Les autorités des marchés s'inquiètent des pratiques "acqui-hire" d'Amazon et Microsoft

Data / IA

Microsoft et Amazon scrutés pour leurs dernières acquisitions IA

Par Laurent Delattre, publié le 17 juillet 2024

Depuis près d’un an, les autorités de la concurrence scrutent chaque rapprochement entre les startups de l’IA et les géants de la Tech. Microsoft est à nouveau visée par la CMA britannique pour sa nouvelle division IA et Amazon par la FTC américaine pour son deal avec Adept.

Depuis près d’un an et les investissements massifs de Microsoft dans OpenAI, les autorités antitrust américaines et européennes s’inquiètent très ouvertement des liens étroits qui existent entre les géants de la Tech et les startups de l’IA.
Chaque deal (Microsoft avec OpenAI et Mistral AI, AWS avec Anthropic notamment) déclenche des enquêtes pour ou moins officielles.

Ces derniers mois, la Commission européenne, mais aussi la CMA britannique et la FTC américaine n’ont cessé de jeter un regard de plus en plus inquiet sur les investisseurs des startups de l’IA. Au point que les géants de la Tech essayent d’adapter leurs stratégies, Amazon en diversifiant ses soutiens et en développant ses propres IA, Google en se concentrant sur ses propres technologies Gemini et Microsoft en créant sa toute nouvelle entité « Microsoft AI ».

Et justement, cette toute nouvelle entité Microsoft est dans le collimateur de la CMA britannique. Cette division a en effet été créée en débauchant l’essentiel du staff de la startup Inflection, co-fondée par Mustafa Suleyman (ex de Deepmind) devenu dans le même temps le patron de la division « Microsoft AI ».

La technique du “Acqui-Hire” en question

Selon Reuters, Microsoft (qui n’a jamais officiellement détaillé l’accord financier) a accepté de verser à Inflection environ 650 millions de dollars. Le deal lui aurait ouvert l’accès aux modèles d’IA de la jeune pousse et aurait permis à cette dernière de rembourser ses investisseurs, parmi lesquels l’ancien PDG de Google, Eric Schmidt, et un certain… Bill Gates.
L’autorité britannique de la concurrence et des marchés a annoncé ouvrir une enquête afin de déterminer si cette manœuvre n’était pas une fusion déguisée et si elle pouvait entraîner une diminution de la concurrence dans le secteur de l’intelligence artificielle.
Microsoft a réagi par la voix d’un porte-parole qui a expliqué que « l’embauche de talents favorise la concurrence et ne devrait pas être traitée comme une fusion ».

De l’autre côté de l’Atlantique, c’est Amazon qui se voit également sous le coup d’une enquête informelle de la FTC pour des raisons finalement assez similaires. En juin dernier, Amazon annonçait l’embauche de plusieurs talents de la startup Adept (dont David Luan, le CEO d’Adept) et l’acquisition de licences de ses technologies IA et de ses jeux de données.

D’une manière générale, les autorités de surveillance des marchés semblent désormais s’inquiéter de cette nouvelle tendance désignée sous le nom de « Acqui-Hire » (“acqui-embauche”) consistant à embaucher plutôt qu’officiellement acquérir. Au-delà de cette pratique douteuse pour échapper aux règles antitrust, les autorités voient dans ces grandes manœuvres autour des startups de l’IA, une volonté de façonner ce nouveau marché dans leur propre intérêt et au détriment de toute concurrence.


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