Cloud

Le cloud privé, un cloud avec des services payants

Par La rédaction, publié le 16 novembre 2012

Les prestataires de proximité essaient de convaincre leurs clients qu’un cloud privé vaut mieux que le cloud public. Même si c’est beaucoup plus cher.

Et si le cloud privé n’était qu’une solution éphémère ? Tandis qu’Amazon et Microsoft peinent à évangéliser les vertus de leurs clouds publics auprès d’entreprises encore profanes, et en attendant que les deux grands services Numergy et Cloudwatt voulus par le gouvernement soient disponibles, les intégrateurs d’hier occupent le terrain du cloud. Comme MTI, qui installe des serveurs dans les entreprises françaises, anglaises et allemandes, ils sont nombreux à avoir étendu leur catalogue avec des serveurs virtuels qui s’exécutent en ligne.

Les intégrateurs sont pour la plupart des PME, mais leurs clouds ont les mêmes fonctions que ceux des acteurs internationaux. Il n’y a plus de matériels à acheter, à alimenter, à refroidir, à réparer. Le client loue des serveurs virtuels à un prix cassé, les utilise au travers d’une connexion internet et ces serveurs se multiplient tout seuls lorsqu’il y a un pic d’activité commerciale à traiter.

Keith Clark, le PDG de MTI.

Les intégrateurs, qui faisaient auparavant de l’infogérance, proposent du cloud de proximité. « Vis-à-vis des clouds publics, nous ne gagnerons pas sur les prix. Nous gagnerons sur le service. Chez MTI, nous rencontrons nos clients et nous les aidons à maintenir en bonne santé les ressources informatiques qu’ils louent », indique ainsi Keith Clark, le PDG de MTI. Chez Amazon, le service est autrement plus fruste : on se contente d’acheter des serveurs sur un site web pour les utiliser par internet.

C’est toute la différence entre une offre de cloud privé, où l’intégrateur peut aller jusqu’à dédier des ressources matérielles à ses clients, et une offre de cloud public, où Amazon, Microsoft, Salesforce et autres Google ne veulent même pas dire comment s’exécutent les machines virtuelles qu’ils commercialisent.

Keith Clark dit qu’il offre des services managés au-dessus de son cloud : MTI propose à ses clients de suivre l’activité technique des serveurs virtuels, d’analyser ce qui s’y passe ou encore de prendre en charge leur maintenance. En cas de panne, de ralentissements ou d’intrusion frauduleuse, le client pourra ouvrir le capot pour intervenir, ou alors vérifier que MTI s’occupe de tout.

Des factures à rallonges

Seulement voilà. Chez les intégrateurs, chaque service d’accompagnement est facturé en plus de la ressource en cloud. Et c’est bien le problème. Les mêmes ressources informatiques deviennent plus chères dans un cloud privé qu’elles ne le sont dans un cloud public. Le sujet fâche. Au point que les tarifs de ces options, au prorata du nombre de serveurs virtuels loués, sont rarement publics.

Or, à bien y réfléchir, le bon fonctionnement d’un serveur virtuel, ses pannes, ses failles de sécurité et sa maintenance avec des systèmes à jour sont la responsabilité de celui qui commercialise la location de cette ressource. Pourquoi diable une entreprise devrait-elle payer pour résoudre les dysfonctionnements éventuels de son prestataire ? Et même, est-il bien nécessaire de passer du temps à rencontrer ce prestataire pour lui acheter des serveurs virtuels, alors que ceux-ci sont disponibles ailleurs en à peine quelques clics de souris ?

En réponse Keith Clark rappelle qu’Amazon et Google tombent en panne. Certes, ces géants ont souffert à plusieurs reprises des pannes du réseau électrique de la côte Est des USA, voire d’erreurs humaines dans leurs hangars informatiques. Cela a rendu leurs clouds  indisponibles pendant plusieurs heures. Mais rien ne garantit que les serveurs virtuels de MTI soient mieux protégés contre ce type de pannes. Au mieux, peut-on dire que le cloud de MTI n’a pour l’instant souffert d’aucune panne puisque… son offre de cloud n’en est encore qu’au stade de quelques projets pilotes.

De plus, Amazon et Google ont, chaque fois, restauré les données de leurs clients, sans leur présenter de facture.

Encore de l’infogérance

En réalité, le cloud privé n’est ni plus ni moins que de l’infogérance comme on en fait depuis des décennies, avec ses tarifs à rallonges. La seule différence est que les serveurs sont virtuels. De là à parler de cloud, il n’y avait en fait qu’un pas lexical à oser franchir. Les intégrateurs, de par leur proximité, présentent l’avantage de rassurer des clients qui redoutent encore de partir dans le cloud. Reste à savoir si les clouds privés séduiront toujours les entreprises lorsque l’usage d’un Cloudwatt ou d’un Amazon aura été dédiabolisé.

Fort d’un chiffre d’affaires de 78 millions d’euros en 2012, MTI ambitionne de multiplier rapidement par cinq ses revenus grâce à la commercialisation des services managés.

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