Le droit à la réparation est aussi une opportunité économique et technologique

Gouvernance

Le droit à la réparation : pour et surtout par la tech

Par La rédaction, publié le 11 décembre 2024

En imposant aux fabricants de prévoir la demande de pièces détachées, le droit à la réparation engendre une refonte complète des processus industriels, où transparence, maintenance proactive et gestion des cycles de vie deviennent prioritaires. Un enjeu qui allie adoption de nouveaux outils numériques, enjeux règlementaires et opportunités économiques…


De Jean-Roland Brisard, VP solution consulting, Infor


La directive sur le droit à la réparation, entrée en vigueur en juillet dernier, impose aux fabricants de faciliter et de rendre moins coûteuse la réparation de leurs produits. Cela implique une transparence accrue sur les coûts, un accès facilité aux pièces détachées et une durée de vie prolongée des appareils. La liste des catégories de produits concernés inclut pour l’instant des équipements domestiques, comme les lave-linge et les aspirateurs, mais aussi les smartphones et autres matériels informatiques.

Pour s’adapter à ces nouvelles exigences, les fabricants vont devoir repenser leurs procédures de conception et de production, mais aussi leur supply chain. Les changements concerneront notamment le réoutillage des lignes de production, afin de livrer des produits très différents de ceux qui en sortaient jusqu’ici, et la mise en œuvre de centres de réparation ou de modèles de prix de vente basés sur des abonnements, ceci pour dégager de nouvelles sources de revenus.

Dans un secteur manufacturier à forte intensité technologique, ces nouveaux objectifs vont impacter les systèmes informatiques, qu’il s’agisse des outils de conception, des solutions de gestion de stock ou encore des ERP.

Repenser la conception des produits

Comme on le sait, 80 % de l’impact environnemental d’un produit sont déterminés dès la phase de conception. Le droit à la réparation, censé atténuer cet impact, imposera aux fabricants et aux fournisseurs de pièces détachées de collaborer lors de la conception de produits réparables avec des pièces standard.

Un processus de conception type implique un large panel de fonctions et de secteurs. Les logiciels de gestion du cycle de vie (PLM), déjà répandus dans l’électronique, facilitent leur coordination. En réponse à la demande de modes de production durables, ils évoluent aujourd’hui vers de nouvelles fonctionnalités, qui permettent d’évaluer, de faciliter la réparation d’un produit, et d’en prolonger la durée de vie en améliorant les capacités de maintenance.

Pour se conformer aux exigences du droit à la réparation, ces logiciels devront aussi fournir à tous les participants de la chaîne de valeur des informations précises, en temps réel, sur la réparabilité d’un produit, dès les premières étapes de conception.

Des stocks à gérer différemment

En matière de gestion des stocks, les fabricants de produits high-tech et d’électroménager disposent déjà d’un éventail d’options technologiques dans lequel puiser, avec notamment les solutions autonomes, les systèmes ERP et les solutions de gestion des entrepôts.

Mais avec des stocks de plus en plus conséquents à gérer et à écouler tout au long du cycle de vie de chaque produit, le droit à la réparation imposera à ces fabricants de prévoir la demande de pièces détachées et d’optimiser les niveaux de stocks à maintenir. Cela remet en question les principes de production actuels (Juste à Temps, Lean). Les fabricants devront s’efforcer de trouver un juste équilibre et conserver des stocks suffisants, mais raisonnables, de pièces détachées.

Par ailleurs, les capacités de prévision de ces outils de gestion de stock vont trouver avec le droit à la réparation de nouveaux secteurs d’application. Enfin, la localisation optimale de ces stocks pose de nouveaux défis logistiques, nécessitant potentiellement l’introduction d’outils de simulation adaptés à la supply chain.

Des CRM réintégrés dans les ERP

Les logiciels CRM conventionnels suffisent actuellement aux fabricants d’électroménager et de smartphones pour gérer les relations avec les distributeurs et les détaillants. Mais le droit à la réparation complexifie la gestion client en introduisant de nouvelles exigences liées aux modalités de garantie et à la disponibilité des pièces détachées. Les systèmes de support auront ainsi à traiter un certain nombre de fonctionnalités supplémentaires : gestion des retours, facturation, reporting financier, conformité… Et le client final s’attendra à disposer d’un lien avec les fabricants de produits, afin de pouvoir aisément leur retourner les équipements nécessitant le remplacement de certains composants. Les solutions ERP, avec leur approche globale, semblent mieux répondre à ces nouveaux enjeux que les autres types de logiciels de gestion client.

Le choix de l’agilité

Enfin, on notera que les systèmes technologiques sur site, en raison de l’avantage perçu de customisation et de sécurité, sont encore très répandus en Europe notamment. Mais le manque d’agilité qui en résulte, et le temps excessif requis pour réaliser les changements incrémentiels les plus infimes, devraient les encourager à s’intéresser de plus près aux technologies basées dans le cloud – avec les mises à jour instantanées et les temps de déploiement réduits qu’elles offrent. 



À LIRE AUSSI :


À LIRE AUSSI :

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights