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Les datacenters, piliers invisibles de l’économie numérique française
Par Laurent Delattre, publié le 11 juillet 2024
L’industrie des datacenters en France se révèle être un acteur économique de poids, selon une étude conjointe de France Data Center et EY Parthenon. Ce marché méconnu du grand public mais pas des DSI, pèse environ 5 milliards d’euros par an et croit sept fois plus rapidement que notre économie.
Les DSI le savent bien, la France est une terre de datacenters, même si le grand public l’ignore. Porté par sa position centrale en Europe, son énergie massivement décarbonée, sa très haute connectivité, ses compétences techniques internationalement reconnues et le dynamisme de ses startups, l’Hexagone voit se multiplier les datacenters.
Selon le second baromètre France Datacenter et EY Parthenon 2024, la filière des datacenters a généré en 2023 plus de 3,4 milliards d’euros de valeur ajoutée directe. À ces retombées directes s’ajoutent 1,6 milliard d’euros de retombées indirectes et induites, bénéficiant à tous les secteurs de l’économie française. Soit au total, 5 milliards d’euros de valeur ajoutée.
La filière des datacenters bénéficie ainsi d’une croissance 7 fois plus soutenue que le reste de l’économie française.
Et cette croissance n’est pas prête de s’arrêter selon les dirigeants interrogés par EY, portée par l’essor de l’intelligence artificielle générative qui joue désormais un rôle moteur dans cette expansion. Les modèles d’IA nécessitent en effet des infrastructures colossales, gourmandes en puissance de calcul et en stockage.
Selon les dirigeants de datacenters interrogés par France Datacenter et EY, 74% affirment prévoir de nouveaux investissements dans les 3 prochaines années. Le secteur est en pleine croissance et l’IA générative lui impose de mettre le pied à l’accélérateur.
Cependant, le revers de la médaille est environnemental. La consommation énergétique des datacenters pèse de plus en plus lourd dans le bilan carbone national. L’enquête anticipe +64% de croissance de la puissance moyenne par datacenter entre 2024 et 2026. Elle évalue à 1GW le supplément de demande liée à l’IA générative d’ici 10 ans, soit une croissance annuelle moyenne de la puissance installée de 13% à 14%.
Une lueur d’espoir vient toutefois de l’amélioration continue de l’efficacité énergétique. Le PUE (Power Usage Effectiveness) moyen est passé de 1,67 en 2021 à 1,59 aujourd’hui. Chaque dixième gagné représente un défi technique considérable, mais aussi un progrès significatif pour la planète.
Des initiatives innovantes voient le jour, comme la réutilisation de la chaleur produite pour chauffer des bâtiments ou des piscines. Ces synergies entre datacenters et collectivités locales ouvrent la voie à une meilleure intégration de ces infrastructures dans leur environnement.
Des pôles d’attractivité
L’étude s’intéresse aussi à l’impact sociétal et territorial de ces datacenters. Deux pôles majeurs se distinguent : l’Île-de-France, qui concentre près de la moitié de l’activité IT du pays, et Marseille, point d’atterrissage de nombreux câbles sous-marins. Ces hubs se classent respectivement aux 4ème et 7ème rangs mondiaux, preuve du dynamisme français dans ce domaine.
Parallèlement, la filière des datacenters a créé 28 000 emplois directs, répartis entre opérateurs et prestataires directs. Mais elle génèrerait également 1,5 emploi indirect pour chaque emploi direct.
Sans surprise, l’étude révèle que les difficultés de recrutement sont la principale préoccupation des dirigeants de la filière pour l’année à venir, largement devant les coûts de l’énergie ou des matières premières.
L’avenir s’annonce prometteur mais exigeant pour l’industrie française des datacenters. Entre croissance économique et impératifs écologiques, le secteur devra continuer à innover pour rester compétitif tout en réduisant son empreinte carbone. Un défi de taille à l’heure où l’IA générative promet de faire exploser les besoins en puissance de calcul.
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