Green IT
La DSI en première ligne de la sustainability
Par Alessandro Ciolek, publié le 23 décembre 2022
À l’occasion de son IT Symposium à Barcelone, Gartner a déroulé ses prévisions IT pour les années à venir. Sans surprise, la « sustainability », nouvelle priorité majeure pour la DSI, a occupé le devant de la scène. Avec la promesse d’économies bien séduisantes en temps de crise.
L’année 2022 n’épargne pas les entreprises en termes de crises. À celle des talents, toujours plus difficiles à recruter et à garder, et à celle de la cybersécurité, avec des systèmes informatiques qui, malgré les efforts, semblent encore vulnérables, s’ajoutent désormais les coûts de l’énergie et l’inflation.
Avec la crise environnementale, qui elle ne date pas d’hier, les dirigeants sont confrontés à un double enjeu : réduire les émissions de carbone et limiter au maximum les dépenses énergétiques.
Si la thématique « green » de l’IT Symposium n’était pas pour surprendre, une question plus inattendue a occupé une place centrale dans les débats : et si la sustainability via le digital et la réduction des coûts étaient désormais indissociables ?
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Selon Daniel Sanchez Reina, vice-président analyste chez Gartner, cela semble évident : « Il y a un cercle vertueux qui se crée. Le digital sert la recherche de pratiques responsables qui elles-mêmes génèrent des économies. C’est une stratégie deux-en-un. » Il n’y a donc plus à se poser de questions : « à chaque fois que vous pouvez réduire vos émissions de carbone, faites-le ! »
Message déjà compris ? En tous cas et selon une étude publiée par Accenture lors de la COP 27, 93 % des entreprises dans le monde se sont emparées du thème de la sustainability. Mais pas forcément par le bon bout.
Même si, pour Gartner, elle apparaît en 2022 pour la première fois parmi les douze priorités des grands patrons, elle ne trône pas en haut de la pile, loin derrière leurs préoccupations concernant la croissance de l’entreprise, la gestion des talents, et la transformation numérique.
En attendant mieux donc, le « green by IT » (ou IT for green) est décrit par le cabinet comme « le défi de notre génération », prévoyant que, d’ici à 2030, les technologies numériques pourraient – et devraient, donc – contribuer à la réduction de 10 à 20 % des émissions de carbone. À condition d’y mettre les moyens, mais également de comprendre quels sont les bons leviers à activer.
Ce travail de mise en œuvre et d’analyse des meilleurs leviers digitaux est toutefois encore largement devant nous. Selon Shanna Grafeld, analyste principale associée chez Gartner, « au cours de la prochaine décennie, nous allons découvrir les innovations qui vont faire de la sustainability une réalité tangible ».
Passées au filtre du célèbre « Hype Cycle » du cabinet, l’IoT, les véhicules électriques (et en particulier leurs bornes de rechargement), ou encore le BIM (avec ses jumeaux numériques de bâtiments) sont d’ores et déjà les technologies qui ont les impacts à la fois les plus concrets et les plus puissants pour répondre aux impératifs de la décarbonation.
L’IA, l’IoT et la blockchain, trois accélérateurs à surveiller
L’intelligence artificielle démontre jour après jour qu’elle permet une meilleure anticipation, par exemple sur la production de biens ou de services, qu’il est alors possible d’optimiser pour réduire ses dépenses (notamment énergétiques). Gartner cite à ce propos un distributeur italien qui l’a utilisée avec succès, réduisant de 39 % le gaspillage alimentaire et augmentant ainsi de 110 % ses revenus.
Le cabinet décrit l’IA, l’IoT et la blockchain comme les trois technologies qui vont jouer un rôle majeur dans les trois prochaines années. À la condition expresse qu’elles soient sous contrôle. En particulier, sans une réflexion sur un usage et des pratiques durables concernant l’IA, les dépenses d’énergie liées à son utilisation dépasseront, en 2025, celles des forces humaines qu’elle remplace… Daryl Plummer, analyste renommé de Gartner, est très clair à ce sujet : « Cette technologie peut avoir un effet à double tranchant sur le plan des résultats recherchés. C’est pourquoi il est essentiel que les DSI soient en capacité d’en mesurer les gains effectifs. »
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