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L’IoT : d’un enjeu technologique à un enjeu métier pour l’industrie ferroviaire
Par La rédaction, publié le 05 novembre 2020
Bien trop de projets IoT ne dépassent pas le stade du POC. Car ces projets sont encore trop perçus comme des défis techniques, que les métiers n’y sont pas suffisamment impliqués et que les bonnes pratiques sont méconnues et mal maîtrisées. Exemples dans le domaine de l’industrie ferroviaire…
par Samir Djenboudi, directeur associé, TNP
et Amina Ladjici Paturel, manager, TNP
Dans l’industrie des transports, encore trop de projets IoT voient leurs délais exploser à cause du temps passé sur les choix technologiques. Depuis le positionnement des géants de la technologie sur l’IoT, le choix technologique ne doit plus être un sujet d’investigation à coup de tests et de POC, trop consommateurs en temps et en budget.
Le focus doit rester sur le métier et les bénéfices à en tirer parmi lesquels la réduction des incidents et l’amélioration des processus, de l’expérience utilisateur, etc.
Pourquoi l’IoT n’est plus vraiment un projet technologique ?
Plusieurs travaux de normalisation ont été menés par la Commission électronique internationale (IEC) et l’ISO. Le résultat de ces travaux a donné naissance à la norme ISO/IEC 3014, établie en 2018, permettant de rendre la question technologique globalement résolue et fournissant des directives claires et normées pour réaliser des architectures IoT plus efficaces, sûres, résilientes et sécurisées.
De plus, des acteurs mondiaux des nouvelles technologies ont investi sur un modèle dans lequel la plateforme IoT réalise le cœur des opérations technologiques. Un “core model” a été construit autour des géants technologiques comme AWS ou Microsoft sur lesquels se fondent plus de 50% des projets. Il répond à l’essentiel des besoins des projets standards.
La naissance de leaders sur ce marché offre plusieurs bénéfices sur lesquels il faut savoir capitaliser :
– Des entreprises solides qui ne risquent pas de disparaitre : Pépite de l’IoT Valley, Intesens a déposé le bilan en 2020, malgré des investissements importants de la part de grandes entreprises ferroviaires. Intesens n’est jamais parvenue à déployer un projet à l’échelle après plusieurs POC et ce pour des raisons non liées à la technique.
– Un phénomène d’entrainement, avec une augmentation des projets IOT et des investissements, des compétences de plus en plus développées chez les intégrateurs et par conséquent des coûts en diminution.
– La naissance d’une communauté de “sachants” qui partagent leurs retours d’expérience.
– Un investissement financier réel pouvant bénéficier à d’autres projets IT.
Quels sont les freins à la réussite des projets IoT ?
Outre les aspects de choix technologiques qui ont pour effet de faire perdre de vue l’objectif final, d’autres blocages liés à l’organisation enlisent les projets IoT au stade de « test and learn ».
Pour rappel, les projets IOT ont deux grands enjeux majeurs :
1- Optimiser les processus existants (mesure des processus, vision fine des incidents, calcul et anticipation) ;
2- Inventer des nouveaux processus.
On constate aujourd’hui une stagnation à l’étape de prototypage qui empêche une mise à l’échelle.
Les projets IoT ne sont pas pensés comme des projets métiers mais comme des projets d’infrastructures. Les responsables de l’infrastructure, garant de l’intégrité technique sont les parties prenantes majeures de ces projets. On retrouve plus souvent des profils DSI, CDO et autres responsables d’innovation à la tête des projets IoT que des profils métiers.
Le coût perçu pour une infrastructure est élevé s’il n’est pas comparé à un bénéfice métier. Le risque lié à ce manque de considération pour la vision métier dans les projets IoT pourrait être résumé par cette phrase : “Si on calcule le retour sur investissement qu’à la fin de la construction de la voie, on n’investit pas et les trains ne circuleront pas“.
On assiste au même scénario que pour les projets RFID, où le calcul de ROI ne prenait pas en compte la ventilation du coût de l’infrastructure sur l’ensemble des projets mais uniquement sur le tout premier. Prenons l’exemple de l’entreprise Décathlon, qui a investi plusieurs dizaines de millions dans son premier projet RFID en intégrant le coût de l’infrastructure à tous les projets qui ont suivi. Ce fonctionnement a eu pour conséquence de lisser le coût de l’infrastructure sur les projets suivants avec des bénéfices plus importants.
Comment parvenir à mettre un projet IoT industriel à l’échelle ?
Pour éviter de rester à la première étape de mesure des processus, voici un résumé des bonnes pratiques :
* Mettre le responsable métier au centre d’un projet IoT pour sécuriser le fonctionnement et assurer une pérennité sur le long terme.
* Éviter d’investir du temps de projet dans un choix technologique alors qu’il s’agit d’un projet métier.
* S’appuyer sur les géants technologiques qui proposent des solutions éprouvées
* Mettre l’accent sur la gestion de projet, la planification et en particulier la conduite du changement.
* Calculer le ROI d’un projet IoT en prenant en compte le coût de l’infrastructure sur l’ensemble des projets IoT et pas uniquement le premier.