Data / IA
Investissements informatiques et IA : l’heure des choix
Par La rédaction, publié le 08 octobre 2024
L’accélération des investissements en IA, malgré le manque de maturité de l’IA générative, redéfinit les priorités stratégiques des entreprises. Dans un contexte de rationalisation budgétaire, les DSI doivent naviguer entre la nécessité de soutenir l’innovation tout en préservant la résilience opérationnelle.
Par Antoine Gourévitch, Directeur associé senior, BCG
et Loïc Mesnage, Directeur associé, BCG
La percée de l’intelligence artificielle dans la stratégie des entreprises s’accélère. Dans un contexte d’incertitude économique et de budgets contraints, marqué par leur augmentation modeste mais stable à 3,3 % en 2024 (contre 3,2 % en 2023), l’IA devrait bénéficier d’investissements en hausse de 30 % en 2024. C’est ce que révèle la septième édition de notre étude sur les dépenses informatiques des entreprises, dont la situation contrastée exige des arbitrages délicats.
De nombreux dirigeants cherchent cette année à sortir d’une logique dominée par la gestion des coûts pour aller chercher de la croissance, quitte à serrer les cordons de la bourse dans des domaines plus matures. Or la pression s’accentue autour de l’IA générative depuis le lancement de la version gratuite de ChatGPT fin 2022. Ces outils se sont rapidement imposés auprès du grand public et dans les pratiques professionnelles, prenant de court beaucoup d’entreprises. Impossible d’ignorer cette source de création de valeur et de gains de productivité, au risque de se voir rapidement dépassés par leurs concurrents. Les décideurs doivent donc trouver le juste équilibre entre la nécessité d’investir dans cette technologie prometteuse et celle de ne pas affaiblir les opérations informatiques plus courantes, mais cruciales pour le bon fonctionnement quotidien du système.
Cette dualité apparaît en filigrane chez les 54 % d’entre eux qui indiquent donner autant d’importance à chacune de ces deux grandes priorités stratégiques. Tout en cherchant les compromis les plus pertinents, les entreprises continuent de concentrer leurs efforts sur des fondamentaux comme la sécurité (pour 61 % des répondants) ou la transformation digitale (60 %), et sur les investissements considérés incontournables comme l’IA, GenAI et le machine learning, la sécurité des infrastructures, les services du cloud ou encore l’analyse des données. Quant à la réduction attendue des dépenses dans les infrastructures, mise en avant dans le rapport, elle doit être analysée avec prudence. Notre expérience montre en effet les limites de ces cycles de restriction budgétaire sur un poste aussi vital pour le bon déroulement des opérations.
Quels sont les enjeux de ces choix stratégiques ? Seules les technologies de l’IA et du machine learning échappent à la politique de réduction de leur portefeuille de fournisseurs. Ainsi, 33 % des décideurs interrogés comptent réduire le nombre de leurs fournisseurs sur les infrastructures de stockage, et 36 % sur les serveurs. Même les infrastructures de la sécurité informatique sont concernées pour 26 % des décideurs. A contrario, 42 % des responsables IT prévoient d’élargir leur portefeuille de fournisseurs sur l’IA et le machine learning.
L’engouement pour ces technologies encore émergentes ouvre de nombreuses opportunités et se traduit dans les investissements des entreprises. L’IA générative compte désormais en moyenne pour 4,7 % des budgets IT en 2024 et devrait augmenter de 60 % dans les trois prochaines années pour atteindre 7,6 %. Afin de suivre ce marché en plein essor, nous avons créé un index regroupant les entreprises en fonction de leur niveau d’implémentation de l’IA générative dans leur organisation. Seules 20 % d’entre elles ne l’ont pas ou très peu adoptée. Les plus grandes d’entre elles et le secteur de la Tech avancent en pionniers et attendent, dans les trois prochaines années, des retours sur investissement trois fois supérieurs à ceux attendus par les entreprises moins matures.
Le développement accéléré de l’IA semble donc inéluctable. Il existe encore toutefois des freins à son déploiement à grande échelle. L’obstacle le plus cité par les dirigeants est l’immaturité de la technologie – jusqu’à 43 % d’entre eux le mentionnent dans les entreprises les plus avancées. Ces dernières identifient également des risques en matière de gestion des données, de réglementation et de formation. L’IA générative impose son tempo aux entreprises, et ne pas investir dans cette technologie n’est aujourd’hui plus une option. Les entreprises gagnantes seront donc celles qui veilleront à un juste équilibre des dépenses !
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