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JO 2024 : Un souffle d’innovation bien dosé

Par Alain Clapaud, publié le 25 juillet 2024

Qu’on se le dise, les Jeux de Paris 2024 seront innovants ! Une cellule dédiée s’est chargée dès le début de l’aventure de trouver des nouveautés à déployer dans les stades et sur les sites gérés par le Comité Olympique. Le digital s’y taille la part du lion, notamment pour faciliter l’inclusion de tous dans cet événement unique.

La créativité est, avec l’exigence et le partage, l’une des trois promesses des Jeux de Paris 2024. Une cellule innovation a été créée en 2019, au plus tôt dans le processus de création de l’organisation. Sa mission est de venir en soutien des différentes directions du Comité d’organisation, qu’il s’agisse de la technologie, de l’expérience spectateur, de la logistique, de l’accessibilité, des transports, de l’expérience en ligne, etc. « Il ne s’agit pas d’un outil marketing pour Paris 2024, mais d’une démarche qui vient en soutien des directions internes pour répondre aux attentes de tous les acteurs impliqués dans les Jeux », prévient Omar El Zayat, responsable de l’intégration de l’innovation au Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. « De facto, il y a beaucoup d’attentes de la part des athlètes, des spectateurs, des volontaires et des partenaires sur la capacité du Comité d’organisation à innover pendant les Jeux. »

80 POC menés pour 18 projets déployés

Un process a été mis en place pour accompagner les différentes directions, en commençant par la veille, le sourcing de prestataires et la compréhension des usages. La cellule innovation a ainsi aidé les directions métiers à formaliser leurs problématiques. Des sessions d’idéation ont été organisées avec elles et la cellule les a accompagnées jusqu’au prototypage. « Nous sommes convaincus qu’en testant des solutions rapidement, cela permet de voir s’il y a une appétence des métiers et des utilisateurs finaux pour une solution. Nous avons mené 80 POC dans le cadre de 26 projets différents. 18 ont abouti et ont été livrés dans le cadre de ces Jeux. » L’un des écueils habituels d’une telle démarche d’innovation est de se transformer en « usine à POC » qui n’aboutissent jamais. En outre, le côté éphémère de l’aventure des Jeux a conduit l’équipe à éviter d’expérimenter des technologies aux perspectives trop lointaines. « Nous avons expérimenté des technologies dans des domaines où nous savions qu’il existait un besoin, ce qui permet d’être rapidement très opérationnel et efficace. C’est aussi ce qui explique notre taux de réussite élevé. »

Omar El Zayat

Responsable de l’intégration de l’innovation au Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024

« Nous ne voulions en aucun cas lancer des POC pour le plaisir d’expérimenter. Contrairement aux entreprises classiques qui sont pérennes et qui peuvent gagner en maturité en faisant de multiples POC, le comité entrera en phase de dissolution dès la fin des Jeux Paralympiques, en septembre. On ne pouvait donc pas expérimenter des technologies indéfiniment et se placer dans des perspectives trop lointaines. »

Pour y arriver, l’équipe innovation a rencontré environ 350 start-up sur les 600 initialement sourcées. Des expérimentations ont été menées avec 35 d’entre elles. Néanmoins, la méthode d’innovation de Paris 2024 ne se limitait pas aux seules start-up. Des démarches ont aussi été menées avec les partenaires Orange, Intel, Decathlon, Salesforce, Atos, ainsi que le licencié Kinomap et quelques prestataires externes.

Parmi les sujets abordés lors de ces POC figuraient l’accessibilité numérique, l’accessibilité physique, ou encore l’optimisation du système de recrutement des volontaires en fonction des missions à assurer et des compétences de chacun. « Nous avons aussi travaillé, notamment avec la DSI, sur la modélisation 3D des sites de compétition afin de faciliter la planification opérationnelle et réaliser des visites virtuelles pour les Comités nationaux Olympiques et Paralympiques. Il y a aussi des projets novateurs comme le Marathon Pour Tous connecté, les systèmes audio dans les stades, etc. »

