Newtech
Informatique spatiale : quand le monde réel fusionne avec la réalité virtuelle
Par La rédaction, publié le 05 juin 2024
L’informatique spatiale révolutionne les interactions en fusionnant le monde physique et numérique, s’appuyant sur la réalité étendue et les capteurs pour créer des expériences immersives inédites et transformer les processus opérationnels.
Par Antoine Gourévitch, Directeur associé senior, BCG
et Martin Barthel Directeur associé chez BCG X, l’entité tech du BCG
Une stratégie d’entreprise gagnante repose sur la capacité à s’approprier les nouvelles technologies, à identifier les cas d’usage les plus prometteurs, à lancer rapidement des projets de faisabilité et à réussir son déploiement à l’échelle. Dans cette course de plus en plus soutenue, impossible aujourd’hui d’ignorer l’informatique spatiale. En fusionnant le monde numérique et le monde physique, cette innovation ouvre un champ d’interactions inédites entre les personnes, les machines, les objets et leur environnement en s’appuyant sur les technologies de réalité étendue (réalité virtuelle, augmentée et mixte) et les capteurs.
Comme l’avaient imaginé les auteurs de science-fiction, l’informatique spatiale permet de ne plus être « devant » un contenu, mais « dans » un contenu. En identifiant leur position dans l’espace, les objets virtuels s’intègrent et interagissent avec le monde réel. Si son potentiel dessine des frontières encore inconnues, nous sommes déjà entrés dans cette nouvelle ère de l’informatique.
Après la pandémie, le buzz autour du métavers a fait entrevoir un espace dans lequel des utilisateurs, via leurs avatars, peuvent vivre des expériences dans des univers virtuels différents. Le secteur du divertissement s’est déjà saisi des opportunités offertes par les technologies de la réalité étendue. Dans la grande consommation, des groupes comme les spécialistes de l’ameublement Ikea et Crate & Barrel, l’opticien américain Warby Parker, ou encore Nike utilisent déjà la réalité augmentée pour enrichir l’expérience client. Nos dernières analyses estiment à 138 Md$ le marché de l’informatique spatiale (dont 74 Md$ sur le segment B to B), porté par une croissance annuelle de 38 % d’ici 2030.
Restée longtemps en sommeil, cette innovation bénéficie aujourd’hui d’avancées déterminantes pour son adoption par les entreprises. Son agenda s’accélère. Les géants de la tech lancent, l’un après l’autre, leurs dispositifs sur le marché. En janvier 2023, le casque virtuel développé par la start-up Magic Leap a obtenu l’autorisation d’entrer dans les blocs opératoires. En octobre de la même année, le groupe Meta proposait son nouveau produit Meta Quest 3 qui intègre une plateforme facilitant son déploiement à l’échelle dans les organisations. Enfin, la sortie très attendue et très médiatisée du casque de réalité mixte Apple Vision Pro en février annonce une nouvelle génération d’appareils qui, sur le modèle de l’iPhone ou de l’Apple Watch, favorisera la démocratisation des usages.
Dans les entreprises, l’informatique spatiale promet de devenir un partenaire collaboratif hors de nos écrans, tout comme l’intelligence artificielle générative l’est déjà sur ceux-ci. Un levier puissant de transformation de nos méthodes de travail capable de générer des gains de productivité et de créativité encore insoupçonnés.
Mais cette technologie ne peut pas, à elle seule, accomplir le changement attendu. Celui-ci sera le fruit de la combinaison de l’IA générative, de l’Internet des objets, de la robotique, du réseau 5G, du Web 3.0 et de la réalité étendue. Dans ce futur, l’informatique spatiale, en fusionnant le monde réel et le monde virtuel, fait le lien entre ces technologies et en tire le plein potentiel. Pour s’y préparer, les entreprises doivent commencer à identifier les cas d’usage au sein de leurs organisations.
Ceux-ci s’organisent autour de cinq grandes catégories qui peuvent servir de guide dans l’élaboration d’une stratégie : les process opérationnels ; l’innovation ; la formation ; le travail collaboratif à distance ; et le divertissement.
Certains ont déjà fait leur preuve. L’apprentissage et le développement des compétences se font ainsi plus rapidement et plus efficacement. Les personnes qui se forment à travers le spatial computing apprennent quatre fois plus vite que les autres et sont 40 % plus confiantes dans leurs capacités.
L’IA générative, combinée avec les représentations en 3D, stimule la créativité et accélère les process d’itération, de prototypage et de développement. Les entreprises qui l’expérimentent se dotent donc d’un atout stratégique non seulement puissant, mais transformateur. Une démarche audacieuse pour gagner demain !
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