Cloud

Huawei voit des puces et de l’open source partout

Par La rédaction, publié le 19 septembre 2019

L’équipementier chinois annonce un serveur et une carte mère intégrant un processeur spécialement conçu pour l’intelligence artificielle. Par ailleurs, il ouvre le code source de son système d’exploitation Cloud et d’une base de données distribuée.

Par notre envoyé spécial en Chine, Xavier Biseul

Au deuxième jour de Huawei Connect, sa conférence annuelle qui se tient jusqu’au 20 septembre à Shanghai, l’équipementier chinois a détaillé sa stratégie orientée vers la puissance de calcul au côté de son activité historique de fourniture d’infrastructures télécoms et réseaux.

Pour Hou Jinlong, président de la branche produits et services pour le cloud et l’intelligence artificielle, le schéma traditionnel du datacenter semble, à ses yeux, dépassé avec le développement de la 5G et d’une IA censée devenir demain omniprésente. « En 2025, l’IA représentera 80 % des charges de travail dans le cloud » promet-il.

L’ère du calcul intelligent qu’il appelle de ses vœux exige une refonte de l’architecture et de nouveaux composants. À côté du calcul proprement dit (central processing unit,  CPU) et de sa déclinaison dédiée au graphisme (graphic processing unit, GPU), un nouvel acronyme se généralise : le NPU (neural processing unit) qui optimise la circulation des données transitant entre la mémoire et le calcul afin d’accélérer l’exécution des algorithmes d’apprentissage et d’inférence des réseaux de neurones.

Accélérer l’apprentissage des réseaux de neurones

Serveur Atlas 800

Face à ce changement de paradigme, Huawei se met en ordre de bataille. Après avoir lancé, hier, Atlas 900, le cluster de serveurs dédié à la formation de modèles d’intelligence artificielle « le plus rapide du monde », Huawei a présenté deux nouveaux membres de la famille Atlas : Atlas 300 et Atlas 800, respectivement une carte accélératrice d’apprentissage et un serveur dédiés à l’IA, basés sur le processeur maison Ascend 910.

Le nom d’Atlas n’a pas été choisi à hasard. Divinité de la mythologie grecque, condamnée à porter la voûte céleste sur ses épaules, Atlas est le symbole de la puissance selon Michael Ma, président de la division « Intelligent computing business ». Huawei avance, de fait, des performances décoiffantes.

Serveur 4U intégrant huit processeurs Ascend 910, Atlas 800 affiche 2 PFLOPS de puissance de calcul pour un poids de 75 kg, soit « une densité 2,5 fois supérieure à celle de la concurrence ». Il aurait, par ailleurs, un taux d’efficacité énergétique 1,8 fois supérieur.

La carte Atlas 300 fournit, elle, 256 TFLOPS de puissance de calcul. Ce qui correspondrait, selon Huawei, à doubler le nombre d’images entraînées par seconde pour atteindre 1802 images/sec contre 965 pour la meilleure carte accélératrice concurrente.

En parallèle, le groupe chinois commercialise 43 nouveaux services sur Huawei Cloud basés sur les processeurs Ascend 310 et 910 tels que le traitement d’images ou la conduite autonome.

Une nouvelle génération de processeurs tous les ans

Atlas Kunpeng Board

Huawei n’en oublie pas son autre processeur vedette, Kunpeng, qui équipe les PC, serveurs et autres baies de stockage pour adresser les usages plus génériques du numérique, de la virtualisation aux bases de données. Huawei a lancé 69 nouveaux services sur son cloud basés sur des machines Kunpeng.

Et ce n’est que le début promet le géant chinois. Alors que sa famille de processeurs n’a connu que trois générations jusqu’à présent, il promet désormais une nouvelle génération chaque année. Des processeurs, cartes mères et autres composants que Huawei revend à ses partenaires et notamment à Tongfang, deuxième fabricant de PC en Chine.

L’autre tendance chez Huawei, c’est l’open source. Un signe de transparence face aux accusations d’espionnage dont il fait l’objet aux États-Unis ? Toujours est-il que l’équipementier a décidé d’ouvrir le code source d’EulerOS, une distribution de Linux que l’on retrouve dans ses infrastructures de stockage et de cloud.

Dans sa version open source, ce système d’exploitation est rebaptisé openEuler. Pour créer une communauté contribuant à son développement, Huawei peut compter sur le soutien de Deepin, éditeur de la principale distribution de Linux chinoise. Huawei libère également, GaussDB, une base de données distribuée nativement conçue pour l’IA. Sa version open source, openGauss, est attendue pour juin 2020.

Lancement des Mate30 et Mate30 Pro
Parallèlement à son événement Huawei Connect dédié aux entreprises, Huawei s’est livré à un exercice compliqué : annoncer en Europe (à Munich) ses premiers smartphones démunis des services Google.
Les Mate 30 et Mate 30 Pro sont présentés comme les smartphones 5G les plus évolués du marché avec des capacités photos et vidéos annoncées comme supérieures à celles des P30 Pro notamment en basse lumière. Ils intègrent également un capteur de reconnaissance gestuelle (comme Google compte en intégrer dans ses futurs Pixel 4) ainsi qu’une nouvelle fonction d’interactions PC (Huawei Multi-Screen Collaboration) pour piloter le smartphone depuis le PC et simplifier les transferts d’éléments (et pas uniquement de fichiers).
Conséquence du bannissement par l’administration Trump, Huawei doit se contenter de la version open source d’Android 10 sur ces nouveaux appareils et ne peut plus embarquer Play Store, Gmaps et autres services Google (YouTube, etc.). A la place, Huawei propose sa propre suite applicative (Huawei Mobile Services) et son propre Store. Le constructeur veut investir 1 milliard de dollars dans les prochains mois pour encourager les développeurs à adopter ses propres services plutôt que ceux de Google.
Si cela ne change rien pour le marché Chinois (les services Google y sont interdits), leur absence est un frein trop lourd pour le marché Européen. Et Huawei n’a pas pour le moment l’intention de commercialiser ces nouveaux modèles en France.

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