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Microsoft dévoile les contours de Windows 10X
Par Laurent Delattre, publié le 13 février 2020
On en sait un peu plus sur Windows 10X, la nouvelle déclinaison de Windows 10 conçue pour les appareils mobiles double écran ou à écran pliable. Un système qui pose surtout les fondations des futures évolutions de Windows…
À l’occasion d’une conférence en ligne dédiée aux développeurs et à la création d’apps pour Surface Neo, Surface Duo et autres appareils mobiles à double écran ou à écran pliable, Microsoft a levé une partie du mystère qui entoure Windows 10X, la nouvelle version de Windows pensée pour cette nouvelle génération de devices imaginés pour une ultra-productivité nomade.
Nouvel OS pour nouveaux devices…
Et comme on le devinait au peu d’informations qui avaient jusqu’ici filtré, Windows 10X est bien plus évolutionnaire que son nom ne le laisse penser. Il s’agit bel et bien d’un tout nouveau Windows aux fondations assez différentes de celles de l’actuel Windows 10.
Après plusieurs années passées à rendre Windows plus compact, plus modulaire, plus universel, plus sécurisé, plus mobile, plus économe, bref plus moderne et après différentes tentatives plutôt ratées dénommées « Windows RT » ou encore « Windows 10 S », Microsoft tente une nouvelle approche.
Relativement en silence, Windows 10 a beaucoup évolué dans ses fondations depuis sa sortie. Y ont été ajoutés notamment le support des containers Windows, des containers UWP, des containers MSIX ainsi que le support de Linux via WSL (Windows Sub-system for Linux) en version 1 puis en version 2. En outre, la dernière déclinaison « 2004 » bénéficie de l’ultime travail de modularisation du noyau connu sous le nom de WCOS (Windows Core OS).
Un futur entièrement containerisé
Windows 10X s’appuie sur WCOS mais exécute toutes les applications sous forme de container.
Autrement dit, le cœur du système lui-même est en quelque sorte en mode « read only » ce qui le rend forcément beaucoup plus sécurisé et immunisé contre tous les malwares Windows actuels. Ce qui le rend également plus facile à mettre à jour. Les grandes mises à jour bi-annuelles devraient ainsi s’installer en moins de 90 secondes selon Microsoft. Et les mises à jour mensuelles devraient engendrer notablement moins de redémarrage.
La grande originalité de Windows 10X est de placer tout l’univers historique « Win32 » avec sa registry, son bureau ancestral et ses logiciels de bureau (Win32 Exe, WinForms, Electron, WPF, …) dans un unique container. La technologie employée est assez similaire à celle utilisée pour le support des Linux sous WSL 2.
Windows 10X supporte également les applications containerisées au format MSIX. Elles sont elles aussi hébergées comme des ilots dans le « container Win32 ».
Enfin, Windows 10X supporte une troisième génération de containers, les « Native Containers » qui sont en réalité la dernière itération des Apps UWP. Chaque app UWP évolue dans son propre container. Les apps UWP sont beaucoup moins consommatrices d’énergie et de ressources que les anciennes applications Windows. Elles offrent aussi des contrôles bien plus avancés sur la sécurité et sur la confidentialité.
Avec Windows 10X, et grâce à cette containerisation, les applications (y compris MSIX et UWP) pourront être distribuées sans passer par le Windows Store tout en offrant les mêmes garanties de sécurité et d’authenticité que le Windows Store.
Un Windows très compatible mais pas à 100%
Le système devrait offrir un bon niveau de compatibilité avec les applications Windows historiques mais avec quelques limitations. Le système de containerisation rend Windows 10X incompatible avec les applications qui installent leurs propres pilotes et notamment les antivirus (mais ces derniers n’ont plus la même utilité sur un tel OS). En outre, pour économiser l’énergie, Windows 10X peut « suspendre » le « container Win32 », mais certaines applications Win32 travaillant fortement en tâche de fond et qui ignorent tout de ce mécanisme pourraient s’en retrouver perturbées.
En outre, le système est conçu pour la nouvelle génération de processeurs Intel qui mixent des cœurs différents : des cœurs performants pour les tâches de premier plan, et des cœurs économes pour les tâches de fond ou les applications peu exigeantes. A priori, seuls les containers UWP (Native Containers) seront capables de choisir les cœurs sur lesquels ils s’exécutent.
Comme en témoigne le graphique ci-contre, les applications du « Container Win32 » apparaissent sur le device (et interagissent avec le clavier, la souris, le stylet et l’écran tactile) par le biais d’un client RDP optimisé et hautement performant n’offrant quasiment aucune latence. Une solution assez similaire à ce que Microsoft propose pour accéder à des VMs sous Hyper-V.
D’ailleurs, au-delà de cet usage très atypique de RDP, Microsoft semble vouloir également privilégier sur cet OS l’exécution d’applications historiques en « remote » au travers de VDI ou de DaaS (offres Desktop App as a Service) par le biais du protocole RDP (qui rappelons-le permet l’exécution à distance directement des applications sans afficher de bureau). Les applications ainsi exécutées à distance seront affichées au travers d’un client UWP (donc containerisé) similaire au « Proxy App » utilisé pour accéder aux applications du « Container Win32 ». Une solution qui permet également de contourner les quelques cas d’incompatibilités évoqués plus haut sans impacter ni la sécurité du système ni les besoins d’économiser ressources et énergies.
De nouvelles expériences utilisateur
Windows 10X proposera un nouveau bureau épuré (sans Wintray et avec une barre des tâches repensées), un nouveau menu Démarrer, un nouveau gestionnaire de fichiers. Son ergonomie est spécialement pensée pour des appareils à double écran de petite taille. Dès lors, les applications s’afficheront toujours en plein écran (soit sur les 2 écrans, soit avec 1 app sur chaque écran). Mais un nouveau mécanisme appelé « Windows WonderBar » permettra un travail multitâche et d’autres formes de jonglage entre applications plus adaptées que le multifenêtrage.
Microsoft n’a rien dévoilé d’autre sur le système. On ignore donc notamment s’il sera capable de rejoindre des domaines ActiveDirectory ou s’il devra/pourra s’administrer comme un terminal mobile (avec Microsoft Intune par exemple).
De même, Microsoft n’a encore précisé si Windows 10X se cantonnerait à cette nouvelle génération d’appareils mobiles double écran ou si un futur plus étendu l’attend. Certaines rumeurs laissent à penser que le système est destiné à animer la future Xbox X Series, les prochaines Surface Hub ainsi que les Hololens.
On ignore également si Microsoft compte le décliner sur processeurs ARM.
Enfin, il faudra encore attendre l’apparition des premières machines pour se rendre compte de l’impact que cette conception « 100% containers » aura sur les performances des applications Win32. En attendant, les développeurs et les curieux peuvent expérimenter une préversion du système à travers l’émulateur proposé gratuitement par Microsoft.
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Pour en savoir plus:
Microsoft 365 Developer Day : Dual Screen Experiences