Green IT
La Deeptech, un puissant levier pour la transition écologique
Par La rédaction, publié le 16 janvier 2023
Les défis de l’urgence climatique ne pourront très probablement pas être résolus sans nouvelles technologies et sans innovations majeures dans des domaines aussi clés que la décarbonation, les matériaux, les énergies, la transformation écologique de tous les processus, autrement dit sans investissement dans la R&D et la Deeptech.
Par Antoine Gourévitch, Directeur associé senior, BCG
et Anne-Douce Coulin, Directrice Deeptech, BCG
Pour les dirigeants, la question d’engager leur entreprise dans la transition écologique ne se pose plus. L’urgence climatique leur commande d’accélérer leur transformation. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les technologies matures ne permettraient de réduire que de 25 % les émissions de CO2.
La Deeptech jouera donc un rôle décisif dans leur nouveau modèle de développement. Mais se doter de ces innovations de rupture ne suffit pas. Pour garantir une croissance durable, les entreprises devront dans le même temps repenser l’ensemble de la chaîne de valeur et réinventer leur modèle économique.
Prendre ce virage dès maintenant protège de la volatilité et du renchérissement des cours des énergies fossiles, anticipe le coût de régulations environnementales de plus en plus contraignantes, et offre aux pionniers un avantage concurrentiel sur de nouveaux marchés.
Si ces bénéfices ne font pas de doute, piloter de telles transformations est ardu. Difficile, en effet, de choisir parmi les technologies de pointe, de prioriser les projets et d’accélérer la R&D tout en sécurisant son modèle économique. Notre expérience auprès d’entreprises leaders en matière de développement durable nous éclaire sur les clés de la réussite.
Les technologies avancées promettent de transformer les process à chaque étape, de la conception à la production en passant par la chaîne d’approvisionnement. Les sociétés les plus innovantes, comme SpaceX dans l’industrie spatiale, les appliquent ainsi de bout en bout, jusqu’au produit final avec ses fusées réutilisables.
En matière de recherche et développement, l’automobile et la pharmacie dépensent des milliards de dollars chaque année pour construire et tester des prototypes ou mener les essais cliniques.
Or, l’utilisation de l’intelligence artificielle et de l’informatique quantique accélère le rythme des simulations et permet de réduire significativement ces investissements.
De même, les progrès de la biotechnologie offrent des alternatives à l’utilisation du pétrole, en particulier pour la fabrication du plastique.
Dans le secteur de la construction, des start-up développent de nouveaux matériaux qui améliorent l’isolation, la résistance des bâtiments ou encore, dans certains cas, génèrent leur propre énergie.
Toutes ces innovations peuvent être articulées et combinées entre elles afin d’accroître encore davantage leur impact sur les émissions carbone.
À LIRE AUSSI :
Mais utiliser les produits issus de ces technologies avancées coûte encore très cher, entre 30 % et 50 % de plus pour les bioplastiques, et jusqu’à 240 % de plus pour le biofuel. Si leur coût marginal diminue fortement en passant à l’échelle – moins 90 % en dix ans pour le photovoltaïque – cette barrière à l’entrée reste un défi à relever.
Il existe plusieurs leviers pour amortir ce surcoût. Les entreprises peuvent commercialiser leurs produits dans un premier temps auprès des consommateurs les plus impliqués et prêts à payer cette « prime verte », pour ensuite élargir le marché, à l’instar d’Adidas avec ses baskets 100 % recyclables.
Cette stratégie est efficace mais insuffisante. Pour résoudre cette équation difficile, les entreprises doivent aller plus loin et s’ouvrir à de nouveaux modèles économiques. La crise climatique fait naître d’autres usages et inspire des offres de services innovantes. Ainsi, le fabricant d’électroménager Miele élimine l’obsolescence programmée en proposant des gammes incluant des mises à jour régulières et des réparations étendant ainsi la durée de vie de ses équipements à 20 ans ou plus. D’autres comme PepsiCo et SodaStream permettent aux consommateurs d’élaborer eux-mêmes leur boisson, réduisant l’utilisation de canettes en aluminium, de bouteilles en plastique et le transport d’eau.
Nous estimons que cette combinaison de la Deeptech et de modèles économiques innovants peut diminuer d’environ 80 % les émissions de carbone.
Pour être déployées, ces stratégies doivent pouvoir s’appuyer sur les méthodes de travail agiles, la conduite de projets en mode itératif et un solide écosystème de start-up de la Deeptech. Après la transformation digitale, les défis de la transition écologique accentuent encore la nécessité d’innover.
À LIRE AUSSI :
