RH
La Tech US souffrirait d’offres d’emploi fantômes (ghost jobs)…
Par Laurent Delattre, publié le 03 décembre 2024
« Les Ghost Jobs »… Voilà une nouvelle tendance de la Tech US dont on se passerait bien. Selon une récente étude et plusieurs articles américains récents, la nouvelle mode RH outre-Atlantique consiste à publier de fausses offres d’emploi… pour booster le moral des troupes internes !
Attention à cette nouvelle tendance venue tout droit des USA. Selon ResumeBuilder, 4 entreprises sur 10 aux USA auraient publié de fausses offres d’emploi. Un phénomène qui commence à inquiéter les chercheurs d’emploi outre-Atlantique qui ne comprennent pas pourquoi il est si difficile de trouver du boulot, notamment dans la Tech en cette fin d’année 2024, alors que les offres pullulent…
Et les chiffres de l’étude de ResumeBuilder sont assez édifiants :
* 80% des recruteurs affirment avoir déjà posté des offres d’emploi sans aucune intention de les concrétiser.
* 40% des entreprises ont publié une fausse offre d’emploi cette année.
* 3 entreprises sur 10 ont actuellement des offres d’emploi fictives actives.
* 7 managers sur 10 estiment que la publication d’offres fictives est moralement « acceptable »
Dans la Tech aux US, jusqu’à un tiers des offres d’emplois publiées seraient en ce moment des « ghost jobs » !
De fausses offres… à effet psychologique
Les motivations de telles pratiques sont en réalité bien plus nombreuses qu’on pourrait le penser.
Les données de ResumeBuilders indiquent que 67% des entreprises ont diffusé des annonces sans intention réelle d’embauche pour projeter une image d’ouverture aux talents externes. Dans la même veine, 66% ont utilisé cette pratique pour créer une perception artificielle de croissance organisationnelle. De manière plus problématique, 63% des sociétés ont publié ces offres fictives dans le but de faire croire à leurs employés actuels qu’un renfort était imminent pour alléger leur charge de travail.
La dimension psychologique de cette pratique s’illustre également par les 62% d’entreprises qui ont utilisé ces annonces comme levier de pression, cherchant à instiller chez leurs collaborateurs un sentiment de précarité et de remplaçabilité.
Enfin, 59% des organisations ont exploité ces offres factices comme un moyen de constituer une base de données de candidatures, créant ainsi une réserve de talents potentiels pour d’éventuels besoins futurs. Cette analyse met en lumière les enjeux éthiques et managériaux liés aux stratégies de recrutement contemporaines.
Dit autrement, de nombreux managers pratiqueraient la publication de « Ghost Jobs » à des fins purement psychologiques sur leur effectif actuel.
Ainsi, pour 68% des managers, ces fausses annonces ont augmenté les revenus, le moral et la productivité des équipes internes.
Au passage on notera que 7 managers sur 10 pensent que publier de fausses offres d’emploi est moralement acceptable.
Attention à l’effet boomerang
Bien évidemment de telles pratiques ont des conséquences sociales et économiques négatives à plus ou moins long terme, comme l’inefficacité du marché du travail, l’augmentation des coûts pour les candidats, et la complication de l’analyse des données par les chercheurs et les décideurs politiques. Sans compter que la pratique pourrait très vite faire perdre confiance en l’entreprise et détruire tous ses efforts pour créer « une marque employeur ».
Et de nombreuses voix commencent à s’élever pour dénoncer des pratiques inacceptables et le manque de transparence dans la publication des annonces, notamment via les sites en ligne et plateformes spécialisées.
Et la tendance pourrait bien s’étendre à l’Europe, où l’on constate que des entreprises laissent des offres en ligne plusieurs semaines après que les postes aient été pourvus, et ceci même si ces pratiques peuvent contrevenir aux lois sur la publicité mensongère et aux directives sur les pratiques commerciales déloyales.
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