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Grand Prix du DSIN 2024 : Bruno Marie-Rose (Comité d’organisation JOP Paris 2024)
Par François Jeanne, publié le 11 avril 2025
Le 13 mars dernier, au terme d’une grande soirée de gala à la Bibliothèque de France, rue Vivienne à Paris, le Jury des “DSI(N) de l’Année” remettait ses prestigieux trophées aux heureux lauréats. Chaque Vendredi, durant les 8 prochaines semaines, nous vous proposons de découvrir plus en détail chacun de nos lauréats et leurs projets. Et pour ouvrir le bal, à tout seigneur tout honneur, découvrez notre Grand Prix DSIN 2024, Bruno Marie-Rose, Directeur de la technologie et des systèmes d’information, Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris.
C’était l’événement planétaire et en France de cette année. Mais son versant technologique n’avait pas la médaille d’or acquise d’avance. Quelle vitrine en revanche pour le SI des JO, et ses réussites en termes de sécurité, d’expérience client ou de communication au service d’un tel rendez-vous. Le jury, composé de professionnels de l’IT, faut-il le rappeler, a été impressionné par la gestion du pic de charge et l’excellence opérationnelle atteinte. À l’arrivée, un Grand Prix 2024 qui sonne comme une évidence. Bravo champion !
S’il y a un domaine où il faut être prêt et à son meilleur niveau à l’heure, c’est bien celui du sport de haut niveau. Et encore, un athlète comme Bruno Marie-Rose, plusieurs fois médaillé aux JO ou dans des championnats européens, sait que s’il se blesse et doit renoncer à un grand rendez-vous, il aura d’autres opportunités pour démontrer sa valeur. Mais pas pour le CIO des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Comme il l’écrit dans le dossier, prendre la direction de la technologie et des systèmes d’information des jeux (TEC) comme il l’a fait en 2018, c’était l’assurance d’une montée en pression continue : « Un projet de six ans “sanctionné” par ses deux fois deux semaines d’événements, visibles par le monde entier (cinq milliards de personnes…), et un projet piloté avec une approche de retroplanning à deadline “non négociable” fondée sur une synchronisation optimale entre l’IT et les métiers. »
Autre dimension extraordinaire, au premier sens du terme, la diversité et le nombre d’équipements à déployer et, dans certains cas, concevoir. Les JO de Paris, ce ne sont pas moins de 182 applications, près de 8 000 m2 d’écrans géants, environ 400 000 km de fibre optique, près de 10 000 points d’accès Wi-Fi. Une mise en place et une exécution qui ont impliqué douze partenaires technologiques. Y compris quand il s’est agi, cerise sur le gâteau, d’assurer des retransmissions à la fois sur l’eau de la Seine et sous celle qui tombait du ciel pendant la cérémonie d’ouverture !
IT for Business avait déjà eu l’occasion de présenter l’ampleur du projet dans un dossier et un entretien avec Bruno Marie-Rose (n°2293). Mais ça, c’était avant ! Avant que tout se déroule sous nos yeux, sans incidents majeurs. Une bonne raison de récompenser aujourd’hui les équipes qui ont rendu tout cela possible. Et elles ont eu du pain sur la planche avant elles-aussi.
Ce travail a globalement reposé sur trois grands piliers. Le premier était « le développement de SI qui a permis au comité d’organisation de fonctionner. Dans cette entreprise qui a grandi très vite, il n’y avait au départ, en 2018, qu’une trentaine de personnes dans le comité, dont deux personnes pour la technologie. Les besoins étaient ceux d’une start-up, mais en quelques années, le comité a atteint la taille d’une entreprise intermédiaire, avec à peu près 5 000 collaborateurs internes et un périmètre d’organisation ouvert sur plusieurs centaines de milliers de personnes à l’externe », rappelle Bruno Marie-Rose. La direction TEC a dû s’adapter à ces changements rapides avec la fourniture d’équipements informatiques et de communication, mais aussi de systèmes ERP « corporate » complets, tout en passant par l’aménagement « from scratch » d’un nouveau siège social fin 2020.

