Les entreprises comblent leur manque de compétences IA en se tournant vers les freelances

RH

Les freelances profitent de l’engouement autour de l’IA

Par Xavier Biseul, publié le 28 juin 2024

La pénurie de compétences, tout particulièrement dans le domaine de l’IA générative, conduit à un recours accru aux experts indépendants. Leurs tarifs augmentent en conséquence.

La multiplication des projets faisant appel à l’intelligence artificielle fait des heureux : les freelances. Confrontées à une pénurie de compétences en interne comme sur le marché de l’emploi, et appréhendant parfois difficilement les enjeux de cette révolution, les entreprises se tournent massivement vers les experts indépendants. Car ces ressources externes leur apportent non seulement leur savoir-faire, mais peuvent aussi, par transfert de compétences, acculturer les équipes en place.

Aussi, après un premier appel d’air avec la période post Covid, les besoins en IA sont tels qu’ils font sauter leurs dernières réticences (perte de contrôle, pérennité de la relation, risques juridiques) à se tourner vers le freelancing.

Selon une étude de Malt, plateforme d’intermédiation, la demande croît beaucoup plus vite que l’offre. En France, les missions en IA ont augmenté de 42 % entre 2022 et 2024, tandis que le nombre de freelances experts du domaine progressait de 28 % sur la même période.

Et l’essor de l’IA générative se confirme avec une explosion des missions proposées (+ 300 % en deux ans).

NLP et computer vision en pointe

Les projets portent, bien sûr, sur les grands modèles de langages (LLM) et les modèles de type Transformer.

Deux spécialités profitent du développement de l’« IA Gen » : le traitement du langage naturel (NLP) et la vision par ordinateur (computer vision).

Du côté de l’offre, les freelances se positionnent sur la technique dite retrieval-augmented generation (RAG) qui consiste à optimiser les résultats d’un LLM en l’entraînant sur une base de connaissances interne.

Si l’on zoome cette fois sur les fonctions occupées par ces freelances, les demandes en plus forte hausses portent sur les métiers de data scientist (39 %) et de data engineer (23 %). Les entreprises recherchent aussi des profils multidisciplinaires et 40 % des indépendants en IA se présentent d’ailleurs comme des multi-spécialistes.

Le besoin de compétences liées aux solutions dédiées dans les clouds des hyperscalers – AWS, Microsoft Azure, Google Cloud – est aussi en forte hausse (+ 128 %).
De même que les missions de conseil et de formation en IA (+ 88 %), qui croissent plus vite que l’offre (+ 32 %). Les prestations liées à la gouvernance, la sécurité et l’éthique connaissent également un pic très élevé.

L’étude de Malt note que les projets d’IA sont plus longs – 69 % durent plus d’un mois, contre 37 % pour la moyenne des projets tech et data –, plus intenses – 80 % nécessitent un engagement à temps plein, contre 67 % – et requièrent une plus grande expertise – 31 % des projets d’ingénierie d’IA exigent un niveau « expert », contre 26 %.

Plus de 500 € par jour

Ce niveau d’expertise et la rareté des profils se paient. Les ingénieurs en IA affichent des tarifs un quart plus élevés que la moyenne des freelances IT. En progression régulière ces dernières années, leur taux journalier moyen (TJM) dépasse les 500 €, soit 100 € de plus que la population tech et data dans son ensemble.

La montée en puissance de l’IA générative peut être à double tranchant. Aux États-Unis, une étude de l’Université de Washington à Saint-Louis notait une réduction de 2 % des offres et une baisse de 5 % des revenus des freelances dans leur ensemble depuis l’avènement de ChatGPT et consorts. Les rédacteurs SEO, les graphistes et les traducteurs sont notamment pénalisés par cette nouvelle concurrence.

Dans l’IT, les rémunérations des missions aisément automatisables, de type conception de site web, révision de code et tests, pourraient être aussi revues à la baisse.



À LIRE AUSSI :

À LIRE AUSSI :

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights