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La dynamique d’animation du Campus Cyber se met en marche
Par Pierre Landry, publié le 12 mai 2022
Le Campus Cyber et Bpifrance signent un accord de coopération assorti d’un plan d’action commun pour accélérer le développement de la filière cybersécurité française, tout comme pour développer la création de projets entrepreneuriaux au sein de cet écosystème.
Inauguré mi-février, le Campus Cyber affiche complet, sur le papier du moins. « Nous avons vendu 100 % des 1800 positions disponibles, se félicite Michel Van Den Berghe, président du Campus Cyber. Mais l’onboarding n’est pas encore terminé ».
Et il restera des espaces « libres » : 30 % des 26 000 m2 de l’édifice de 13 étages sont voués à accueillir des rencontres plus ou moins formelles, à permettre des démonstrations, à faciliter la collaboration entre les différents membres résidents, à accueillir ponctuellement les non-résidents actifs sur des projets communs.
Un vaste écosystème
Plus de 150 entreprises et organisations ont réservé leurs espaces : des grands acteurs français de la cyberdéfense comme Orange, Sopra-Steria, Thales, Capgemini, Safran, Atos, etc. ; des représentants de la recherche, notamment l’Inria ; plusieurs ministères ; une trentaine d’associations, dont le Cesin et le Clusif qui y ont transféré leurs sièges sociaux ; l’accélérateur Cyber Booster ; et bien sûr des start-up.
L’Anssi y prend également ses quartiers et, ce qui est plus étonnant, des clients finaux sont également parties prenantes. Ils viennent du secteur de la mobilité (RATP, SCNF, Renault…), de l’énergie (Veolia, EDF, TotalEnergies, Suez…), ou encore du secteur banque-assurance (BNP Paribas, Banque de France, Axa…). On y reconnaît bien évidemment nombre d’OIV (opérateurs d’importance vitale) et d’OSE (opérateurs de services essentiels) qui viennent profiter de la synergie du campus.
« Mais ce n’est pas qu’un projet immobilier ! », se défend avec amusement Michel Van Den Berghe. Et si certaines banques ont décidé de s’y côtoyer, c’est aussi bien pour partager « ce qui est partageable » (par exemple au niveau de nouveaux types de cyberattaques, de la fraude en ligne, ou du phishing) que pour définir leur mission commune d’information au service des TPE et PME.
« On s’est aperçu que c’était le canal le plus efficace pour sensibiliser des chefs d’entreprise qui n’ont – malheureusement – souvent pas le temps de se préoccuper des sujets de cybersécurité », regrette Michel Van Den Berghe.
Faire monter en puissance la filière française de la cybersécurité
L’écosystème français de la cybersécurité est déjà très dynamique, et propose des solutions dans tous les domaines ou presque : antivirus, XDR, SOC managés, pentest, zero trust, SASE, contrôle d’identité, cryptographie post-quantique, etc.
L’un des enjeux est toutefois de rendre plus cohérente et plus visible cette offre, tout comme de peupler un peu plus le secteur. Et Michel Van Den Berghe de pointer le déficit actuel de 15 000 postes ouverts en France qui ne trouvent pas preneur, notamment auprès du public féminin, pour des raisons d’image et de méconnaissance des différents métiers disponibles, qui ne sont pas que techniques ni réservés à des geeks. « Sur 15000 jeunes, en Ile de France, qui suivent une formation numérique, seuls 300 à 400 sont intéressés par la cybersécurité, dont à peine 10% de femmes », rappelle-t-il.
Des projets financés à hauteur de 50% par l’État
Rassembler cet écosystème doit également permettre de monter des plateaux qui permettront de réaliser des projets ambitieux, que l’État – actionnaire à 44 % du dispositif -s’engage à financer à hauteur de 50% dans la limite actuelle de 400 M€. Une manne pour les autoentrepreneurs, les start-up, les scale-up les plus dynamiques, que Bpifrance va pouvoir accompagner dans le secteur plus précis de la cybersécurité, au travers de ses différents outils de financement et d’aide.
« Le Campus Cyber doit être le lieu d’un bouillonnement d’idées et l’accord signé avec Bpifrance va permettre d’aider à les financer, se réjouit Michel Van Den Berghe. Il va nous rester à trouver un modèle pour fabriquer des licornes françaises de la cybersécurité. Parmi nos 26 licornes nationales, aucune n’est dans ce secteur. »
« On va travailler ensemble sur plusieurs sujets, dont le volet Start-up studio, mais aussi sur l’axe deeptech. La cybersécurité est une grande priorité pour nous, comme l’est par exemple le sujet green », ajoute Paul-François Fournier, directeur exécutif de l’innovation chez Bpifrance.
Les prochaines étapes
Des extensions du Campus Cyber sont déjà prévues. Un campus « plus horizontal » sera déployé dans les Yvelines, où pourront être menées des expérimentations grandeur nature notamment sur les objets connectés, les véhicules autonomes, les drones,… D’autres campus sont également prévus en région.
Enfin, Michel Van Den Berghe imagine bien une tête de pont aux États-Unis pour y accompagner les start-up ayant un fort potentiel commercial outre-Atlantique.
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