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Intelligence artificielle : forger de nouveaux métiers pour une gouvernance agile
Par La rédaction, publié le 12 juin 2024
Avec l’intégration croissante de l’IA, de nouveaux métiers émergent, tels que les formateurs IA et les prompt engineers, pour répondre aux besoins de compétences spécifiques. Les DSI doivent anticiper et intégrer ces rôles pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA, tout en garantissant la conformité et la sécurité des systèmes.
Par Stéphane Decaudin, Directeur Practice Technologies pour Grant Alexander Executive Search
Alors qu’il se murmure que Chat-GPT 5 devrait voir le jour sous peu, l’IA générative n’a de cesse de surprendre par les nombreuses promesses qu’elle offre. Mais pour l’heure, elle questionne les DSI qui voient une partie de leurs prérogatives sortir de leur pré carré, voire, leur échapper.
Pour préserver une forte intégrité dans la gouvernance d’entreprise et anticiper les risques incombant aux défaillances de l’IA, il est urgent pour les services IT et les ressources humaines d’appréhender de nouveaux modes organisationnels et une gestion des talents en phase avec les projets IA.
De toute évidence, mener à bien des projets en lien avec l’IA est le fruit d’un mariage équilibré entre l’acculturation de l’ensemble des équipes et la définition d’orientations claires de la part de l’équipe de direction. Cette dernière doit, dans un premier temps, acquérir des compétences nouvelles et réaliser une introspection au niveau de son organisation pour réussir sa stratégie de plateformisation des services utilisant des technologies d’IA. Elle doit également promouvoir l’intégration de nouveaux métiers, plus transversaux, au sein des DSI et des groupes projets dédiés à l’IA.
Chief Data & AI Officers : une redéfinition des rôles
Ce virage ne peut se faire sans formation a priori à l’IA et a minima à l’usage de l’IA générative : avant même d’en connaître les usages qu’en feront les employés, ces derniers doivent en maîtriser les fondamentaux. Car l’IA sera partout, c’est inévitable : il en fut de même avec l’électricité, puis Internet. C’est donc en favorisant son usage qu’il sera possible de provoquer de nouvelles stratégies, de stimuler la créativité des équipes et de les délester de tâches à faible valeur ajoutée.
Selon les analystes de Gartner, la mise en œuvre de l’IA dans les services IT pourrait, par exemple, réduire jusqu’à 30 % le volume de tickets. L’IA invite donc les DSI à se réorganiser, mais également à entraîner avec elles l’ensemble de l’organisation dans l’intégration de nouveaux métiers. Et cela commence par la redéfinition des rôles de Chief Data & AI Officers (CDAIO). Outre le développement de stratégies d’IA alignées sur les enjeux métiers, ils doivent veiller à la formation des équipes sur les enjeux IA tout en garantissant une utilisation éthique, responsable et sécurisée des données, et ce dans l’ensemble de la chaîne de valeur. Il va sans dire que le besoin de transversalité des métiers de gouvernance d’IA est sans appel.
Formateurs, architectes IA, « prompt engineers »… des métiers incontournables
L’IA permet de proposer des modèles prédictifs précis, de gagner du temps et des ressources, que ce soit pour évaluer les ventes ou encore anticiper des échanges commerciaux dans des secteurs comme la finance, ou l’énergie. Une étude publiée par l’Upwork Research Institute indique que 49 % des recruteurs prévoient d’embaucher davantage d’employés à temps plein et de freelances pour répondre à la demande de compétences en matière d’IA.
Exploiter, analyser et produire de gros volumes de données demande de nouvelles compétences : les prochaines années — pour ne pas dire les prochains mois — les DSI devront intégrer de nouveaux métiers, comme les « formateurs IA », dont la mission sera d’accompagner les équipes métiers à l’identification des potentialités et au développement de nouveaux modèles, ou encore les « prompt engineers », véritables spécialistes des interactions personne-machine, capables de tirer le meilleur des modèles d’IA générative. Les nouveaux services et produits devront être gérés par des managers de produits IA qui travailleront de concert avec les data scientists, les spécialistes du machine learning, les responsables en sécurité IA et les Architectes IA. Ces derniers ont un rôle clef, central, dans la conception de systèmes d’IA robustes, et surtout évolutifs : ils doivent appréhender les besoins de l’entreprise et les traduire en architectures techniques optimisées pour l’IA et donc être en mesure de savoir quels sont les algorithmes les plus pertinents pour répondre aux enjeux métiers, tout en garantissant la conformité et la sécurité des systèmes.
Un nouvel arsenal juridique et éthique au plus haut de la hiérarchie
Une gouvernance saine de l’IA ne peut s’installer sans la création de nouvelles fonctions disposées à accompagner les entreprises dans leur compréhension des enjeux métiers : une fonction de conseil, transversale, peut également être imaginée dans le rôle de « responsable de veille IA », professionnel capable, entre autres, de conseiller les métiers sur les cas d’usage pouvant être portés par l’IA et d’apporter un éclairage sur l’actualité dans ce domaine aux équipes dirigeantes. Forme de « business intelligence » avancée et spécialisée, ce rôle permettra d’assurer une cohérence globale dans l’ensemble de l’entreprise sur les sujets IA et de lever les silos entre les départements.
Enfin, il est indispensable que les services juridiques se forment et recrutent des spécialistes de l’IA pour traiter des sujets de conformité qui dépassent les périmètres des DPO, de droit d’auteur et d’éthique IA. Il est en ce sens fortement recommandé d’adopter des cadres de gouvernance spécifiques à l’IA et l’établissement de comités d’éthique dédiés à l’IA au sein des entreprises, pour garantir la confidentialité des données, la transparence des algorithmes, l’absence de biais et la responsabilité en cas de décisions prises par des systèmes d’IA.
Il faut ainsi prendre le temps d’intégrer ces nouveaux métiers : ne l’oublions pas l’IA est un sujet éminemment humain, il s’agit de technologies créées par des femmes et des hommes, au service de l’humain, et donc d’un investissement dans l’humain !
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