Cloud
La pertinence du cloud toujours en balance
Par François Jeanne, publié le 19 octobre 2023
Le cloud, c’est bien : économique, agile, vertueux sur le plan environnemental, innovant, etc. Serait-il possible de penser encore le contraire ? Le cloud serait-il finalement éternellement en balance ? L’avalanche d’études depuis cet été sur le sujet donne pourtant l’impression que les fournisseurs pensent devoir encore marteler certains messages. Quitte à se contredire entre eux et sans répondre forcément aux questions qui dérangent. Petit florilège.
On commence avec l’étude d’IDC pour Eviden qui, sur fond de tendance persistante des entreprises à la digitalisation, explique qu’il faut pour cela qu’elles se dotent de « fondations cloud solides et dynamiques pour alimenter la compétitivité [et nourrir] des initiatives ayant un impact stratégique à long terme, comme la sécurité et la durabilité.»
Sur la sécurité, il n’y a pas de débat. En revanche, sur la durabilité, une étude d’Infosys, qui s’arrête notamment sur le marché français, indique que la réduction des émissions de GES n’a motivé que 2% des migrations vers le cloud.
Qui croire, donc ?
Même la question des économies ne semble pas mettre tout le monde d’accord. Selon IDC, la réduction des coûts IT (citée par 33% du panel) constitue bien le premier atout attendu du recours au cloud, devant les bénéfices en termes d’innovation (21%) et d’amélioration des opérations (21%).
Côté Infosys, les répondants français expriment plutôt une certaine déception concernant ces promesses d’économie. Au niveau mondial, l’étude relève même que «alors que 67% des entreprises ont déjà augmenté leurs dépenses liées au cloud cette année, elles sont désormais 80% à prévoir d’augmenter leurs dépenses l’année prochaine».
Parce qu’elles maîtrisent mal ces dépenses ? Parce que les coûts augmentent ? Parce que l’utilisation du cloud s’étend au travers de l’entreprise ? Les études ne le disent pas.
À LIRE AUSSI :
Il n’empêche qu’IDC a mesuré que le cloud privé avait cédé du terrain en 2022 au profit du cloud public (qui passerait même de 23% à 33% en 2023), alors même que les évolutions tarifaires, notamment celles des principaux hyperscalers américains, sont décriés depuis quelques mois. Plus précisément, IDC prévoit même que d’ici fin 2023, 25% des entreprises exécuteront plus de la moitié de leurs applications dans un environnement de cloud public.
De façon plus pernicieuse, le cabinet d’études américain dresse une typologie qui s’extasie devant les entreprises qui se comportent en « leaders digitaux ». Celles-ci sont, à 29%, prêtes à dépenser plus en mettant l’accent sur des déclinaisons souveraines des clouds publics – un combat très prégnant en France –, ou au moins en investissant, pour 23% d’entre elles, sur les architectures cloud-ready (containers, micro-services, serverless).
Toutefois, comme les «entreprises retardataires», elles sont environ un tiers à vouloir aussi réduire les coûts de leur usage actuel du cloud.
Alors, faut-il être ringard ou au contraire visionnaire pour faire partie des 24% d’organisations qui, selon HCLTech, s’apprêtent à « rapatrier une partie de leurs workloards et de leurs données sur des infrastructures on-premise » ? Choisissez votre camp !
Des experts cloud à portée de main de la DSI ?
Les deux tiers des responsables informatiques mondiaux interrogés par Equinix prévoient d’embaucher dans les douze prochains mois. Les spécialistes du cloud font partie des profils les plus recherchés, par 40% des DRH, juste devant ceux de l’IA et du machine learning (37%). L’étude ne précise toutefois pas les compétences cloud qui sont réellement sous tension : la maîtrise des composants disponibles dans le cloud (bases de données, réseaux, stockage, etc.) ; celles qui relèvent des technologies en vogue (entraînement des IA dans le cloud par exemple) ; le savoir-faire en matière de cybersécurité ; ou encore les bonnes pratiques économiques (FinOps) ? Il faudra aussi vérifier que les expertises en question ne sont pas déjà à la DSI, parmi les équipes en place, ce qui pourrait ainsi, moyennant des parcours de formation continue, éviter de coûteux recrutements extérieurs. Sans compter que les ressources en question sont déjà activement chassées par des acteurs du cloud et les ESN.
À LIRE AUSSI :
À LIRE AUSSI :