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La santé des ESN françaises en pente douce
Par François Jeanne, publié le 20 septembre 2023
Numeum a revu à la hausse ses prévisions de croissance du secteur numérique français pour l’exercice 2023. La santé des ESN va bien. Mais si les leaders ont annoncé des performances correctes sur le premier semestre, ils restent prudents, sur fond d’inflation et, surtout, de pénurie de ressources.
En juin, Numeum, l’association qui représente le secteur du logiciel, du service et du conseil IT en France, a relevé ses prévisions de croissance annuelle pour le marché hexagonal. Elle anticipe désormais un CA global de 65 Md€, en augmentation de 6,3 % (contre 5,9 % estimés en fin d’exercice 2022).
En particulier, le segment des services devrait réaliser un CA de 33,5 Md€ en fin d’année, en augmentation de 4,2 % (au lieu des 3,7 % estimés initialement).
Les ESN poursuivent donc leur belle période, après une année 2022 qui les avait déjà vues connaître une croissance record de 5,1 %, selon Numeum.
Révélé cet été par PAC, le classement pour 2022 des dix premiers acteurs mondiaux opérant sur le marché hexagonal confirme d’ailleurs cette insolente santé. Le cabinet d’études a calculé une augmentation globale du marché des services de 6,6 %, un taux record depuis 2008 !
Et ces premiers acteurs, qui représentent à eux seuls près de la moitié du secteur, surperforment même avec une croissance moyenne de 10,9 %.
On peut se demander dès lors si les avertissements répétés depuis la fin de l’année dernière, sur fond d’inflation et de budgets informatiques des entreprises sous contrainte, vont finir par se traduire dans les résultats des ESN.
Pas sur le premier semestre en tout cas, puisque Capgemini, par exemple, a connu une croissance de 9,2 % en France à taux de change constant, et de 7,3 % au niveau mondial à périmètre constant. Steria a enregistré une progression organique de 6,9 % (17,1 % en tenant compte de l’intégration de CS Group). Dans les deux cas, les directions financières anticipent une baisse de la croissance au second semestre.
On sait que ce genre de préannonce a parfois pour objectif de booster le cours de l’action lorsque les véritables résultats, meilleurs que prévus, sont annoncés.
Il reste que la pénurie de ressources humaines est toujours problématique en France et que, moins que la demande, c’est peut-être la capacité d’y répondre des ESN qui finira par ralentir leur course en avant.
L’innovation et le recrutement ont porté la croissance des ESN et ICT
Numeum et KPMG en France ont publié la semaine dernière l’édition 2023 de « Grand Angle ESN & ICT », l’étude annuelle de référence sur les Entreprises de Services du Numérique (ESN) et d’Ingénierie et de Conseil en Technologies (ICT) en France.
L’étude confirme les tendances déjà illustrées par l’étude PAC évoquée ci-dessus. Elle montre clairement que le recrutement, la fidélisation et la formation des talents sont les 3 axes indissociables pour leur croissance. Une croissance principalement portée par une stratégie centrée sur le développement d’offres à très haute valeur ajoutée et innovantes (80%), la mise en place de plans de recrutement (74%) et le positionnement sur des secteurs porteurs (62%) comme les services financiers, l’énergie et l’industrie.
Parmi les autres tendances mises en avant on notera que les critères ESG et la réduction de l’empreinte carbone sont désormais devenues des priorités pour construire un numérique plus responsable. Elles sont désormais 63% à avoir rattaché la fonction RSE/ESG à la direction générale et 61% à avoir défini une raison d’être, en hausse de 7 points sur un an.
Parallèlement, le développement de solutions innovantes est plus que jamais au cœur des stratégies de ces ESN et ICT. Elles ont investi en moyenne 7% de leur chiffre d’affaires dans la R&D interne et l’innovation en 2022 et 13% de leurs effectifs s’y consacrent à temps plein, soit une hausse de 8% par rapport à la précédente étude.
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