Parcours de
Bruno Marie-Rose
Depuis 2018 :
Chief information and technology officer du Comité d’organisation de Paris 2024
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2016 – 2018 :
Sport, innovation and technology advisory chez Wagram Consulting
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2010 – 2016 :
Head of project management office, puis global head of IS architecture governance & operating office chez Société Générale
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2004 – 2010 :
Associate partner chez Talan
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1999 – 2003 :
Senior manager chez Valoris
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1988 – 1999 :
Différents postes chez HP
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FORMATION
INSA Lyon (1988)
De nombreuses innovations technologiques
En bon ingénieur, le DTSI assimile le second pilier à de la « technologie industrielle », ici mise en oeuvre pour assurer la livraison d’un grand événement sportif. Il s’agit des technologies présentes dans les stades par exemple, allant de l’affichage sur les écrans géants jusqu’au chronométrage. « Le “timing” et le “scoring”, en particulier, sont essentiels pour classer les athlètes instantanément et sans erreur. Ce sont aussi les moyens de télécommunication pour capter et diffuser les images de télévision et autres données dans le monde entier. »
C’est un système d’information spécifique aux opérations des Jeux, contrairement au système « corporate » du premier pilier. Le coeur du métier sur lequel on espère n’avoir jamais à entendre parler de l’IT, signe que tout se déroule parfaitement.
Enfin, le troisième pilier, « transversal et structurant par rapport à un rôle proactif du positionnement “métier” de la direction TEC, a été de mettre la technologie au service de l’ambition globale de Paris 2024 ». On a parlé de jeux engageants, sécurisés, soutenables et contribuant à l’héritage de Paris 2024.
Dans cette dernière optique, il y a eu aussi de nombreuses innovations technologiques à initier ou à passer à l’échelle d’un tel événement, par exemple la 5G privée, ou la billetterie 100 % digitale qui ont reçu les félicitations du jury des Trophées.
Bruno Marie-Rose rappelle également, dans le dossier de candidature, l’utilisation de la tablette d’accessibilité lors de la finale de cécifoot par un chanteur mal-voyant célèbre et une ministre qui ont donné une notoriété différente à la technologie. Côté numérique responsable, il insiste sur le choix de la location de matériel dans de nombreux cas, sur la réutilisation ou le reconditionnement de la totalité des équipements acquis et se réjouit que, désormais, « les bonnes pratiques du numérique responsable soient inscrites dans la feuille de route du CIO pour les prochains comités d’organisation ».

Remise du Grand Prix DSI de l’année à BRUNO MARIE-ROSE, directeur de la technologie et des systèmes d’information, Paris 2024, par Sandra Taborin, directrice des ventes comptes stratégiques, et Adrien Molas, directeur des ventes secteur privé, HPE (à gauche) et par Pascal Martinez, membre du Comité de direction en charge des SI et du digital, AG2R La Mondiale (à droite).
Dernier sujet majeur, ô combien épineux, et vivement applaudi par le jury, la gestion de la cybersécurité, avant et pendant les Jeux. Le partenariat avec Atos, Orange et Cisco, et la collaboration avec l’Anssi ont très bien fonctionné globalement, et malgré la bagatelle des 55 milliards d’événements cyber recensés (!) au niveau du CSOC, dont 2 200 réclamant une analyse humaine, aucun n’a eu le moindre impact sur le déroulé des opérations.
En résumé, et comme l’a souligné le jury, tout s’est bien passé parce qu’il ne s’est rien passé… de visible en termes d’incidents, qu’ils soient de sécurité ou tout simplement de fonctionnement. Un résultat d’autant plus remarquable qu’il a été atteint avec des équipes de la TEC multiculturelles et de générations très différentes. Et que les ambitions du comité d’organisation ont parfois dû leur apparaître comme exorbitantes. Mais Bruno Marie-Rose a su en faire un moteur pour les équipes, appréciant au passage d’avoir pu faire « un lien managérial entre (son) passé sportif et le monde de l’entreprise, pour démontrer que la DSI apporte une valeur ajoutée et n’est pas seulement un centre de coût ». Au final, les équipes TEC ont eu l’occasion de faire rayonner la technologie en « bien »… Et elles ont su la saisir !
L’organisation
Le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 a été créé en 2018 et a eu la charge d’organiser et d’exécuter ces deux quinzaines sportives. Jusqu’à 5 500 collaborateurs et plus de 40 000 volontaires l’ont porté au succès cet été, au vu et au su de la Planète entière. Sa DTSI a bénéficié d’un budget total d’environ un demi-milliard d’euros sur toute la période. Plus de 300 personnes avant les Jeux, et jusqu’à 5 400 pendant les opérations ont été impliquées dans son fonctionnement.
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