entreprises de prendre des décisions plus judicieuses, d’améliorer l’expérience des consommateurs, et d’accroître leur compétitivité, dès lors qu’elles sont transformées en informations utiles et exploitées à la périphérie du réseau, en temps réel.

Des fabricants surveillant en permanence les performances de leurs machines afin d’optimiser les contrôles de qualité lors des phases de production, aux parcs de loisirs utilisant des bracelets connectés pour off rir une expérience améliorée à leurs visiteurs en s’appuyant sur leurs comportements, les bénéfices des « données en transit » sont considérables et concernent l’ensemble des secteurs. Pour les sociétés capables de traduire rapidement les données en informations opérationnelles exploitables, l’Internet des objets recèle un formidable potentiel, qu’il s’agisse de décisions mieux informées, de réductions significatives du gaspillage des ressources, d’optimisation de la satisfaction des clients ou de compétitivité accrue.

LA CONNECTIVITÉ : LE FAUX PROBLÈME

Les directeurs informatiques sont aujourd’hui conscients de la nécessité d’investir dès maintenant dans des systèmes informatiques adaptés, et ce afin de préparer l’intégration des fonctionnalités innovantes de demain. Toutefois, il est essentiel d’envisager le renouvellement des solutions d’informations sous un angle stratégique et pas uniquement en fonction de l’aspect de la connectivité.

Bien évidemment, le service informatique d’une entreprise doit être en mesure de prendre en charge un nombre illimité de connexions et d’accroître de manière exponentielle la densité d’appareils au fur et à mesure de l’expansion de l’Internet des objets. À l’évidence, un réseau automatisé intelligent est indispensable afin d’offrir l’évolutivité et la vitesse requises. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que les connexions et l’exploitation des informations issues de multiples terminaux n’apportent pas en soi une valeur ajoutée à l’entreprise.

Prenons l’exemple d’un professionnel de la santé qui utilise des capteurs afin d’assurer le suivi médical de ses patients à distance. Ces services de télésanté permettent de réduire le nombre de visites obligatoires à l’hôpital et d’améliorer les soins fournis au patient à moindre coût, mais pas si ces données sont simplement recueillies puis stockées. Pour fournir un service de télésanté à la fois viable et bénéfique, il est nécessaire d’analyser en continu les données collectées et de les traduire en une offre de services adaptés, avec intervention immédiate en cas de besoin.

APPLIQUER L’ANALYSE DES DONNÉES

Afin d’obtenir des connaissances susceptibles d’optimiser les performances de l’entreprise, il est essentiel d’analyser en temps réel l’avalanche de données obtenues et de les traduire en informations exploitables. Les informations doivent donc circuler de manière intelligente depuis et en direction des appareils, d’Internet, des applications en cloud et des services tiers.

Il est nécessaire de définir un système de réponse permettant de réintégrer automatiquement les informations au sein d’applications, afin d’offrir un avantage tangible aux clients, utilisateurs et collaborateurs et ce, en temps réel. Ainsi, les préférences des clients doivent être automatiquement répercutées dans les tableaux de bord du  CRM. Cette nouvelle ère des données et des informations doit se développer au sein d’un environnement informatique résolument évolutif, présentant la complexité et les coûts opérationnels indirects les moins élevés possible.

Les fonctionnalités permettant la réalisation d’analyses en temps réel à la périphérie du réseau doivent être intégrées aisément et de manière transparente au sein de l’infrastructure existante des clients. L’alliance de la virtualisation des données et des analyses en mode streaming permet de proposer des réponses aux interrogations en les associant aux sources de données correspondantes, à n’importe quel endroit du réseau, et ainsi de fournir des connaissances aux acteurs opérationnels de manière fluide.

LA SIMPLICITÉ, L’OBJECTIF ULTIME

Si un réseau prend en charge la connectivité requise sans simplifier les processus et la gestion, les services informatiques auront le plus grand mal à réaliser les analyses nécessaires, qui finiront par asphyxier leurs ressources informatiques, pour un résultat dérisoire. Les entreprises concernées seront alors forcées d’investir dans de nouveaux systèmes ou d’embaucher davantage de personnel, réduisant ainsi à néant le bénéfice potentiel de l’Internet des objets.

Seul un réseau permettant aux utilisateurs de tirer efficacement parti des précieuses données fournies par les appareils connectés sera en mesure de concrétiser tout le potentiel de l’Internet des objets. Les réseaux doivent également assurer une rationalisation et une automatisation des opérations informatiques, toutes deux synonymes de connectivité et de performance. Elles favoriseront une gestion intelligente des flux de données, une maîtrise des dépenses courantes et une minimisation des opérations quotidiennes de maintenance. Ces réseaux rationalisés ne constituent pas seulement les piliers de l’Internet des objets, mais sont également essentiels afin d’anticiper l’importance et la diversité des demandes de demain, vouées à devenir un phénomène courant pour les utilisateurs professionnels. L’automatisation intelligente de l’infrastructure aura des répercussions sur la capacité des entreprises non seulement à saisir des informations à plus forte valeur ajoutée que la concurrence, mais aussi à les exploiter. De plus, les effectifs libérés des opérations associées au bon fonctionnement du réseau peuvent être réaffectés à des projets stratégiques, axés sur les objectifs opérationnels et non sur des besoins informatiques.

Dans le cadre de la planification de leur stratégie informatique, les directeurs informatiques et les dirigeants doivent garder à l’esprit que la seule connectivité n’est pas en soi un facteur différenciant pour l’entreprise. Il convient plutôt de se concentrer sur les solutions permettant d’exploiter rapidement les connaissances obtenues au bénéfice des clients et parties prenantes. Grâce à cette approche, le glissement vers l’adoption de l’Internet des objets paraîtra immédiatement plus tangible et réalisable. Centrer sa stratégie informatique sur des solutions conférant vitesse, évolutivité et efficacité, permettra aux entreprises d’accueillir les évolutions lorsque l’explosion des appareils connectés s’accélérera.