Cloud
Le cloud français connaît une croissance soutenue
Par La rédaction, publié le 21 mai 2013
A l’occasion des Etats généraux du cloud computing, les acteurs du cloud se sont félicités de la belle santé du marché hexagonal, avec une croissance annuelle de 30 %. Un dynamisme qui contraste avec les difficultés rencontrées par les SSII et les éditeurs traditionnels.
C’est Pierre-José Billotte, président d’Eurocloud France, qui a donné ce mardi 21 mai le coup d’envoi des Etats généraux du cloud computing, dont l’association est l’organisatrice. Une édition 2013 résolument placée sous le signe de l’optimisme. Cette journée de rassemblement des acteurs du cloud français a fait salle comble avec plus de 700 inscrits.
En dépit d’un environnement économique peu favorable du côté des entreprises, et dans une atmosphère de réduction des budgets publics, la croissance du cloud ne faiblit pas dans l’hexagone. Le panel d’analystes présents ont estimé cette croissance de 25 à 30 %. Un beau résultat, alors que le logiciel traditionnel ne croît plus qu’à un rythme de 7 % par an.
Une bulle de croissance qui n’exclue pas quelques points d’inquiétudes. Pierre-José Billotte a ainsi souligné les dangers des mesures proposées dans le rapport Lescure pour les acteurs du cloud français : « On doute de la capacité des rédacteurs de ce rapport à bien comprendre les mécanismes intimes du développement du cloud somputing. La proposition 32 du rapport Lescure envisage de taxer le cloud computing. Quand on sait que le cloud computing va prendre la place d’une grande partie de l’industrie informatique, on va taxer l’informatique ! Ça n’a aucun sens ! »
Autre cheval de bataille du président d’Eurocloud, le rôle de la commande publique dans l’essor du cloud français. « C’est à la fois un moyen de réduire la dette de l’Etat, avec une économie de 30 à 50% de la dépense informatique d’une organisation publique, c’est stimuler l’innovation si on consacre une part importante de cette commande publique aux entreprises innovantes et aux PME et on stimule le marché local. » Et le responsable de demander la mise en place d’une stratégie « Cloud first » comme l’ont déjà fait les Etats-Unis et, voici quelques jours seulement, le Royaume-Uni.
Face à Pierre-José Billote, c’est Jacques Marzin, directeur de la Disic (Direction interministérielle des systèmes d’information et de communication), en quelque sorte le DSI de l’Etat français, qui est venu défendre la politique de l’Etat français vis-à-vis du cloud computing. « L’intérêt du cloud est évidemment lié à la maîtrise des coûts. Mais l’argument que cela coûtera moins cher, je l’ai entendu tous les trois ans depuis que je m’occupe d’informatique. Et ça fait maintenant trente ans ! On va donc prendre un peu de recul, mais je comprends tout à fait que la commande publique a un rôle de soutien à tenir. On cherche à avoir une politique dynamique et volontariste. »
Le directeur de la Disic a aussi souligné le rôle motivant que pouvait avoir ce mouvement du système d’information de l’Etat vers le cloud pour les 28 000 informaticiens de l’Etat. « Dans dix ans, toute application de l’Etat devra pouvoir être déployées dans n’importe quel datacenter, qu’il soit interne ou externe », a-t-il rappelé. Comme il l’avait déjà évoqué lors d’une interview accordée à 01 Business, Jacques Marzin a parlé du projet de consolidation de la centaine de datacenters que compte l’Etat sur le territoire.
Il a écarté la possibilité qu’il y ait seulement trois datacenters géants, et émis quelques réserves sur l’adéquation du cloud public vis-à-vis des besoins collossaux de l’Etat : « J’attends de voir une grande banque ou un grand industriel comptant 3 millions d’agents aller sur le cloud public et gagner de l’argent comme ça ! » La Disic prévoit d’ouvrir aux ministères son prototype de cloud privé pour une première expérimentation avant de convertir le système d’information de l’Etat tout entier au cloud. Rendez-vous dans dix ans.
Le cloud, un marché en croissance de 30 %
Tous les analystes sont d’accord là-dessus : le cloud computing a connu en 2012 une croissance de 30 % environ, un taux quasi analogue à 2011. Mais le baromètre 2013 Markess des prestataires de cloud computing fait apparaître de fortes disparités. Selon qu’on est une grande entreprise, une ETI (entreprise de taille intermédiaire) ou une PME, et selon que l’on est du secteur privé ou public, les offres cloud choisies sont radicalement différentes.
Ainsi, la demande issue du secteur public est encore faible pour ces offres. Ce sont essentiellement les collectivités locales et régionales qui optent pour des solutions en mode Saas (Software as a Service). Du côté des grandes entreprises et des ETI, les demandes portent essentiellement sur des offres Iaas (Infrastructure as a Service) alors que les TPE et les PME se tournent plus spontanément vers les offres Saas. Markess estime le marché français global à 3,4 milliards d’euros pour cette année, et à 5 milliards à l’horizon 2015.