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Les développeurs doivent-ils abandonner les approches agiles ?
Par Jacques Cheminat, publié le 18 juin 2018
Un des pionniers de la méthode agile préconise aux développeurs de l’abandonner ou plus exactement de pas mal l’utiliser.
Les développeurs ont, semble-t-il, du vague à l’âme par rapport à la méthode agile. Ron Jeffries s’en fait l’écho dans un article sur son blog au titre éloquent, « les développeurs devraient abandonner la méthode agile ». La position est radicale, mais elle n’est pas prononcée par n’importe qui, Ron Jeffries est un l’un des créateurs de Extreme Programming (XP) et un signataire du Manifeste Agile en 2001.
Pour lui, il ne fait aucun doute que les méthodes agiles se développent en entreprise. Il salue les efforts notamment de la Scrum Alliance et de la certification Scrum master. Une disposition qui a permis à des centaines, voire des milliers de spécialistes des méthodes agiles à voir le jour. Un moyen aussi pour des méthodes concurrentes de se créer et se répandre. Pour le plus grand bénéfice des organisations.
Mais cet apport n’est pas partagé par tout le monde et en particulier pour les développeurs. Ron Jeffries constate depuis plusieurs années l’abattement des développeurs sur les méthodes agiles. « Ils les considèrent comme nuls, souvent d’ailleurs, ils estiment que Scrum est nul car leur entreprise utilise Scrum pour l’agilité », écrit le spécialiste. Il se souvient d’avoir prodiguer des conseils pour remettre les développeurs dans le droit chemin et de respecter les principes du manifeste Agile. Las, ils ont préféré se tourner vers ce que Ron Jeffries appelle, « le faux agile » ou le « dark agile ». Des dérives qui ont aggravé la vie des développeurs plutôt qu’à l’améliorer.
Ainsi, le bloggeur liste les problèmes, « l’adoption d’une méthode agile entraîne souvent des interférences avec le développeur, moins de temps pour travailler, pression plus forte et exigence d’aller très vite ». Au final, « c’est mauvais pour les développeurs et pour l’entreprise ». Cette dernière en implémentant mal l’agilité va en perdre les bénéfices, alors que les développeurs risquent de partir vers des organisations plus efficientes dans l’agilité.
Un abandon non, plutôt un détachement
Après un réquisitoire accablant, la sentence de Ron Jeffries est sans appel, « les développeurs devraient abandonner l’agile ». Pourtant, ce propos lapidaire est rapidement nuancé, car Ron Jeffries ne se fait pas d’illusion, « les développeurs continueront à travailler avec Scrum ou dans des entreprises s’appuyant sur SAFe, voir avec des approches plus obscures comme DAD (Disciplined Agile Delivery), « Modern Agile » et « Heart of Agile » ». Il n’oublie pas sa propre chapelle avec Extreme Programming rebaptisé pour l’occasion « The Scrum That Actually Work » (le Scrum qui fonctionne actuellement).
Ron Jeffries plaide pour un détachement des développeurs à ces différentes approches et de revenir aux fondamentaux du manifeste Agile. « Ils devraient porter leur attention et apprendre à développer des logiciels qui fonctionneront dans l’une de ces méthodes », souligne le spécialiste. Il ne reste donc plus qu’à relire le manifeste et l’appliquer à la lettre.