DOSSIERS

Les SSII, des handicapées de l’insertion

Par La rédaction, publié le 09 octobre 2009

Le 5 octobre se tenait la Journée mondiale du handicap. L’occasion de rappeler que les sociétés de services font figure de cancre de l’insertion professionnelle des personnes handicapées.

Le handicap constitue certainement le facteur le plus discriminant dans l’informatique. Avec 0,58 % de personnes handicapées dans leurs rangs, les entreprises du secteur restent très loin du quota de 6 % que doivent légalement réserver les sociétés de plus de 20 salariés. A titre de comparaison, le taux d’emploi moyen, tous secteurs confondus, s’élève à 2,9 %. Ces chiffres, issus d’une récente étude du cabinet Ariane Conseil pour le compte de l’Opiiec (l’Observatoire paritaire des métiers de l’ingénierie, de l’informatique, des études et du conseil), montrent que la profession n’a pas encore pris le problème à bras le corps.

Et ce en dépit du renforcement des obligations introduit par la loi du 11 février 2005, qui incite les entreprises à conclure un accord ou à signer une convention avec l’Agefiph. Ce qu’ont fait récemment Atos Origin Infogérance ou Steria, des SSII qui rejoignent des constructeurs historiquement engagés comme IBM, Bull ou Thalès, affichant des taux d’emploi proche 4 %.

Un vivier de candidats éligibles restreint

A la décharge des sociétés de services, on note une grave pénurie de candidats qualifiés. « Avec seulement 0,8 % d’étudiants handicapés dans le supérieur, difficile de respecter les fameux 6 % », fait observer Fabrice Losson, directeur du recrutement et de la responsabilité sociale d’entreprise (RSE) de Logica. La SSII arrive à la fin de son premier accord triennal. Sur cette période, elle aura embauché une soixante de personnes handicapées, en deçà de son objectif initial de 80 recrutements. Son taux d’emploi devrait néanmoins atteindre 1 % contre 0,2 % initialement.

Pour le prochain accord, Fabrice Losson compte élargir le périmètre du sourcing au-delà du profil type, en organisant une formation longue de quatre à six mois, en collaboration avec un organisme public. Capgemini en propose déjà, à destination des bac + 2. La SSII s’appuie pour cela sur le Centre de rééducation professionnelle (CRP) de Mulhouse pour sa filiale Sogeti.

Plus généralement, et afin d’éviter une foire d’empoigne entre SSII sur le vivier restreint des candidats, Fabrice Losson plaide en faveur d’une approche globale qui pourrait se faire au niveau de Syntec informatique. En attendant, des sites dédiés se chargent de regrouper les offres d’emploi. A l’image de Hanploi, créé il y a quatre ans avec 10 entreprises partenaires, dont Capgemini, IBM et Dassault Systèmes, et qui compte actuellement 146 offres dans la fonction informatique.

L’autre frein est psychologique. L’inconscient collectif renvoie fréquemment l’image des handicaps lourds, nécessitant une canne blanche ou un fauteuil roulant, alors que seules 10 % des personnes handicapées ont besoin d’un aménagement de leur poste de travail. Cette fausse image est encore plus préjudiciable en SSII où, au jugement des collaborateurs en interne, s’ajoute celui du client dans le cadre d’un détachement en régie.

Ce qui expliquerait la faible reconnaissance du handicap par les intéressés eux-mêmes. « On estime que pour quatre travailleurs handicapés reconnus, deux personnes supplémentaires pourraient se déclarer mais ne font pas la démarche. Si c’était le cas, les taux d’emploi augmenteraient mécaniquement de 50 % », évalue Eric Matarasso, directeur associé des Quatre Vents, agence spécialisée en communication et marketing RH. Ainsi, l’exemple vient malheureusement toujours du haut, on citera ce cadre malvoyant, dirigeant de SSII, qui ne s’est pas déclaré.

La faiblesse psychologique de certains salariés, qui les conduit à des situations de burn-out, voire de suicides, pourrait aussi être reconnue comme handicap léger, et prise en charge comme tel. A condition que le salarié accepte et reconnaisse cet état de fait.

Pour se confronter au handicap et le dédramatiser, l’équipe RSE de Logica a organisé un match de basket avec une équipe en fauteuil, conduite par Ryad Sallem, champion handisport. Un geste concret qui vaut bien des actions de communication institutionnelle.

Vous pourrez retrouver notre dossier complet sur la diversité dans le secteur IT dans le n°2012 de 01 Informatique du jeudi 22 octobre en version papier ou dans son édition électronique.

 

Les PME pourraient voir leur contribution tripler en 2010

Avec le durcissement des pénalités introduit par la loi du 11 février 2005, la contribution versée par les entreprises informatiques pourrait augmenter de 60 % pour atteindre 40 millions d’euros en 2010, selon l’étude d’Ariane Conseil. Les 47 % d’entreprises informatiques – des PME – qui n’employaient aucun salarié handicapé au moment de l’enquête, pourraient voir leur contribution Agefiph tripler en 2010 si elles n’interviennent pas d’ici la fin de l’année.

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