Newtech
L’IoT en panne de cas d’usages déployables à l’échelle
Par Thierry Derouet, publié le 22 février 2023
L’IoT est en panne de grands projets, est en quête d’implémentations à l’échelle. C’est la principale constatation d’une étude IDC commandée par Kyndryl. Mais cette brique technologique, essentielle dans les transformations digitales en cours, garde une place de choix dans les stratégies des entreprises françaises, qui prévoient de maintenir leurs niveaux d’investissement en 2023.
« Même si neuf entreprises sur dix ont entrepris, au cours des mois écoulés, une démarche IoT, il n’y a pas de raz de marée », souligne Cyrille Chausson, senior research and consulting analyst chez IDC France.
Et pour cause ! Les démarches en question, notamment en milieu industriel, demandent de la patience et des budgets. Ils nécessitent, selon Philippe Roncati, président de Kyndryl France, une «vision holistique […] très importante pour construire les gros projets de demain».
Comprenez ici que ceux qui recherchent un retour sur investissement immédiat vont en être… pour leur frais.
Des déploiements IoT à l’échelle au ralenti
Pour autant, quand IDC demande à près d’une centaine d’entreprises françaises de décrire leurs cas d’usages basés sur de l’IoT, rares sont celles à reconnaître des échecs (à peine 1 à 2% des cas), tant les besoins adressés portent sur du concret : traçabilité, maintenance prédictive, optimisation, robotisation de la chaîne logistique, smart building…
Par conséquent, 48% des entreprises interrogées déclarent vouloir maintenir cette année un budget stable de leurs dépenses IoT par rapport à 2022, et 43% envisagent d’augmenter à la marge cette enveloppe.
Pas de raz de marée donc, d’autant que le passage à l’échelle est long : seules 20% des entreprises françaises interrogées ont déployé plusieurs projets, tandis que 24% de plus n’en ont lancé que sur des périmètres limités.
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De la techno et du métier
Une des explications de ce lent décollage réside dans le fait que l’IoT n’est, le plus souvent, qu’une des briques employées sur ces projets, à l’origine pour de la collecte de données. Sont également à l’œuvre d’autres technologies qui concourent toutes à leur déploiement : edge et cloud computing, IA, 5G privée, environnements convergés…
Comme le rappelle Nicolas Sekkaki, general manager de la practice mondiale Application, Data & AI chez Kyndryl, « les capteurs ne sont que la face émergée de l’iceberg » et les projets nécessitent « d’intégrer l’ensemble des parties prenantes dans les cycles d’innovation et de décision pour réussir les déploiements et à impacter les métiers dans la durée ».
Un véritable travail d’équipe, donc, pour repenser le pilotage d’une usine, comme pour écouter celles et ceux qui savent traduire le sens d’une donnée.
IOT : le rôle clé de l’écosystème partenaire
Quand la réussite est là, par exemple chez des industriels comme Michelin, TotalEnergies ou Renault, elle a pour point commun l’existence et l’utilisation d’outils logiciels couplés à de l’IoT. Sans par exemple les solutions pour l’industrie d’un éditeur comme Aveva (passé récemment dans le giron de Schneider Electric), rien ne serait réellement possible chez Michelin.
C’est la présence d’un écosystème aidant à collecter de la donnée, à l’analyser et l’afficher notamment sous la forme de tableaux de bord tactiles et actionnables, qui met en valeur l’apport d’un IoT par ailleurs complexe à mettre en place.
Mais une fois le projet déployé à l’échelle, au bout de trois années d’un gros travail d’équipe, Michelin peut envisager l’étape d’après et mesurer un ROI.
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