Facebook acquiert WhatsApp pour 19 Md$

WhatsApp, fondé en 2009, est un acteur majeur des solutions de communication OTT (pour Over The Top, utilisé lorsqu’un fournisseur de services utilise l’infrastructure d’un opérateur). Depuis quelques mois, il était sous les feux de la rampe, présenté comme le futur d’un Facebook en déclin de popularité auprès des jeunes. Facebook a préféré choisir son futur et va débourser 19 Md$ pour acquérir le marché potentiel que représente WhatsApp et ses 450 millions d’utilisateurs mensuels, tout en soignant sa popularité auprès de toutes les tranches d’âge.

Le montant de l’acquisition de WhatsApp par Facebook en fait la dépense la plus importante du réseau social depuis sa création, il y a tout juste dix ans. Et pour de nombreux analystes, Mark Zuckerberg, le PDG-fondateur de Facebook, a tout bonnement surpayé la messagerie aux 450 millions d’utilisateurs mensuels.

Avec cette acquisition, chacun d’entre eux est désormais « valorisé » à 42 $. Une mesure certes assez factice, mais qui met tout de même en lumière le coût de plus en plus élevé des données personnelles des utilisateurs. Reste que la somme apparaît exorbitante, si on la compare notamment au « prix » d’un utilisateur Viber. L’application israélienne de messagerie instantanée a été acquise par le géant nippon Rakuten, la semaine passée, pour un ratio d’environ 4 $ par utilisateur, soit plus de dix fois moins.

Cette proportion dépasse même celle que Facebook a payé lorsqu’il a acquis Instagram, pour 1 Md$ fin 2012, soit un peu plus de 33 $ par utilisateur.

Une double stratégie

Mark Zuckerberg ne cache cependant pas son enthousiasme. Il explique que « WhatsApp est en train de connecter 1 milliard de personnes ». En bourse, les investisseurs n’ont, eux, pas masqué leur scepticisme. Le titre, côté au Nasdaq, a abandonné près de 5 % dans les échanges d’après-clôture, mercredi, avant de retrouver finalement une certaine stabilité.

Principale cause de cette inquiétude, le montant versé par Facebook dans cette opération. À noter que sur les 19 Md$ que va débourser le réseau social, seuls 16 seront débités de son compte en banque dans l’immédiat.  La transaction doit en réalité se dérouler en deux temps. Tout d’abord, 4 Md$ seront versés en numéraire et 12 Md$ en actions Facebook (183,9 millions de titres). Puis, dans les quatre années qui suivent le bouclage de la transaction, Facebook versera progressivement 3 Md$ en titres restreints aux fondateurs et salariés de WhatsApp, soit une cinquantaine de personnes.

Bien que symboliquement très élevé, le tarif payé par Facebook pour WhatsApp n’est cependant pas totalement aberrant, puisque Twitter, qui revendique deux fois moins de microbloggers actifs, est valorisé à 30 Md$.

Mais Facebook table surtout sur une autre donnée : parmi ses 450 millions d’utilisateurs mensuels, WhatsApp dévoile que 70 % d’entre eux le sont quotidiennement. Un point particulièrement important lorsque l’on sait que, pour la première fois en 2012, le nombre de messages envoyé par des messageries OTT a dépassé celui des SMS aux États-Unis.