Data / IA
L’IA générative dans l’écosystème numérique français : entre maturité et transformation
Par Laurent Delattre, publié le 02 décembre 2024
Le dernier livre blanc de Numeum sur l’intégration de l’IA générative (IAG ou GenAI) dans les entreprises de services numériques (ESN) et les éditeurs de logiciels dévoile un secteur à un tournant stratégique. Entre adoption rapide et défis structurels, cette technologie catalyse une transformation en profondeur des pratiques, des offres et des modèles économiques.
2023 a été l’année de l’adoption de l’IA générative dans les entreprises. 2024 a été celle de la naissance des agents IA qui combinent les talents de compréhension et d’expression de la GenAI avec des algorithmes lui permettant d’agir (au lieu de se contenter de discuter).
Dans la foulée de son classement annuel des ESN, Numeum publie un livre blanc assorti d’une étude sur l’adoption des technologies d’IA générative dans les ESN et chez les éditeurs. Cet ouvrage s’intéresse aux stratégies d’offres conduites par les entreprises pour intégrer et commercialiser les produits et services liés à l’intelligence artificielle générative tout en s’interrogeant sur l’impact effectif auprès de la clientèle.
“Il est important de libérer notre potentiel d’innovation pour éviter tout décrochage. Il est donc crucial d’innover afin d’accélérer l’usage de l’intelligence artificielle, y compris générative et ainsi éviter toute relégation dans des domaines technologiques clés. Le numérique donne le pouvoir de renforcer la compétitivité de nos entreprises. Nous devons collectivement saisir cette chance unique dans tous les secteurs d’activité” rappelle en introduction Véronique Torner, Présidente de Numeum.
L’étude, menée auprès de 165 entreprises du secteur, montre une réelle dynamique d’adoption : 80 % des organisations ont intégré l’IAG dans leurs processus internes, et 73 % ont déjà amélioré leurs offres grâce à cette technologie. En outre, 69% des répondants estiment avoir réalisé des gains de productivité grâce à ces technologies GenAI et 40% estiment avoir optimisé leurs processus internes grâce à elles. Ces chiffres reflètent une transition où l’IAG passe du stade expérimental à une véritable opportunité de croissance. Cependant, des défis subsistent : 48 % des entreprises pointent un manque de moyens humains et de compétences comme frein principal à une adoption encore plus large.
C’est d’autant plus important que, comme le rappelle Grégory Wintrebet, Président du Bureau Technologies de Numeum, les éditeurs et les ESN ont aussi pour rôle “d’éclairer les usages permis par l’IA et les déployer auprès des entreprises et des services publics. Nous avons un rôle majeur de ‘promoteur technologique’ au sein de l’ensemble de la société qui permet à nos clients de bénéficier de ces innovations, de garder le contrôle de leurs systèmes d’information et la souveraineté de leurs données“.
Transformation des métiers et des usages
Selon le livre blanc publié par Numeum, l’impact de l’IAG se fait particulièrement sentir dans six métiers clés : les développeurs, les fonctions RH, le marketing, le juridique, la finance et le design graphique. Par exemple, l’IA générative simplifie la gestion documentaire et accélère les processus de recrutement, tout en réinventant la création de contenu et l’analyse de données.
Le livre blanc identifie également dix cas d’usage incontournables, à commencer par les Chatbots et assistants virtuels (désormais essentiels dans les services client), l’automatisation de la comptabilité (qui permet de traiter factures et écritures comptables plus efficacement) et l’analyse documentaire et knowledge management (facilitant la gestion de corpus complexes dans des secteurs comme la santé).
Un levier pour la durabilité et l’éthique
Avec 52 % des entreprises ayant déjà pris en compte les enjeux environnementaux et 76 % engagées dans des démarches éthiques, l’IAG s’inscrit dans une dynamique de responsabilité, alors même que parallèlement nombreuses sont les voix qui s’indignent des consommations énergétiques des datacenters IA et d’une priorité donnée à l’innovation IA au détriment des efforts de réduction des émissions carbone du numérique.
Le livre blanc rappelle néanmoins que des efforts sont faits pour optimiser les algorithmes, pour privilégier les modèles compacts et spécialisés, et pour utiliser l’IA afin de trouver de nouvelles solutions plus éco-responsables. Des initiatives comme “Ethical AI” ou encore l’optimisation énergétique des modèles d’IA traduisent une volonté de concilier innovation et durabilité que Numeum considère comme réelle. D’autant que le rapport rappelle que selon IDC, “d’ici 2026, 50 % des appels d’offres incluront des métriques spécifiques à l’impact environnemental des services ou produits proposés“.
Le livre blanc souligne également le rôle croissant des modèles open source, adoptés par 53 % des répondants, pour renforcer l’innovation et encourager une IA “frugale”. Ces approches participent non seulement à une réduction de l’empreinte écologique et à une meilleure accessibilité des technologies mais également à l’adoption d’un IA plus transparente et éthique.
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Former et acculturer pour réussir la transition
La transformation numérique passe également par la formation et l’acculturation des équipes. À ce titre, 80 % des entreprises ont engagé des initiatives pour monter en compétence, allant de la certification au mentoring. Par exemple, Inetum a formé 75 % de ses collaborateurs à l’utilisation de la GenAI, illustrant la nécessité d’une intégration humaine et progressive des outils technologiques.
Ce processus d’acculturation s’accompagne aussi d’une évangélisation auprès des clients, notamment pour les aider à passer de projets exploratoires à des solutions opérationnelles à grande échelle.
Bien que l’IAG ouvre des perspectives prometteuses pour les ESN et les éditeurs de logiciels, le marché français est encore en phase de maturation. La gestion des licences, l’intégration dans des infrastructures existantes et l’accompagnement des utilisateurs restent des défis largement pointés dans le livre blanc qui insiste par ailleurs sur la nécessité de standardiser les pratiques et de prioriser des usages à forte valeur ajoutée pour pérenniser cette transformation.
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