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Les profils informatiques à l’ère digitale:Toutes les entreprises sont devenues technologiques
Par La rédaction, publié le 27 avril 2015
Antoine Gourévitch Directeur associé senior, The Boston Consulting Group Paris
Il y a deux ans, Xavier Niel créait l’École 42 pour former des développeurs. En novembre dernier, le Chef de l’État déclarait vouloir mettre en place des cours de code informatique dans les écoles. La question des compétences informatiques à l’ère digitale est devenue un sujet crucial.
Toutes les entreprises sont aujourd’hui devenues technologiques, quel que soit leur secteur d’activité. La quasi-totalité des industries dépendent en effet d’une manière ou d’une autre des logiciels. Conception de produits, analyse de données, pilotage de sites, gestion de la relation client, etc., les logiciels sont devenus incontournables. En conséquence, les experts informatiques développeurs, codeurs, experts en sécurité sont indispensables à la réussite des groupes.
Aux États-Unis, deux exemples illustrent cette évolution. Les dirigeants de Ford Motor ont déclaré que les fonctions les plus déterminantes en interne concernaient les logiciels et l’ingénierie de systèmes. L’entreprise entre ainsi en concurrence directe avec ses partenaires technologiques dans la course aux talents. Autre exemple, la Chevrolet Volt utilise 10 millions de lignes de code, soit 2 millions de plus que l’avion de combat F-35. Ce niveau de sophistication des logiciels est davantage devenu la règle que l’exception aujourd’hui.
De nombreux dirigeants d’entreprises se demandent de plus en plus qui écrit ces lignes de codes et comment accéder à ces talents.
Pour mieux appréhender ces nouveaux enjeux, le Boston Consulting Group a réalisé une étude ( Code Wa rs : The All-Industry Competition for Software Talen t) sur les besoins des sociétés aux États-Unis en matière d’experts informatiques. Nous avons décou- vert qu’il existait un déséquilibre croissant entre les off res d’emplois informatiques et les pro fi ls capables d’y répondre. Trois facteurs expliquent cette situa- tion. D’une part les lignes de codes continuent à se multiplier. L’émergence de l’Internet industriel, de la connectivité entre les machines, du cloud et du désir toujours plus grand des consommateurs pour plus de connexions mobiles ont conduit, ces dernières années, à une utilisation de plus en plus répandue des appli- cations. De nouvelles technologies fortement consommatrices de logi- ciels, l’impression 3D, l’Internet des objets et la robotique par exemple, sont inventées tous les jours et co- habitent avec des technologies plus anciennes, comme l’automatisation de la paie, qui continuent à évoluer.
D’autre part, les logiciels deviennent un élément de différenciation clé pour les entreprises, quel que soit leur secteur. Ceux-ci permettent d’améliorer la conception des produits, de réduire les coûts, de raccourcir les délais de développement, d’améliorer la rapidité et la flexibilité. Les programmes de fidélité client, à titre d’exemple, sont gérés par des logiciels. La valeur générée par le big data n’est possible qu’en raison de la technologie logicielle sous-jacente.
Enfin, les bons innovateurs utilisent de plus en plus la propriété intellectuelle, y compris dans le domaine du logiciel, comme moyen d’établir un avantage sur le marché. Le maintien de la propriété exclusive d’un produit ou d’un processus est également une stratégie défensive importante. La multiplication de litiges récents autour de brevets et de ventes de brevets, particulièrement dans les secteurs de la technologie et des télécommunications, a clairement établi que l’innovation dépend, en partie, de la propriété d’une idée.
Alors que le numérique s’étend à tous les secteurs, il devient donc urgent de développer des talents formés à tous les types de langages informatiques. Pour les entreprises, il s’agit de recruter les meilleurs profils… et surtout de les garder.