Les prévisions IT 2024 à destination des DSI

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L’IA au coeur de toutes les prévisions pour 2024

Par Laurent Delattre, publié le 19 janvier 2024

Si l’année passée fut celle de la découverte de l’IA générative, celle qui s’ouvre devrait voir une amplification des investissements des entreprises, selon les projections des Capgemini, Gartner, Deloitte et consorts. Avec de la sélectivité dans des projets désormais mieux calibrés, notamment dans des DSI à l’affût de gains de productivité. Mais aussi, et c’est une nouveauté, avec une attention accrue pour les contraintes réglementaires à venir dans la lignée de l’AI Act.

Quiconque suit l’actualité de ces derniers mois ne saurait nier l’impact transformatif de la technologie. Directeur de l’innovation de Capgemini, Pascal Brier a beau jeu de le rappeler en introduction du Top 5 TechnoVision des tendances technologiques pour 2024 de l’ESN.

Il faut dire qu’une belle démonstration nous en a été donnée avec l’IA générative l’année passée. Et le mouvement va s’amplifier durant l’exercice qui commence. Les entreprises, désormais mieux organisées et avec des cas d’usage qui se multiplient, vont donner le « la » des prochains mois sur le front de l’IA, comme en témoigne le dossier du numéro 2290 du magazine IT for Business..

Mais voici déjà un petit florilège des prédictions des plus grands cabinets d’études.

Le passage en production (Gartner)

Grâce à la disponibilité de modèles pré-entraînés, de capacités de calcul intensif dans le cloud et de nombreuses solutions open source, 80 % des entreprises d’ici 2026 disposeront en production de modèles ou d’API d’IA générative ou d’applications incluant des fonctionnalités de ce type, contre seulement 5 % en 2023.

L’ère du DevEx (Deloitte)

L’IA générative va non seulement augmenter la productivité des professionnels, mais également introduire un véritable changement de paradigme au niveau de l’organisation et du fonctionnement de l’entreprise. Le cabinet alerte toutefois sur une vision trop court-termiste : « Beaucoup de chefs d’entreprise considèrent l’IA générative comme une simple pilule amaigrissante, un moyen rapide de réduire les coûts en automatisant et en supprimant des emplois. » L’intelligence artificielle doit plutôt être considérée comme un nouveau carburant : « Traditionnelle ou générative, l’IA peut (…) permettre de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée, mieux alignées sur les enjeux business de demain ».
Au sein des DSI, cela donnera lieu à un renouvellement considérable des pratiques de développement. Deloitte parle d’ailleurs de DevEx, en référence à l’expérience utilisateur ou client, à propos des nouveaux environnements proposés
aux ingénieurs logiciels.

Des modèles de langage réduits (Capgemini)

Le besoin de modèles plus petits et moins coûteux s’accroît. Ils pourront fonctionner sur des installations plus compactes, dotées de capacités de traitement limitées. En 2024, les nouvelles plateformes d’IA combattront mieux les « hallucinations » en associant des modèles d’IA générative avec des informations très qualifiées provenant de graphes de connaissances. Globalement, cette technologie devient plus accessible, plus polyvalente et plus rentable.

Le copilote prend les commandes du développement (Cloudbees)

Avec le développement des modèles LLM contextualisés, une nouvelle forme de coopération entre le développeur et l’IA va apparaître. Attention toutefois aux risques d’envolée des coûts avec ces systèmes capables de créer de grandes quantités de code et susceptibles d’exécuter des centaines, voire des milliers de demandes par heure.

Une livraison express et de qualité (Cloudbees)

« De la création du code à son déploiement, chaque étape sera orchestrée par des outils pilotés par l’IA. Les processus entièrement automatisés les utilisant pour créer, stocker, tester et déployer dans l’environnement cible deviendront la nouvelle norme. »
A contrario, les entreprises qui n’ont pas encore automatisé en ce sens leur software delivery peineront face à la concurrence.