La DSI de Paris 2024 a bien évidemment été très impliquée dans plusieurs de ces projets. Marion Gauffridy, manager héritage et innovations technologiques de Paris 2024, raconte : « En collaboration avec l’équipe d’Omar El Zayat, nous sommes allés rencontrer les différents départements de Paris 2024 afin de leur présenter ces solutions. » Une priorisation des projets a été mise en place autour de différents axes : la « fan experience », l’accessibilité – l’un des axes clés des Jeux de Paris –, ainsi que les usages internes de la technologie pour accroître l’efficacité des opérations du Comité d’organisation et des parties prenantes. « Nous ne sommes pas dans une démarche de showcase qui se contenterait de montrer des nouvelles technologies, des nouvelles solutions. Une fois testées et validées, les innovations qui répondaient à un véritable besoin ont été déployées. »

Marion Gauffridy

Manager héritage et innovations technologiques de Paris 2024

« Nous ne sommes pas dans une démarche de showcase qui se contenterait de montrer des nouvelles technologies, des nouvelles solutions. Une fois testées et validées, les innovations qui répondaient à un véritable besoin ont été déployées. »

Ce pragmatisme ne signifie pas pour autant que les innovations présentées aux métiers ne mettaient en œuvre que des technologies matures : « Nous avons rencontré des start-up encore naissantes dont l’innovation correspond à un vrai besoin. Grâce aux POC menés avec elles, et parfois le soutien de leurs autres clients, ces jeunes pousses ont pu atteindre une maturité suffisante pour répondre à nos contraintes de déploiement et verront leur solution exploitée pendant les Jeux. »

De nombreuses innovations dans les stades et à leurs abords

Parmi les innovations qui seront déployées dans les stades figurent 45 tablettes haptiques 4G/5G de la société Touch2See. Celles-ci n’ont pas d’écran, mais permettent à un malvoyant de suivre un match de foot ou de volley du bout des doigts, la tablette reproduisant les mouvements du ballon à sa surface. Ce dispositif sera utilisable sur sept sports et parasports lors des Jeux de Paris 2024. Toujours dans ce souci d’améliorer l’accessibilité des Jeux, l’audiodescription sera proposée sur smartphone pour une liste de sports prédéfinie.

L’innovation ne cible pas que les spectateurs. BodyCAP, une start-up poussée par Orange, a conçu une gélule connectée pour les athlètes paralympiques. Celle-ci permet aux athlètes et à leurs préparateurs physiques de suivre leur température corporelle en temps réel, afin notamment d’optimiser leurs performances lors des épreuves.

Parmi les innovations qui seront déployées pour les Jeux de Paris 2024 dans les stades figurent 45 tablettes haptiques 4G/5G de la société Touch2See. Celles-ci n’ont pas d’écran, mais permettent à un malvoyant de suivre un match de foot ou de volley du bout des doigts
Parmi les innovations qui seront déployées dans les stades figurent 45 tablettes haptiques 4G/5G de la société Touch2See. Celles-ci n’ont pas d’écran, mais permettent à un malvoyant de suivre un match de foot ou de volley du bout des doigts

Dans les stades et à leurs abords, cette fois, un système de push to talk sera installé sur les 13 000 terminaux des forces de l’ordre, avec de la vidéo et la capacité de pinguer d’autres utilisateurs sur d’autres sites, et plus uniquement à portée de l’équipement radio classique.

Enfin, pour les besoins internes du Comité d’organisation, la cellule innovation a travaillé sur un projet baptisé CPOP, qui comprend trois volets. Le premier porte sur la SST (single source of truth), un référentiel de données où toutes les informations essentielles pour les Jeux sont rassemblées. Le second volet porte sur les plans des sites. Le troisième sur leur modélisation 3D. « Nous disposons de jumeaux numériques des sites de compétition. Nous travaillons avec Intel sur ce projet 3D ainsi qu’avec la start-up One-Plan qui a réalisé la modélisation. Cette application permet de se balader sur les sites comme dans un jeu vidéo. C’est très utile, notamment pour les installations temporaires comme la place de la Concorde. Un autre outil a d’ailleurs été développé à destination des comités nationaux et des fédérations internationales afin de suivre des visites 3D prédéfinies pour se familiariser avec les sites avant de venir à Paris. »


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