Le digital fait naître de nouveaux types de leaders

Nouveaux comportements de consommation, nouvelle répartition mondiale des puissances économiques, crise sans précédent… Autant de facteurs qui nous obligent à nous réinventer.

Nouveaux comportements de consommation, nouvelle répartition mondiale des puissances économiques, crise sans précédent, autant de facteurs qui obligent notre continent ? la France en particulier ? à se réinventer pour mieux s’adapter. Dans ce contexte turbulent, l’entreprise doit se mettre en position de saisir les opportunités de développement qui se présentent à elle. Pour y parvenir, il est une condition qui ? sans être suffisante ? s’avère nécessaire. Voyons laquelle.

Depuis une dizaine d’années, j’ai l’intime conviction que nous ne pourrons sortir du tumulte actuel qu’avec l’émergence de nouveaux leaders, des talents plus aptes à relever les défis et à redonner du sens à notre action collective. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître à certains, le numérique va les y aider. Une fois la phase d’apprentissage passée, le numérique se révèle être un support idéal dans l’exercice du leadership.

Longtemps, les dirigeants d’entreprise ont considéré l’informatique comme une conséquence de la marche inéluctable du progrès, la cantonnant dans un pré carré de spécialistes recrutés pour faire en sorte que cette discipline ne fasse pas parler d’elle. Qualité du service, contrôle des coûts, telles étaient les priorités. Chacun voulait se concentrer sur les affaires ? rien de plus normal ? sans percevoir les potentiels bienfaits du digital.

C’est sur ce dernier point que tout s’est vraiment accéléré. Déjà, dans les années 80, Michael Porter, professeur au sein de la Harvard Business School, pressentait l’avantage concurrentiel que représentaient les technologies de l’information. Si sa pensée a connu un franc succès à l’époque pour son originalité, dans la réalité, tout était différent. Pourquoi ? Essentiellement en raison de l’incapacité du progrès technologique d’alors à supporter les innovations organisationnelles proposées par l’économiste.

Plus de vingt ans et quelques inventions numériques plus tard ? l’avènement du PC, l’arrivée d’Internet ou, plus récemment, l’émergence du cloud computer ?, les cartes ont été redistribuées. L’informatique est aujourd’hui indissociable des affaires. Un dirigeant “ anumérique ” (réticent à la technologie ? NDLR) ne peut résolument plus prétendre saisir les opportunités du marché et différencier son entreprise de ses concurrents. Plus que jamais, la puissance numérique devient un enjeu central lorsqu’il s’agit d’intégrer de nouvelles sociétés, de conquérir de nouveaux pays, de lancer de nouvelles offres, de protéger les données clients, ou tout simplement de prendre la concurrence de vitesse.

“La technologie favorise l’émergence de nouveaux décideurs”

Le numérique transforme également l’entreprise de l’intérieur en adaptant de façon continue les processus et les outils, apportant aux salariés bien-être et efficience. A distance, en nomade, depuis un micro-ordinateur, une tablette, un smartphone, ou n’importe quel objet numérique, la technologie est désormais un moteur, permettant de favoriser toute forme d’innovation organisationnelle, de réinventer une expérience de travail propice à l’épanouissement personnel.

La technologie étend le champ des possibles, favorisant l’émergence de nouveaux leaders, plus entreprenants et plus créatifs, et invitant les autres à la mutation. Mais en quoi ce leadership se différencie-t-il réellement ? Les époques changent… et avec elles, les dirigeants. Le nouveau manager doit faire preuve d’une formidable capacité d’adaptation face aux nombreuses sollicitations. Il lui faut positionner les bonnes personnes aux bons endroits, libérer les talents, mais aussi créer le lien social entre les individus de son équipe pour favoriser l’échange et la créativité.

Les outils ont indéniablement contribué à accélérer les changements organisationnels, écrasant les structures hiérarchiques pyramidales, mettant chacun à portée de clic. Les relations en ont été profondément modifiées. Le rapport au temps a, lui aussi, évolué. Tout va beaucoup plus vite. Moins de lignes hiérarchiques, un pouvoir plus proche du terrain et des clients, des circuits de décision accélérés ? sans parfois de réelle prise de conscience ?, tout va indiscutablement dans le bon sens.

Dans un monde où l’information est à la portée de tous, où nous devons gérer l’explosion des données, une révolution s’opère simultanément : celle de la connaissance. Afin d’éviter la confusion récurrente entre formation et information, entre connaissances et compétences, le numérique aide à accompagner les collaborateurs sur le chemin de l’apprentissage, à affiner la qualité de la communication et à adapter les organisations afin de les rendre plus flexibles et de libérer les énergies. Le numérique donne au leader une nouvelle capacité de mouvement et en bougeant, il fait également évoluer son équipe.

Si gouverner, c’est prévoir, le numérique est bien le véhicule rêvé pour conduire les adaptations désormais nécessaires, le compagnon indispensable au leader pour tracer de nouvelles routes, redonner un sens à l’action, réinventer constamment de nouvelles façons de travailler et… de vivre. Simplifiant nos vies grâce à des applications appropriées et nos tâches grâce à des outils plus adaptés, le numérique est en train de devenir ? pour peu que nous sachions en maîtriser les écueils ? une formidable source d’optimisme.