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Microsoft accuse Google de mener une campagne de désinformation en Europe
Par Laurent Delattre, publié le 30 octobre 2024
Dans un billet de blog signé par Rima Alaily, directrice juridique adjointe de Microsoft, l’éditeur accuse Google d’orchestrer secrètement une campagne de désinformation et « d’astroturfing » présumée visant à le discréditer auprès des autorités réglementaires européennes et des entreprises européennes.
Depuis des années, Microsoft et Google sont engagés dans un bras de fer autour de la portabilité des licences du premier sur le cloud du second. Google dénonce depuis des années une « Taxe Microsoft » qui empêche les entreprises qui choisissent un autre cloud qu’Azure de porter leurs licences Windows Server et Office 365 sans surcoût.
Google a ainsi alerté les organisations antitrust américaines, britanniques et européennes contre de telles pratiques jugées anticoncurrentielles.
Mais cette semaine, la dispute a pris une nouvelle tournure et est montée d’un cran.
Google pas d’accord avec le CISPE
En réalité, toute l’histoire part de l’accord signé entre Microsoft et les opérateurs de cloud européens regroupés au sein du CISPE. En juillet dernier, le CISPE a en effet trouvé un arrangement avec l’éditeur américain qui s’est engagé à assouplir sa politique (portabilité des licences, accès à Windows 11 multisession, gratuité des ESU), livrer une version spéciale d’Azure Stack HCI et indemniser les membres du CISPE contre l’abandon des poursuites en Europe et le retrait de la plainte.
Google avait pourtant tout tenté pour qu’un tel accord aboutisse. En désespoir de cause, la firme dirigée par Sundar Pichai, avait en septembre officiellement déposé une plainte antitrust auprès des autorités européennes. Une plainte officielle qui faisait suite à une lettre de réclamation envoyée à la CMA britannique et une autre envoyée à la FTC américaine.
Pour Microsoft, Google dépasse les bornes
Cette semaine, Microsoft accuse Google d’aller beaucoup plus loin, et en réalité trop loin, dépassant les cadres éthiques voire légaux. Selon Microsoft, Google aurait engagé une agence de lobbying européenne pour créer et gérer l’Open Cloud Coalition, une organisation qui se présente comme un groupement indépendant de fournisseurs de services cloud défendant une industrie “équitable, compétitive et ouverte” au Royaume-Uni et dans l’UE. Microsoft affirme que Google a délibérément masqué son implication, son financement et son contrôle de cette organisation, recrutant quelques fournisseurs européens de cloud comme façade publique.
Et Microsoft de rappeler que Google n’est pas en meilleure position en matière de pratiques anticoncurrentielles : Google fait actuellement l’objet d’au moins 24 enquêtes antitrust à travers le monde, notamment une enquête du Département américain de la Justice qui pourrait aboutir à un démantèlement de l’entreprise. Et Microsoft de suggérer au passage – mais de façon bien peu crédible – que cette campagne de désinformation, voire de discrédit, vise aussi à détourner l’attention des problèmes réglementaires de Google en attaquant ses concurrents.
Sans surprise, Google a rapidement réagi et rejeté ces accusations. L’entreprise souligne avoir toujours été transparente dans ses critiques des pratiques de Microsoft concernant les licences cloud, estimant que ces dernières « verrouillent les clients et créent des effets négatifs sur la cybersécurité, l’innovation et le choix ».
Quoiqu’il en soit, les politiques Microsoft ne semblent pas vraiment freiner la croissance de Google Cloud, division désormais très rentable du groupe Alphabet. Au troisième trimestre 2024, alors qu’IBM dénonce une baisse des investissements IT des entreprises, Google Cloud a réalisé un CA trimestriel de plus de 11 milliards de dollars en croissance de 35% (par rapport à Q3-2023).
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