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Les limites des licences libres dans le cloud computing

Par La rédaction, publié le 16 février 2011

Le cloud computing fait de grandes promesses, mais il introduit également de nouveaux dangers.

Richard Stallman, fondateur du mouvement du logiciel libre, déclarait récemment dans les colonnes du Guardian : Le “cloud computing” est un piège. Il est vrai que le cloud computing fait de grandes promesses, mais il introduit également de nouveaux dangers. Le premier tient au contrôle des données, qui se trouvent maintenant chez les fournisseurs. Le second, plus spécifique au logiciel libre, est celui que je compte exposer aujourd’hui.

Pour commencer, rappelons qu’une grande partie de la dynamique du logiciel libre vient du fait qu’on doit le plus souvent distribuer le code source en même temps que le logiciel. C’est du moins ce qu’exige la licence GNU GPL, qui est la plus répandue et qui a été justement corédigée par le même Richard Stallman. Là où le bât blesse, c’est que, avec le cloud computing, les fournisseurs ne distribuent plus les logiciels : ils les hébergent. Du coup, le code ne circule plus, ce qui veut dire que les améliorations apportées au logiciel ne sont plus partagées.

Vu comme cela, le cloud computing est bien un piège. Mais la communauté du libre a des ressources pour s’attaquer à ce problème. Tout d’abord grâce à une variante de la licence GPL destinée aux logiciels serveurs, l’Affero GPL V3. Celle-ci est très proche de la GNU GPL mais prévoit que, en cas de modification du code, l’hébergeur du service doit publier ses modifications. La limite de la démarche, c’est que les logiciels libres sont sous licence GPL V2 ou V3, mais pas Affero GPL V3. Passer sous cette dernière licence est souvent très coûteux en temps, car il faut obtenir l’accord de tous les contributeurs, qui peuvent se compter par centaines voire par milliers. On comprend bien que cette méthode est plutôt destinée aux nouveaux projets.

Par ailleurs, un document, le ‘ Franklin Street Statement ‘, a été publié pour encadrer ces pratiques. Il recommande bien sûr l’utilisation de la licence Affero GPL V3 quand c’est possible, mais il précise aussi que les utilisateurs doivent se méfier des services en ligne et préférer l’utilisation de serveurs dont ils ont le contrôle… justement pour éviter de perdre la main sur les données.

Et vous, chers lecteurs, qu’imaginez-vous comme solution pour concilier la protection des données et la flexibilité du cloud computing ? Une extension du navigateur qui garde une copie locale ? L’obligation pour les services de proposer une exportation des données dans un format ouvert ? Ou bien le confort du cloud computing vaut-t-il que l’on néglige la sécurité des données ?

Tristan Nitot

Tristan Nitot est une personnalité emblématique du monde de l’open source. Il est le fondateur et actuel président de Mozilla Europe, connu pour son navigateur Web, Firefox. Il est également l’un des initiateurs du projet de documentation libre Openweb.eu.org, qui vise à promouvoir les standards du Web et son accessibilité en vue de le rendre utilisable par tous.

Tristan Nitot, qui a mené une partie de sa carrière chez Netscape, anime également un blog depuis 2002 sur Standblog.org.

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