Data / IA
L’éthique – un impératif pour l’IA
Par La rédaction, publié le 19 septembre 2024
Alors que les investissements dans l’intelligence artificielle atteignent des sommets, la nécessité d’une régulation mondiale harmonisée s’impose. Trouver un équilibre entre innovation et responsabilité éthique est essentiel pour éviter que l’IA ne perpétue des biais ou ne porte atteinte aux droits fondamentaux.
Par Majid AlShehry, porte-parole de L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA)
Des données récentes de l’International Data Corporation ont révélé que les dépenses mondiales en intelligence artificielle devraient plus que doubler d’ici 2028, pour atteindre un montant estimé à 632 milliards de dollars. Avec des ressources financières considérables injectées en permanence dans cette industrie, le défi consistera à trouver un équilibre entre innovation rapide et responsabilité éthique.
Néanmoins, alors que les innovations en matière d’IA évoluent rapidement, la nécessité de conserver des lignes directrices éthiques solides et d’une gouvernance responsable n’a jamais été aussi cruciale. Pour construire une IA durable et responsable, il est essentiel de veiller à ce que ces progrès soient conformes aux valeurs de la société. L’intelligence artificielle a besoin d’une direction humaine pour s’assurer qu’elle est utilisée au service d’une activité éthique. Négliger la mise en place de normes rigoureuses pourrait conduire l’IA à renforcer les inégalités, violer la vie privée, menacer les droits de l’homme et favoriser des résultats discriminatoires.
Cela concerne en priorité l’éducation, la culture et la recherche scientifique. Dans le domaine de l’éducation, l’IA peut améliorer les expériences d’apprentissage mais si son accès est trop onéreux, seules une certaine proportion de la population pourra en bénéficier, ce qui accentuera donc les inégalités sociales. Il est essentiel que les élèves aient un accès équitable aux outils d’IA afin d’en récolter également les bénéfices. Les services financiers peuvent également être impactés par les dérives de l’intelligence artificielle. Si ces technologies peuvent rationaliser les processus de prise de décision, elles ont aussi le potentiel de perpétuer et même d’exacerber les inégalités sociales existantes. A titre d’exemple, une étude réalisée en 2018 par l’Université de Berkeley a révélé que les technologies de prêt à la consommation ont tendance à discriminer les candidats issus des minorités.
Des préoccupations mondiales
Les institutions mondiales reconnaissent de plus en plus les risques éthiques liés à l’IA, et se mobilisent dans le but de mettre en place des gardes fous règlementaires à l’échelle internationale. L’Union européenne a créé un précédent avec l’AI Act, qui établit des normes rigoureuses en matière de transparence et de protection des droits de l’homme, en particulier dans les applications d’IA à haut risque. Aux États-Unis, des géants de la technologie comme Google et Microsoft, qui figurent parmi les pionniers de l’IA, ont mis en place des directives strictes en matière d’éthique et d’IA. En plus de définir sept objectifs pour ses applications d’IA, Google a également listé les applications d’IA qu’elle ne poursuivra pas, la majorité d’entre elles se concentrant sur les applications qui causeraient des dommages ou ne respecteraient pas les droits de l’homme.
Mais il ne suffit pas qu’un petit nombre d’entités y participent. La collaboration mondiale sur la gouvernance de l’IA est essentielle pour établir des normes cohérentes et éthiques, et ce, à l’échelle mondiale. En nous engageant dans ces discussions, nous pouvons développer des cadres qui garantissent que les technologies de l’IA sont déployées de manière à bénéficier à la société et à minimiser les dommages. Nous avons besoin de salons, de rencontres internationales et de plateformes d’échange permettant aux parties prenantes des secteurs public et privé de se réunir et de tenir ces discussions essentielles pour parvenir à des normes éthiques et justes, tout en garantissant la compétitivité des acteurs du secteur : prévenir les préjugés et la discrimination dans les systèmes d’IA, la manière dont nous pouvons équilibrer le besoin d’innovation avec la nécessité de préserver la vie privée et la sécurité…
Les réponses à ces questions sont essentielles pour ouvrir la voie à une utilisation éthique de l’IA dans les années à venir.
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