@Work
Les achats se réinventent avec le digital
Par Thierry Parisot, publié le 20 mars 2024
L’édition 2023 du Baromètre de la transformation digitale des directions achats révèle une mutation de la fonction grâce aux dernières technologies numériques. Une meilleure exploitation des données et des technologies d’IA constitue le principal défi.
Fonction devenue stratégique pour maîtriser les dépenses et piloter les risques, les achats ne cessent de gagner en performance, grâce notamment aux solutions digitales auxquelles ils recourent de plus en plus massivement.
Si l’édition 2023 du Baromètre annuel Digital Procurement Success montre qu’il reste du chemin à parcourir, la digitalisation de la fonction connaît une accélération spectaculaire ces dernières années.
Près des deux tiers (63 %) des entreprises auraient aujourd’hui achevé ou entamé cette transformation pour automatiser leurs processus, interagir avec leurs fournisseurs via des plateformes numériques ou encore analyser leurs données (dépenses, performance, etc.). L’autre tiers ? Il regroupe essentiellement des PME ou des ETI, souvent sans fonction achats structurée, ou des grandes entreprises se contentant encore des fonctionnalités transactionnelles (commandes, réception, facturation, etc.) de leur ERP, des logiciels bureautiques et de la messagerie, ou achetant directement sur les sites des fournisseurs ou sur les places de marché.
Aujourd’hui, face aux exigences croissantes (durabilité, devoir de vigilance, etc.) et dans un contexte d’inflation liée aux dernières crises (pandémie, conflits, etc.), mais aussi du fait de l’élargissement de leur rayon d’action à de nouvelles catégories souvent techniques ou complexes, les achats doivent aller plus vite et plus loin dans cette transformation.
Et hors du digital, point de salut, pour neuf répondants sur dix. En plus d’améliorer la couverture de la chaîne de traitement, depuis le sourcing des fournisseurs jusqu’au paiement, et l’adoption des outils par les équipes, les achats veulent aujourd’hui mieux exploiter les données et intégrer les technologies les plus en pointe, à commencer par l’IA.
Objectifs, par ordre de priorité : libérer du temps aux acheteurs ; optimiser les prises de décision ; simplifier les processus ; mieux gérer les risques ; et gagner en interopérabilité transverse avec les autres services de l’entreprise.
« Il s’agit aussi de répondre à l’exigence croissante des règlementations et de s’engager encore davantage dans une démarche de responsabilité sociétale, notamment vis-à-vis des enjeux de décarbonation », commentent les auteurs de l’étude.
Il y a loin de la coupe aux lèvres, cependant. En ce qui concerne les données, seules 28 % des directions achats estiment leur exploitation excellente ou correcte actuellement.
Afin d’améliorer leurs analyses et leurs prises de décision, mais aussi de répondre à des exigences de conformité complexes et en augmentation, la plupart semblent toutefois s’organiser pour développer une culture data driven, notamment en formant les acheteurs aux techniques d’analyse.
Le potentiel de l’IA ? Les répondants en attendent plus une aide sur les tâches chronophages du quotidien qu’un réel copilotage de leurs actions stratégiques, même avec l’arrivée des modèles génératifs. Sept décideurs sur dix (71 %) sont ainsi convaincus que l’IA ne concurrencera pas l’acheteur, mais complètera simplement la panoplie de ses outils digitaux.
« L’intelligence artificielle, l’un des enjeux majeurs de demain »
Point de vue de Jean-Luc Baras,
président du CNA et directeur des achats du groupe Eiffage
« Au-delà du niveau de digitalisation, que l’on peut apprécier différemment selon que l’on voit le verre à moitié vide ou à moitié plein, l’arrivée de l’IA constitue une révolution et un des enjeux majeurs de demain. La fonction achats a pris conscience du potentiel des data entre ses mains et de l’importance de leur mise en conformité et en qualité. Elle dispose maintenant d’une technologie capable de prendre en charge efficacement de nombreuses tâches du processus achats et, surtout, de jouer un rôle stratégique dans l’aide à la décision, en générant toujours plus de valeur. »
À LIRE AUSSI :
À LIRE AUSSI :
