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Ingénieur en informatique : savoir-faire et savoirêtre demandés

Par Hélène Truffaut, publié le 03 mars 2025

Selon une étude menée auprès des employeurs, les diplômés des écoles d’ingénieurs en informatique doivent en premier lieu maîtriser les environnements de développement et de production. Mais aussi faire montre de certaines compétences comportementales.

Dans un monde technologique en mutation, les recruteurs ne cherchent pas uniquement des compétences scientifiques, mais un mix de savoir-faire et de savoir-être…
C’est la réflexion qui s’impose à Sylvain Goussot, directeur général de l’Epita suite aux résultats de l’enquête sur « la perception des diplômés d’écoles d’ingénieurs en informatique auprès des responsables d’entreprises », menée par Ipsos pour cette école et dévoilée le mois dernier. 300 responsables de structures privées de plus de 100 salariés (chefs d’entreprise, DG, DSI, CTO, RSSI, DRH…) – dont 150 entreprises du numérique – ont été interrogés en septembre 2024. L’initiative va permettre à l’Epita d’évaluer les besoins actuels de compétences. Et de rester au diapason des attentes des employeurs.

Autonomie et adaptabilité

Ainsi, en matière de « soft skills », les informaticiens frais émoulus de l’école doivent avant tout faire preuve d’autonomie selon 54% des répondants – 44% dans le seul secteur de l’ingénierie informatique. Mais aussi d’adaptabilité (50% tous secteurs confondus) et de rigueur (42%).
Sont aussi recherchées la curiosité, l’implication, l’aisance relationnelle, la recherche de solutions et la créativité.

Côté « hard skills », les responsables interrogés attendent d’abord des jeunes diplômés la maîtrise des environnements de développement et de production – un avis partagé par 58% de l’ensemble des entreprises, contre seulement 47% dans l’ingénierie informatique. L’écart s’explique, selon Sylvain Goussot, par la présence de systèmes historiques, par exemple dans la banque, qu’il faut continuer à faire tourner, mais dont la maîtrise ne peut être demandée aux ingénieurs novices.

Ces derniers doivent aussi être à même de gérer les risques dans les systèmes complexes, et savoir piloter et gérer des projets collaboratifs (45%). Suivent la capacité à étudier, analyser et concevoir des solutions robustes, à travailler en environnement agile sur des problématiques d’innovation. Et en dernière position seulement, à intégrer les enjeux green IT dans les fonctions occupées (22%).

L’IA et la green IT pas prioritaires

Cette place de l’informatique durable est une petite déception pour Sylvain Goussot : « Cela reste dans nos objectifs de formation et c’est une attente des jeunes générations, mais les décideurs doivent faire des arbitrages », explique-t-il.

Autre sujet d’étonnement : l’IA n’est pas non plus dans les compétences prioritaires. « Le quotidien des DSI est encore marqué par les enjeux de transformation numérique », estime le DG de l’Epita. En effet, la digitalisation et l’automatisation des processus métiers est le 2e enjeu actuel des DSI dans 54% des entreprises, mais loin, très loin derrière la protection contre les cyberattaques (84%).

Globalement, les responsables interrogés se disent très ou assez satisfaits des aptitudes des jeunes diplômés, notamment de leur capacité à travailler en environnement agile sur des problématiques d’innovation (à 90%) et de leur maîtrise des environnements de développement et de production (89%).
Ils apprécient également leur adaptabilité, leur curiosité et leur capacité à rechercher des solutions.

Quant à l’Epita, elle ressort en 2e position pour les écoles formant des diplômés en informatique avec une note de 7,4 sur 10, à égalité avec l’Esiea… et derrière Télécom Paris (7,8), dont la présence est quelque peu inattendue dans ce classement.