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La 5G rend la chirurgie à distance encore plus précise
Par Pierre Berlemont, publié le 08 décembre 2022
La chirurgie endovasculaire fait référence à une chirurgie par l’intérieur des vaisseaux sanguins, permettant leur dilatation par l’introduction de cathéters, sous contrôle radiographique, dans les artères. Elle permet donc d’éviter « d’ouvrir » le corps. Mais elle nécessite la transmission de flux vidéo HD avec une faible latence et un très haut débit, que permet la 5G.
Des expériences de chirurgie à distance, avec un chirurgien recevant les images de l’opération afin d’aider le médecin sur place à réaliser l’intervention, ont déjà eu lieu ces dernières années. Mais elles utilisaient les réseaux 4G voire 3G. La 5G vient bousculer le domaine. Le CHU de Rennes vient ainsi de simuler sur un mannequin une opération chirurgicale cardiaque pratiquée à Athènes, grâce à plusieurs flux réseau 5G. Ce projet fait partie du projet de recherche européen 5G-TOURS, dans le cadre du programme Horizon 2020.
Le réseau employé est un réseau 5G privé, mis au point par l’IRT b<>com et Orange. Les lunettes connectées portées par le chirurgien étaient fournies par AMA, tandis que Nokia a livré les équipements réseau. La bande utilisée est celle des 26 GHz, la plus performante en termes de débit et de latence (comparée aux bandes allant de 700 MHz à 2,6 GHz). Elle fonctionne sur des distances courtes et ne traverse pas encore les obstacles.
Au total, ce sont trois flux vidéo qui ont été transportés. L’un provenait d’un échographe et d’une caméra HD et était envoyé vers le serveur hébergeant une application de réalité augmentée (RA) et l’écran de visualisation du chirurgien. Le second reliait l’application de RA à l’écran et le troisième transmettait les images des lunettes à un chirurgien « aidant » à l’opération, installé à Athènes.
L’application de RA servait à superposer des radiographies par rayons X et des échographies. Mais il faut pour cela que ces images soient parfaitement synchronisées, sous peine que les gestes du chirurgien soient en décalage par rapport à ceux prévus lors de la préparation de l’intervention, ce qui induirait des erreurs.
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L’expérience a été réalisée dans une salle spécifique du CHU, TherA-Image. « TherA-Image apporte une nouvelle dimension par l’utilisation des outils 3D, avant et pendant l’opération, avec pour objectif une amélioration de la thérapie et un moindre usage de la fluorescence », indique Philippe Mabo, professeur en cardiologie et maladies vasculaires. La chirurgie vasculaire est probablement la discipline qui a le plus évolué ces vingt dernières années.
« On est passé d’une chirurgie conventionnelle ouverte à une chirurgie endovascuslaire. On est donc obligé de préparer et vérifier ses gestes à l’aide d’outils d’imagerie sophistiqués. Elle s’opère en trois étapes : le sizing, qui consiste à mesurer la lésion et déterminer les outils à employer (prothèses) ; le planning, qui consiste à préparer son intervention et l’assistance pendant l’opération », affirme Antoine Lucas, docteur en chirurgie vasculaire.
Cela nécessite donc le développement d’applications spécialisées, réalisé par le LTSI (Laboratoire de traitement du signal et de l’image de l’Université de Rennes). De plus, la chirurgie endovasculaire fait intervenir plusieurs spécialistes, notamment dans l’imagerie. Dernier point, qui pourrait paraître anecdotique, une salle d’opérations sans câbles ne gêne pas les déplacements des intervenants et peut être configurée de différentes manières, selon les interventions. Dans le futur, l’équipe de chercheurs espèrent encore améliorer la qualité des images transmises.
À noter qu’en 2021, une expérimentation comparable a eu lieu en mobilité, déjà en 5G. Un médecin a réalisé une échographie lors d’un transport urgent en ambulance, les images étant transmises en temps réel par les lunettes connectées à un cardiologue situé au CHU.
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