« Le très haut débit, un critère essentiel pour la croissance »

Pensez-vous que la crise va toucher le secteur des technologies en Ile-de-France ?
Denis Tersen : Les prévisions mondiales pour 2009 font état d’un très net ralentissement de l’activité principalement pour ce qui concerne le matériel informatique et au contraire d’une progression des logiciels et des services. Donc, comme la plupart des grandes métropoles tournées vers les services et la R&D, l’Ile-de-France est relativement épargnée par la crise actuelle. Cependant, cette dernière oblige à repenser le modèle de développement et de production et aura donc un impact direct pour ceux qui travaillent dans les fonctions de conception, d’ingénierie et de logiciel. Les régions innovantes, telle l’Ile-de-France, vont rester très dynamiques, à l’inverse des régions ou des pays – le Japon, par exemple – qui se sont spécialisés dans l’électronique ou dans le matériel en général.

En quoi la Green IT peut-elle favoriser l’économie de la région ?
Le développement durable dans les technologies de l’information va constituer une priorité de toute l’industrie des services, du logiciel et du matériel. Voilà le lien avec la sortie de crise, car la Green IT permet de faire des économies. Or les entreprises sont à la recherche de modèles plus accessibles en lien avec le développement environnemental. Cette dynamique a déjà commencé. Nous voyons arriver des entreprises et des projets directement liés à cette préoccupation. Développement de solutions de stockage à basse consommation énergétique, smart grids… les applications et innovations dans ce domaine sont innombrables.

Quels en seront les impacts sur l’emploi ?
Tout d’abord, un premier effet se fait sentir sur les métiers. Ces compétences spécifiques constituent une dimension intégrée par les industriels ainsi que par certaines sociétés de services qui vont se développer sur ce type de problématique. Pour l’instant, l’effet n’est pas visible sur la masse des métiers et emplois, mais la compétence va devenir un élément différenciant. Bientôt, les entreprises afficheront une étoile verte sur leur logo et commenceront à s’autodéclarer soucieuses du développement durable. A terme, l’impact économique sera énorme. Il y a aura sûrement un phénomène comme celui qui a lieu autour des ampoules à basse consommation lorsqu’il faudra faire évoluer l’ensemble des parcs informatiques dans une logique écoresponsable. Le marché sera alors très important !

Quels sont les autres domaines de croissance d’activité ?
En Ile-de-France, nous développons une très forte compétence liée aux contenus numériques. Une activité sur laquelle la crise joue un rôle accélérateur. C’est ce que les Américains appellent le « staycation », les vacances à la maison. Jeux vidéo et produits culturels numériques ont un bel avenir. La tendance est mondiale. Lorsque je vais à Londres, ou en Californie, les constats sont similaires. En Ile-de-France, nous sommes particulièrement bien positionnés sur ce marché puisque c’est l’objet du pôle de compétitivité Cap Digital, spécialisé dans le contenu numérique et leader en Europe sur la production cinématographique.

Quels sont les impacts des pôles de compétitivité en termes d’emplois ?
Nous le saurons enfin l’an prochain. Les pôles ont été lancés en 2005 et le cycle de réalisation d’un projet de R&D est de cinq ans. Mais d’ores et déjà, nous savons que les effets réseau et la dynamique des pôles de compétitivité ont permis de maintenir et développer de nombreux emplois. Ce qui d’ailleurs était un des objectifs initiaux. Et cette dynamique n’est pas prête de s’essouffler !