Sécurité de la supply chain dans la logistique

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La logistique a si peu appris de la crise Covid

Par François Jeanne, publié le 14 avril 2025

Les enseignements tirés de la succession des crises – sanitaires, géopolitiques ou encore énergétiques – n’ont pas encore modifié en profondeur l’approche qu’ont les entreprises de la résilience de leur supply chain. Une étude mesure ce retard à l’allumage, mais pointe le rôle positif que pourraient jouer les SI pour le combler.

Comme dans de nombreux autres domaines, la crise de la Covid-19 a joué un rôle de révélateur pour les responsables des supply chain dans les entreprises, et pour leurs dirigeants. Les difficultés d’approvisionnement pendant la pandémie, puis les ruptures de stocks qui ont accompagné la reprise de l’activité économique avec des répercussions sur les prix et les délais de fabrication, ont fait vaciller bien des certitudes. Ajoutons à cela un porte-conteneurs qui bouche le canal de Suez et, quelques mois plus tard, une guerre qui fait s’envoler les prix des carburants, donc ceux du transport de marchandises… On se dit qu’à la lumière de ces multiples événements, le « plus jamais cela » a dû devenir la norme dans les conclaves réunissant logisticiens et membres du Comex.

Dire qu’il n’en a rien été serait exagéré. Mais l’inverse aussi. La lecture des résultats de l’étude menée par Sopra Steria Next et l’association professionnelle France Supply Chain, laisse dubitatif sur le fait que toutes les leçons ont été tirées. Ainsi, 19 % seulement des entreprises du panel affirment avoir planifié une démarche et des investissements structurés pour renforcer la résilience de leur chaîne logistique. Près de la moitié (42 %) se contentent d’investissements localisés ce qui, lorsqu’on parle de chaînes dont la fragilité dépend des maillons les plus faibles, interpelle forcément. Et elles sont tout de même 27 % à en rester à des projets d’amélioration à la marge, quand 8 % avouent n’avoir rien fait du tout.

Une réaction… et puis ?

L’étude, malgré un optimisme de bon aloi qui lui fait préférer voir les progrès accomplis plutôt que le travail qui reste à faire, est amenée à constater que « les investissements en résilience (sont) encore trop réactifs. Après chaque crise, les entreprises investissent massivement, mais réduisent leurs efforts une fois l’urgence passée, selon un schéma “boom and bust” ».

Il reste quand même des éléments positifs. Ainsi, Yann de Feraudy, président de France Supply Chain, constate « une prise de conscience du senior management quant à l’importance de la résilience et de la gestion proactive des risques. Certaines entreprises ont mis en place des gouvernances dédiées, incluant des équipes multidisciplinaires (achats, supply chain, risques corporate, etc.). »

Toujours dans le registre du verre à moitié plein, Philippe Armandon, directeur de la practice Excellence des Opérations et Supply Chain chez Sopra Steria Next, préfère parler « d’entreprises encore en transition : elles perçoivent la résilience avant tout comme une gestion des risques à court terme, alors qu’elle devrait être envisagée comme une capacité stratégique durable. »

Enfin, il y a certainement lieu de se réjouir que les SI et leur capacité à faire communiquer l’entreprise avec son écosystème se voient assigner, par les auteurs de l’étude, un rôle central dans la résilience de la supply chain. Mais force est de constater, avec eux, qu’avec seulement 15 % des entreprises qui disposent de systèmes d’information dits prédictifs et prescriptifs, ce fantastique outil est sous-utilisé. Promis, à la prochaine crise, on change tout ?


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