Data / IA
IA : un plan pour réveiller la start-up France
Par Jacques Cheminat, publié le 29 mars 2018
Le député et mathématicien, Cédric Vilani, a rendu son rapport sur l’intelligence artificielle. Plusieurs pistes sont évoquées pour porter la France en tête des pays sur ces nouveaux territoires technologiques. Un effort accompagné par Google, Microsoft, Samsung ou Fujitsu mais aussi de l’Etat qui prévoit d’investir massivement.
Le rapport est conséquent et s’intitule « donner du sens à l’intelligence artificielle ». Dirigé par le médaille Fields 2010 et actuel député de l’Essonne, cette étude donne plusieurs pistes à ce qui « va devenir une des clés du monde à venir ». Il est urgent selon ce document de réaffirmer le rôle de l’Etat dans l’intelligence artificielle, « le jeu du marché seul montre ses limites pour assurer une véritable politique d’indépendance », peut-on lire. Il est vrai qu’aujourd’hui les acteurs de l’IA sont situés en Californie et se concentrent autour des GAFA. Ces derniers ont d’ailleurs vite compris la richesse de la recherche française sur l’IA en débauchant plusieurs talents.
4 secteurs prioritaires
Il est donc urgent de fixer un cap à la start-up France sur l’IA. Le plan Vilani propose d’axer les efforts autour de 4 secteurs stratégiques : la santé, environnement, transports-mobilités et défense-sécurité. Concernant la santé, l’IA « ouvre de nouvelles opportunités pour innover « à pharmacopée constante » en construisant un diagnostic et une stratégie thérapeutique plus adaptés au besoin du patient, son environnement et son mode de vie ». Le rapport préconise des efforts aussi bien pour le monde médical, mais aussi pour le patient autour du DMP (Dossier Médical Partagé). L’objectif est de stocker, de traiter et de partager un maximum de données. L’IA ne peut exister que si on l’alimente en données.
Pour l’agriculture, un focus va être mené sur la transformation et la distribution alimentaire, mais également sur l’agruiculture connectée et ce qui en découle. Sur le transport, les voitures autonomes concentrent la majorité des investissements, mais le rapport élargit l’impact de l’IA sur les mobilités en général. Enfin, les secteurs de la défense et de la sécurité devraient faire la part belle à la cyberdéfense et à la cybersécurité.
Des méthodes et des investissements des acteurs IT
Une fois les secteurs prioritaires fixées, le rapport donne aussi des orientations pour guider l’action publique sur l’IA. L’expérimentation est à la base de tout avec des moyens donnés à la recherche et aux chercheurs en particulier. Pour rivaliser avec les sociétés privées, « il faudra a minima doubler les salaires des chercheurs », jette le rapport Vilani. L’impact sur l’emploi, la prise en compte de l’éthique, travailler sur l’explicabilité des algorithmes, la standardisation, les doubles formations (IA-droit, IA-médecine, IA-agriculture, etc.), la régulation de l’IA sont des sujets traités pour fixer un cadre de travail.
En parallèle de la présentation de ce document, plusieurs acteurs IT ont annoncé différents investissements en France. Google a déjà commencé à s’impliquer en France en créant un centre de recherche sur l’IA au sein de ses bureaux parisiens. Aujourd’hui, Google France s’allie avec l’école Polytechnique pour lancer en septembre prochaine une chaire internationale dédiée à l’IA. La formation intitulée “Artificial Intelligence & Visual Computing”, proposée en association avec l’Inria, l’ENSTA ParisTech et Télécom ParisTech. De son côté, Samsung a décidé d’ouvrir son troisième plus grand centre de recherche mondial dédié à l’IA en France, après ceux aux Etats-Unis et en Corée du Sud. Fujitsu va élargir son centre français dédié à l’IA. Enfin, Microsoft a annoncé un investissement de 30 millions de dollars sur trois ans en France avec des emplois à la clé.
Et l’Etat dans tout cela ? Le gouvernement va consacrer 1,5 milliard d’euros à l’intelligence artificielle d’ici la fin du quinquennat. Ces investissements seront financés en partie par le fonds pour l’innovation de rupture doté de 10 milliards d’euros et par le plan d’investissement sur les compétences qui prévoit 15 milliards d’euros d’ici 2022.