Des capacités d’innovation à la hausse (Forrester)

L’IA générative est prête à augmenter la productivité dans toutes les fonctions informatiques, et pas seulement chez les développeurs. Les employés disposeront ainsi de 50 % de temps en plus pour « la résolution créative des problèmes », c’est-à-dire l’innovation.

Des travailleurs « augmentés » par l’IA (Gartner)

L’IA sera utilisée de manière généralisée pour améliorer les compétences dans les profils clés de l’entreprise, grâce à des applications et des analytics qui assisteront les collaborateurs. D’ici 2027, 25 % des DSI utiliseront cette « main-d’oeuvre connectée augmentée » pour réduire de 50 % le délai d’acquisition des compétences pour les rôles clés.

L’avènement des « robots clients » (Gartner)

Si le concept existe déjà dans le domaine des échanges B to B, les « custobots », robots spécialisés dans la négociation et l’achat de biens ou de services, seront déployés plus largement, bouleversant d’ici 2030 le paysage du commerce électronique.

Une conformité gérée proactivement (Forrester)

En prévision de l’entrée en vigueur du prochain règlement européen sur l’IA, les entreprises anticiperont leur stratégie de compliance, dans leurs achats de nouvelles technologies comme lors du recrutement de nouveaux talents.

Le numérique durable inscrit sur la fiche de paie des DSI (Gartner)

Les usages qui se développent grâce à l’IA ou à l’Internet des objets amplifient encore les questions sur l’impact environnemental du numérique. Le savoir-faire et les résultats des DSI en matière de durabilité vont devenir des paramètres de leur rémunération d’ici 2027 pour 25 % d’entre eux.

Les entreprises à l’épreuve de la souveraineté (Gartner)

Les questions de souveraineté, exacerbées par les conflits ou les controverses en cours, induisent des politiques impulsées par les États pour réduire les dépendances aux produits étrangers, mais aussi à leurs talents. Les entreprises devront identifier leurs risques en la matière et définir des plans d’actions pour réduire ces dépendances.

En conclusion, et à côté de la déferlante IA, Capgemini nous promet déjà d’autres révolutions « dans les semiconducteurs, la cryptographie postquantique, les batteries (qui) nous aideront à relever les défis de nos économies, de nos sociétés et de nos écosystèmes ». Décidément, pour les DSI, le rôle de passeur de technologies n’est pas près de disparaître.


L’IA souffle le chaud et le froid sur la cybersécurité

Avec quelques nuances, les éditeurs de solutions de cybersécurité affichent une belle unanimité sur les effets de l’IA générative dans leur domaine. Pour Trend Micro, 2024 verra évoluer les techniques de phishing grâce à l’apport des LLM dans la « qualité » des messages malveillants, plus difficiles à détecter de ce fait. L’éditeur craint même un « tsunami » des nouveaux usages de l’ingénierie sociale ‒ avec des images, des vidéos et des contenus vocaux contrefaits ‒ et de l’usurpation d’identité. Il anticipe aussi des attaques par « empoisonnement » contre les modèles d’IA eux-mêmes, du moins les modèles spécialisés avec des jeux de données plus réduits. Trend Micro espère tout de même que l’anticipation de ces tendances pourra « conduire à une surveillance réglementaire accrue et pousser l’industrie de la cybersécurité à réagir ».
Chez Kaspersky, même inquiétude quant à l’augmentation des menaces du fait de l’IA, mais avec une note d’optimisme… grâce à l’IA ! Les experts en cybersécurité l’utiliseront en effet de plus en plus pour se doter de défenses innovantes face aux cyber-attaquants, ce qui établira une sorte de statu quo sur « le paysage des attaques ». Prenant acte que la reconnaissance des contenus générés par l’IA se complexifie, l’éditeur russe prône l’élaboration de méthodes de filigrane pour en faciliter l’identification et déterminer leur provenance.



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