La stratégie tout cloud de SAP, Oracle et consorts inquiète les clients On-Prem

Cloud

La stratégie « tout cloud » des éditeurs ne fait pas que des heureux

Par François Jeanne, publié le 30 mai 2022

Les actionnaires d’Oracle, de SAP et consorts ne peuvent que se réjouir du mouvement désormais largement entamé de bascule de leurs offres d’ERP ou de CRM dans le cloud. Mais si les résultats financiers de ces stratégies ‘tout pour le cloud’ sont bien là, les interrogations de la base installée historique n’en demeurent pas moins.

La croissance des grands éditeurs d’ERP dans le cloud est bel et bien au rendez-vous : +31% pour SAP au premier trimestre 2022 ; +24% pour Oracle sur son trimestre fiscal se terminant en février.

Les ERP en question ne sont pas seuls à booster ces chiffres. Ainsi, S/4Hana ne représente « que » 400 M€ des 2,8Md€ de revenus dans le cloud annoncés par l’éditeur allemand. Mais ses ventes croissent tout de même de 78% sur un an, là où le chiffre d’affaires trimestriel global ne s’élève que de 11% à 7,1Md€.

De son côté, Oracle annonce 2,8Md$ de revenus pour ses offres IaaS et PaaS, et un nombre impressionnant de grandes signatures. Larry Ellison a par exemple cité, dans le secteur des services financiers, la Société Générale. Et parmi les récents clients de ses logiciels ERP et HCM (gestion du capital humain), figurent notamment Tata Steel, BAE Systems, ou encore Canon.

La comparaison entre les deux leaders de l’ERP ne peut guère aller au-delà, l’américain s’étant engagé dans une course à la puissance face aux hyperscalers sur les infrastructures, tandis que l’Européen reste concentré sur son activité logicielle.

Infor, pour sa part, reste une entreprise privée et ne délivre pas autant de métriques financières que ses deux grands compétiteurs. Sur l’année 2021 entière, l’éditeur américain annonce néanmoins avoir réalisé un chiffre d’affaires global de 3Md$, dont un tiers par le biais de souscriptions à ses ERP verticaux en mode SaaS. Selon lui, ce mode a représenté 84% de ses ventes de licences en 2021 (contre 67% en 2018).

LES CLIENTS ON-PREMISE RÉCLAMENT L’ATTENTION

Ces éditeurs ont toutefois en commun une base installée hors cloud qui pèse encore lourd : environ 60% des revenus chez SAP ; plus de 70% chez Oracle. Et les clients correspondants aimeraient sans doute un peu plus de nuance de la part de leurs éditeurs préférés, qui ne font presqu’aucune annonce les concernant, réservant leurs investissements R&D et leurs dépenses marketing aux seules offres cloud.

Les utilisateurs francophones de SAP n’ont pas manqué de le constater à l’occasion de leur dernier congrès, qui a vu la réélection de Gianmaria Perancin (EDF) à leur tête : « Tandis que SAP semble de plus en plus orienter sa stratégie vers le “tout cloud”, l’association observe chez ses adhérents un certain nombre de freins à son adoption : questionnements sur le traitement des problématiques de souveraineté, manque de clarté de l’offre, besoin de mieux comprendre les modes de souscriptions et le modèle tarifaire, etc. »

L’USF se promet donc de rester vigilante et de travailler à « lever les doutes quant à la valeur attendue d’une stratégie cloud ».

Sans oublier de demander des engagements pour les clients SAP désireux de rester sur un modèle hybride cloud/ on-premise, ou sur un modèle intégralement on-premise. Kein Problem ?

 

SALESFORCE VEUT INVESTIR MASSIVEMENT EN FRANCE

Le leader mondial du CRM a annoncé un plan d’investissement de 3,5 Md$ sur les cinq prochaines années en France. Une confirmation après un premier projet de 2,2 Md$ lancé en 2018. Et sans doute une nécessité pour soutenir la croissance
de l’écosystème Salesforce en France, dont IDC prévoit une croissance des revenus à plus de 53 Md€ d’ici 2026, avec la création de plus de 210 000 emplois directs ou indirects.
La guerre des talents, qui inquiète tant l’USF ‒ laquelle réclame 3 000 consultants SAP de plus à cor et à cri ‒, ne devrait pas s’éteindre de sitôt sur le front des progiciels…

 


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