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Maitriser la fin de vie de son matériel IT
Par Marie Varandat, publié le 15 juin 2020
Sous couvert de se protéger des risques de récupération de données, beaucoup d’entreprises privilégient encore la destruction et le recyclage en bloc de leur matériel informatique plutôt que d’adopter des stratégies de réemploi, plus respectueuses de l’environnement.
Par Marie Varandat
La préservation des ressources de la planète fait désormais partie de la plupart des stratégies RSE des entreprises… ou elle devrait en faire partie. Dans cette perspective, la gestion du matériel obsolète constitue un axe de travail d’autant plus important que les matériaux utilisés pour concevoir nos smartphones, tablettes et autres écrans se font de plus en plus rares. Certains pourraient même être épuisés dans quelques années si le rythme de fabrication de nouveaux équipements IT continue de s’accélérer.
Privilégier le réemploi plutôt que le recyclage
Pour limiter l’empreinte environnementale du numérique et adopter une attitude responsable vis-à-vis des ressources de notre planète, de plus en plus d’entreprises mettent en place des stratégies de recyclage et de réemploi de leur matériel obsolète, sans réellement faire de distinction entre ces deux approches.
Or, comme le souligne le Club GreenIT dans une étude d’impacts consacrée au réemploi : « À chaque fois que l’on double la durée de vie d’un ordinateur, de 4 à 8 ans, en lui donnant une seconde vie, on évite la fabrication d’un nouvel ordinateur. On évite ainsi l’émission de 473 kg de gaz à effet de serre, la consommation de 3 508 d’eau douce, la fabrication de 1 kg de plastique et l’extraction de 1,5 kg de minerais ».
Progressivement, une filière du réemploi s’organise en France autour d’acteurs intermédiaires qui rachètent, reconditionnent puis commercialisent des parcs informatiques d’entreprises ou de reconditionneurs et réparateurs de l’économie circulaire qui misent sur les dons des entreprises pour lutter contre la fracture numérique.
Dans les deux cas, l’objectif est clairement de remettre sur le marché un matériel opérationnel, une approche plus intéressante du point de vue environnemental que le recyclage ou la destruction d’équipements qui la plupart du temps sont encore fonctionnels.
Au passage, la revente d’un parc informatique à un reconditionneur peut non seulement être une source de revenus mais aussi permettre à l’entreprise d’échapper à la taxe Agefiph en remplissant ses obligations légales dans le domaine de l’emploi de travailleurs handicapés en s’adressant à des acteurs de l’économie sociale et solidaire.
Un manque évident de connaissances
Malgré les avantages économiques, sociétaux et environnementaux du réemploi, plus de 50 millions de tonnes de déchets IT sont encore aujourd’hui produits chaque année selon le World Economic Forum (WEF) et la coalition des Nations Unies E-waste. Un chiffre en augmentation constante et qui trouve son explication dans une étude menée par Blancco, éditeur spécialisé dans les solutions d’effacement de données sur le matériel informatique et électronique.
Réalisée auprès de 1850 responsables d’entreprises de plus de 5000 salariés dans tous les secteurs à travers le monde, elle montre en effet que beaucoup d’entreprises sont encore persuadées que la destruction du matériel informatique est la solution à tous leurs problèmes.
Plus d’un tiers (39%) estiment que c’est même la meilleure solution pour la planète tandis que 52% pensent ainsi mieux protéger les données résiduelles présentes sur les équipements d’éventuels reconditionneurs malintentionnés. Le constat est d’autant plus alarmant que 91% de ces mêmes entreprises indiquent intégrer cette politique de gestion des déchets informatiques dans leur politique RSE. Dit autrement, elles ont tout faux !
Des alternatives plus responsables
La destruction pure est simple n’est en effet jamais la solution souligne l’étude. À l’heure où les entreprises confient tout ou partie de leur système d’information à des prestataires de cloud et autres hébergeurs à travers le monde, trouver un reconditionneur digne de confiance ne devrait pas relever de l’impossible estiment tout d’abord les auteurs de l’étude.
Parallèlement, un équipement informatique est composé d’éléments électroniques fabriqués avec des matériaux rares qui peuvent être récupérés sans mettre en danger la sécurité des entreprises. Autrement dit, un recyclage éclairé reste préférable à la destruction.
Enfin, si les légendes urbaines font état de récupération de données sur des disques formatés plusieurs fois, l’opération est loin d’être à la portée du tout-venant. De plus, il existe des technologies qui rendent la récupération totalement impossible précisent encore les auteurs de l’étude. Elles passent notamment par des techniques consistant à réécrire sur les données existantes pour les rendre illisibles.
Bien entendu, à travers cette étude Blancco prêche pour sa paroisse. Mais face aux enjeux sociétaux et environnementaux soulevés par la gestion des déchets informatiques, on peut aisément l’absoudre de défendre une position qui suppose une stratégie plus éclairée de la part des entreprises. Ces dernières optent encore beaucoup trop pour des destructions irraisonnées ou des recyclages en masse sans distinction entre les composants présentant un éventuel danger pour leur sécurité et ceux qui pourraient faire l’objet d’une réutilisation. D’autant que les destructions massives d’équipements IT finissent aujourd’hui très souvent en Afrique, illégalement bien entendu, où ils sont démantelés à prix bas avec des matériaux nocifs disséminés qui polluent la nature. Un autre aspect de la destruction qui peut difficilement s’expliquer dans une politique RSE où le R de RSE est pleinement assumé.
Chaque semaine, retrouvez sur ITforBusiness.fr un nouvel épisode de notre série « RSE & GREEN IT » :
Episode 1 : Mesurer l’empreinte environnementale du numérique Episode 2 : Une IT plus responsable grâce à l’écoconception Episode 3 : Embarquer les utilisateurs dans une démarche Green IT Episode 4 : Green IT, une source d’économies et d’innovation Episode 5 : Stratégie GreenIT : Bien peser le choix du matériel Episode 6 : Maitriser la fin de vie de son matériel IT